« Inaptocratie : un système de gouvernement où les moins capables de gouverner sont élus par les moins capables de produire et où les autres membres de la société les moins aptes à subvenir à eux-mêmes ou à réussir, sont récompensés par des biens et des services qui ont été payés par la confiscation de la richesse et du travail d’un nombre de producteurs en diminution continuelle ».
Un de nos lecteurs a eu la gentillesse de nous envoyer cette définition (et nous l’en remercions) d’un mot inventé par Jean d’Ormesson.
« Je serais ravi si vous arriviez à placer cette définition dans un de vos articles », conclut notre lecteur.
En fait, la difficulté n’est pas tant de parvenir à la placer… que de s’empêcher de la citer à tout bout de champ, tant elle convient à la situation ! Des zombies de Bill Bonner à l’état de la France en passant par la Grèce, les Etats-Unis et… eh bien… à peu près tous les pays développés du monde, l’inaptocratie semble être le régime de choix en ce début de deuxième décennie du XXIe siècle.
Et ça ne donne pas signe de changer, avec par exemple l' »accord sans accord » passé aux Etats-Unis sur la falaise fiscale — comme le disait Bill Bonner hier, les politiciens « viennent de prouver que — au pied du mur, au bord de la falaise — ils tomberont toujours d’accord sur les moyens de continuer à dépenser ».
▪ Mais pourquoi est-ce ça changerait, après tout ? Les investisseurs sont rassurés, les marchés se sont repris, la boucle des profits aveugles et basés sur de l’air continue de tourner. Philippe Béchade en a trouvé une parfaite illustration en la personne de Gérard Sannier, d’Aurel BGC :
« Il pronostique un CAC 40 à 4 000 d’ici mars et 4 500 points (pourquoi pas ?) d’ici la fin de l’année », expliquait Philippe dans son article. « Nous ne sommes peut-être pas d’accord à 100% avec son pronostic mais au moins, il ne se complaît pas dans le consensus mou (3 800/3 900 d’ici le prochain débat sur la réduction du déficit américain). Surtout, il joint le geste à la parole : selon lui c’est haussier et cela va le rester, alors il achète résolument depuis plusieurs semaines ».
« C’est un risque que nous n’avons pas pris et nous l’assumons », poursuit Philippe. « La multiplication des flash krachs […] sur une série de valeurs du SBF 120 nous a dissuadé de tenter de rapides allers-retours alors que le CAC 40 débordait les 3 550 points dans des volumes sans cesse plus étriqués ».
« […] Pour tenter une analogie bien de saison, nous hésitons à nous aventurer hors piste alors que des quantités considérables de neige se sont accumulées depuis sept semaines au sommet des crêtes et que la température reste largement supérieure à zéro ».
▪ Une autre de nos rédactrices exhorte à la prudence en ce début d’année — Simone Wapler s’inquiétait vendredi dans Protection & Rendements de ce qui pourrait attendre la France au tournant en 2013 :
« Est-ce une prémice d’une annus horribilis ? Voilà que les taux redressent la tête en cette fin d’année. En décembre 2012, l’OAT à 10 ans se plaçait en moyenne à 2,0103%. Un record absolu de faiblesse. Mais voici que le 31 décembre, cette même OAT se place à 2,2465% et que le 2 janvier 2013, c’est quand même 2,07%, signe que la fièvre n’est pas retombée. A surveiller comme le lait sur le feu ».
« La plus grande menace est fiscale. Nous avons un gouvernement dispendieux qui pense que c’est bien de prendre plus à ceux qui ont plus, pour paraphraser les voeux du président Hollande. Donc, vous allez être heureux car vous anticipez des gains boursiers, mais lorsque vous les réaliserez, vous serez malheureux car on vous les prendra. Et ne vous avisez pas de vouloir partir ailleurs avec votre argent, c’est très vilain. Comme on ne peut pas vous trépaner pour savoir si vous partez pour échapper à l’impôt ou simplement pour la quête de biens intrinsèques, le gouvernement rêve d’une taxation sur la nationalité ».
« Plus sérieusement, 2013 sera une année charnière, avec effectivement deux votes très importants pour l’euro et l’Union européenne : en Italie et en Allemagne. Ensuite, il est très probable que nous aurons des déconvenues sur ce qu’il est convenu d’appeler ‘croissance’. Cela n’empêchera pas les bonnes entreprises de gagner de l’argent, mais ce sera certainement beaucoup plus difficile et encore plus difficile qu’en 2012 ».
« Mais en 2013, plus encore qu’en 2012, c’est la répression financière qu’il faudra surveiller car celle-ci frappera fort et il faudra donc être performant pour ne pas perdre d’argent ».
Et nous nous efforcerons de vous y aider durant toute cette année — que je vous souhaite d’ailleurs prospère, heureuse et sereine. La santé avant tout, dit rituellement ma grand-mère à l’heure des embrassades du réveillon. C’est bien vrai — et j’y rajoute la santé financière !
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora