Biden et Trump ont démontré qu’ils ne comprennent toujours pas l’économie.
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Le peuple américain a cette année le grand plaisir de devoir choisir entre élire Joe Biden ou Donald Trump au poste de président.
A l’approche des élections, les deux candidats se sont affrontés lors d’un premier débat télévisé. Beaucoup de choses ont été dites sur la performance bancale du président Biden, ainsi que sur les déclarations de l’ancien président Trump concernant l’élection de 2020.
En revanche, leurs commentaires sur l’économie et le commerce international ont reçu nettement moins d’attention. Les deux présidents ont dépensé des milliers de milliards de dollars dans des divers programmes étatiques, augmenté massivement la dette publique et mené des politiques protectionnistes.
Lors du débat, ils se sont lancés dans une course au mieux-disant, débattant de qui a été le plus protectionniste et de qui est le plus intervenu pour fixer les prix sur le marché. Il est nécessaire de faire abstraction de leurs performances oratoires et d’examiner de plus près le fond de leurs déclarations sur l’économie.
Au début du débat, Biden a réaffirmé son soutien au plafonnement des loyers et sa volonté de combattre ce qu’il appelle « la cupidité des entreprises ». Attribuer les conditions économiques actuelles à la soi-disant cupidité des entreprises est un thème récurrent des discours du président. La plupart des gens estiment, à juste titre, que les entreprises existent avant tout dans le but de créer de la richesse pour ses actionnaires. De ce fait, il est parfaitement illogique de penser que les entreprises seraient dans leur ensemble moins cupides une année, mais beaucoup plus cupides l’année suivante.
La hausse soudaine de l’inflation ne peut pas être simplement le résultat d’une décision arbitraire des entreprises d’augmenter brutalement leurs prix, la réaction du marché empêcherait les entreprises d’augmenter leurs prix au-delà de ce que le consommateur peut supporter.
D’autre part, ce genre de déclarations met en évidence une méconnaissance fondamentale de la nature de l’inflation. L’inflation est en réalité une expansion de la masse monétaire en circulation et du crédit dans l’économie, la hausse des prix des biens et des services en est l’une des conséquences. Le fait est que la masse monétaire a considérablement augmenté au cours de la crise de 2020 et n’est pas revenue par la suite à ses niveaux d’avant crise.
Blâmer les entreprises pour la hausse des prix n’est rien d’autre qu’une tentative pathétique de Biden d’en rejeter la responsabilité.
Une augmentation massive de la masse monétaire et du crédit s’est produite en 2020 sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier a affirmé que l’économie était florissante lorsqu’il était aux affaires, mais évidemment le problème c’est que les Américains vivaient alors dans une bulle. Le niveau des taux d’intérêt, qui étaient alors maintenus artificiellement bas, a envoyé le mauvais signal aux agents économiques, encourageant un surinvestissement et une augmentation générale des prix. En plus de cette politique de taux bas, Trump a fait passer plusieurs programmes de relance budgétaire dispendieux, augmentant ainsi la masse monétaire et le déficit du gouvernement fédéral. Son programme d’allégement des impôts, combiné à une augmentation des dépenses fédérales et à une réduction des taux d’intérêt a créé une bulle économique artificielle de courte durée, laissant au président Biden le soin d’en gérer le contrecoup.
Les grands programmes étatiques mis en oeuvre par le président Biden n’ont certainement pas aidé à lutter contre l’inflation et un certain nombre de ses mesures ont probablement eu l’effet exactement inverse.
Même si les effets bénéfiques d’un plafonnement des prix ou de la mise en place de subventions étaient démontrés, ce qui n’est pas le cas, de telles mesures ne seraient certainement pas suffisantes pour aider l’américain moyen à faire face à l’inflation en 2024. L’expansion continue de la masse monétaire et des déficits fédéraux constitue le véritable problème auquel il faut s’attaquer, ce qui nécessiterait une réduction significative des dépenses fédérales.
Mais la seule solution que propose systématiquement Biden à chaque problème économique consiste à demander aux plus riches de payer davantage d’impôts. Outre le fait que l’Etat est toujours moins efficace dans l’emploi des ressources que les agents économiques dans le secteur privé, les riches sont déjà largement mis à contribution. Les foyers fiscaux qui appartiennent au 1% des contribuables les plus fortunés paieront presque un tiers de leurs revenus en impôts en 2024. Taxer les plus productifs n’est certainement pas une solution à long terme aux problèmes économiques de l’Amérique et à l’alourdissement de la dette.
Les deux candidats sont tombés d’accord sur l’idée que les politiques économiques protectionnistes seraient bénéfiques pour les Américains. Ils ne peuvent pas se tromper davantage. Lorsqu’un journaliste a demandé à Trump si l’alourdissement des taxes douanières ne risquaient pas de faire monter les prix, Trump n’a pas hésité à affirmer que ce ne serait pas le cas. C’est manifestement faux.
Les Etats-Unis n’ont aucun moyen d’imposer des taxes à un autre pays, une nouvelle augmentation des tarifs douaniers serait donc nécessairement répercutée sur les prix des matières premières et marchandises importés par les entreprises, qui à leur tour répercuteront naturellement ce surcoût aux consommateurs et réduiront leurs effectifs. Au lieu de proposer une alternative aux politiques protectionnistes catastrophiques de Trump, Biden en a au contraire rajouté une couche en faisant de la Chine un épouvantail à l’origine de tous les maux de l’économie américaine.
Aucun des deux candidats n’a abordé correctement les problèmes économiques graves auxquels les Américains sont confrontés. Les seuls éléments positifs de la politique économique du président Trump étaient sa volonté de mieux valoriser les ressources énergétiques américaines, par exemple en autorisant la construction de l’oléoduc Keystone XL, ainsi que sa décision de retirer les États-Unis de l’accord de Paris sur le climat, un accord économiquement désastreux. Plutôt que de tenir un discours de vérité aux électeurs américains, les deux candidats n’ont fait que répéter des sophismes économiques tout en se chamaillant pour savoir qui est le meilleur golfeur, alors même que les américains continuent de se faire dépouiller par cet impôt sournois qu’est l’inflation, et que la charge de la dette ne cesse de s’alourdir.
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.