La Chronique Agora

Bénédiction ou malédiction ? (1/2)

investissement

Les bonnes et mauvaises nouvelles se succèdent dans l’actualité économique et politique. Mais l’important est de déterminer lesquelles vont affecter la santé de vos investissements.

Certains amis citent parfois cette ancienne expression d’origine chinoise : « Puissiez-vous vivre durant une époque intéressante. » Puis ils marquent une pause avant d’ajouter rapidement : « Cela n’a rien de bienveillant. C’est une malédiction. »

Evidemment, l’intention n’est ni bienveillante ni malveillante : c’est un point de vue ironique sur l’actualité. Mais quoi qu’il en soit, nous vivons certes une époque très intéressante.

Et c’est difficile, pour les investisseurs.

D’un côté, on peut énumérer toute une série de bonnes nouvelles, comme une croissance économique positive, un chômage peu élevé, des taux d’intérêt bas, des plus-values immobilières importantes, une vigueur du dollar et une baisse des nouveaux cas de contamination, sur le front de la pandémie.

Et d’un autre côté, on peut énumérer une longue liste de mauvaises nouvelles, notamment l’humiliation des Etats-Unis en Afghanistan, une frontière hors de contrôle au sud du pays, la baisse de la participation à la main-d’œuvre, un effondrement de marché et un ralentissement de la croissance en Chine, et des tensions qui s’intensifient avec l’Iran, la Corée du Nord et la Russie.

Les actions ont atteint de nouveaux plus hauts sur de nombreux marchés, surtout aux Etats-Unis. Certes. Cependant, ces niveaux élevés se fondent sur des anticipations de future croissance qui sont exagérées.

En fait, l’économie américaine ralentit rapidement, et ce ralentissement est encore plus manifeste en Chine.

On pourrait facilement continuer à énumérer les bonnes et les mauvaises nouvelles.

Et c’est toute la question.

Le ciel nous tombe-t-il sur la tête ?

La plupart des analystes choisissent leur camp puis clament que tout va bien ou que le ciel va nous tomber sur la tête. On ne peut reprocher aux investisseurs d’être, au mieux, perturbés ou, au pire, profondément contrariés, par ces deux visions.

« C’est l’un ou c’est l’autre ? » s’interrogent-ils.

De toute évidence, si le scénario des bonnes nouvelles représentait la tendance dominante, il serait facile d’investir. On achèterait des actions, de l’immobilier et des obligations d’entreprises. On appliquerait un effet de levier, puis il n’y aurait plus qu’à attendre.

De même, si le scénario des mauvaises nouvelles représentait la tendance dominante, il serait facile d’investir. On achèterait des bons du Trésor et de l’or, on allègerait les compartiments actions, on réduirait l’effet de levier et on renforcerait les compartiments liquidités. Ensuite, il faudrait laisser passer la tempête et revenir sur le marché pour y faire de bonnes affaires, une fois que les choses se seraient calmées.

Bien entendu, investir n’est jamais aussi facile. Il faut prendre les données telles qu’elles arrivent et les replacer dans un contexte plus large.

Cela ne suffit pas, de se contenter de choisir son camp au sein du débat « croissance contre ralentissement », et de clamer son opinion dans le micro le plus proche. Cette approche est bonne pour les amateurs et les chroniqueurs TV.

Une autre approche, plus rigoureuse, consiste à se demander pourquoi des données conflictuelles apparaissent, ce qu’elles disent réellement et, plus important, à toutes les intégrer dans un seul modèle dynamique afin de déterminer quelle tendance dominera à moyen et long terme, la période qui intéresse vraiment les investisseurs.

Considérons certaines mauvaises nouvelles…

L’humiliation en Afghanistan

L’humiliation subie par les Etats-Unis, en août 2021, a été presque totale.

Nous avons capitulé en Afghanistan, abandonné des citoyens américains derrière les lignes ennemies, remis pour 90 Mds$ d’armement high-tech à des terroristes, et perdu dans des conditions tragiques 13 marines, ces militaires tués lors d’un attentat terroriste que nous aurions dû voir arriver.

Les bourdes de nos dirigeants américains sont encore pires qu’une parodie. Nous avons fermé une base aérienne sécurisée (Bagram) pour nous appuyer sur un aéroport non sécurisé, trop proche de Kaboul pour pouvoir le contrôler. Nous avons d’abord évacué les militaires et laissé les civils derrières, alors que n’importe quel novice sait très bien que l’on doit d’abord évacuer les civils, puis les militaires en dernier.

A la suite du fiasco en Afghanistan, on a appris que le général quatre étoiles Mark Milley – chef d’état-major des armées des Etats-Unis – avait commis une trahison, en gros, juste avant l’élection présidentielle de 2020, et à nouveau après l’émeute du 6 janvier 2021 au Capitole. Le terme est fort, je m’en rends compte.

Mais il l’a fait en sapant la chaîne de commandement et en avertissant son homologue chinois que les Etats-Unis n’allaient pas attaquer. Il a également dit qu’il avertirait les Chinois à l’avance si on les attaquait. Ce n’est pas son rôle.

Les choses peuvent-elles être pires ? Malheureusement, oui.

C’est ce que nous verrons demain…

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