La Chronique Agora

BCE : plus on échoue, plus on continue !

« La folie, c’est de se comporter de la même manière et attendre un résultat différent », aurait dit Albert Einstein. Visiblement, la BCE n’a pas été mise au courant…

La BCE a décidé jeudi comme attendu de sortir le grand jeu monétaire, en baissant l’un de ses taux et en relançant ses rachats nets de dette.

La BCE nous prie de bien vouloir considérer que les mesures qu’elle nous annonce sont des stimulus de la croissance et de l’inflation. Bien entendu, c’est un vœu pieux ; la relance qu’elle nous propose pour la nième fois n’est rien d’autre que la reconnaissance… des échecs précédents.

S’il faut recommencer, nous dit la sagesse, c’est parce que l’on n’a pas réussi. Ce nième stimulus n’en est pas un — c’est l’aveu que de stimulus, il n’y a point ! La boîte à outils du célèbre Mario est vide. Tout comme celle de Lagarde, qui a échoué lamentablement et dans les grandes largeurs, personne ne le dit, en Argentine.

Les soi-disant stimulus n’échouent pas parce qu’on n’en a pas fait assez, non ! Ils échouent parce qu’on n’a rien fait du tout : on frappe à côté de la plaque, on met des cautères sur des jambes de bois.

La monnaie zombie l’emporte sur la monnaie vivante

Le fait de faire semblant d’y croire et de le dire n’y changera rien. La politique monétaire non-conventionnelle n’a de monétaire que le nom, elle ne créée pas de monnaie vivante, elle crée une monnaie zombie, mort-née. C’est une pure incantation.

La preuve ? Aussi bien Mario que Lagarde appellent au secours, ils demandent que les politiques budgétaires soient mises en œuvre. Après avoir lutté contre les déficits, ils en veulent, ils en redemandent. J’ai toujours dit qu’Emmanuel Macron combattait la dernière guerre, c’est un attardé comme ses sponsors du MEDEF ; il en est resté à vouloir réduire les déficits, le pauvre !

La BCE en est réduite à mendier un peu de dépenses budgétaire de l’Allemagne et des Pays-Bas pour sauver la face.

Pas de reprise en vue

Le moteur mondial est grippé, sans reprise envisageable, et ce ne sont pas quelques milliards fantômes gaspillés par l’Allemagne qui vont y changer quoi que ce soit.

Les banques allemandes et françaises en première ligne

La mesure phare – et sans doute la plus controversée – porte sur la réactivation des rachats de dette publique et privée, à raison de 20 Mds€ par mois à compter du 1er novembre pour une période indéterminée, financés par de la « création de monnaie ».

Cette soi-disant arme anti-crise, baptisée QE pour « quantitative easing », a déjà été déployée entre mars 2015 et fin 2018 sans grande efficacité. Au total, 2 600 Mds€ ont ainsi été déversés sur les marchés.

La BCE a aussi annoncé l’abaissement du taux de dépôt frappant les liquidités excédentaires des banques, déjà négatif depuis 2014, pour le porter de -0,40% à -0,50%. La mesure était attendue.

L’idée est de créer des excès de trésorerie et ensuite de dissuader les banques de laisser ces excès de trésorerie en compte à la BCE, pour les encourager plutôt à les prêter aux ménages et aux entreprises.

Le taux de refinancement, qui permet aux banques de se financer sur une semaine, a lui été maintenu à 0%, son niveau le plus bas où il campe depuis trois ans.

Toutefois, « une partie des liquidités » ne seront pas soumises aux taux négatifs afin de compenser leurs effets négatifs sur les banques.

Par ce biais, la BCE cherchera à réduire les pressions sur les comptes des banques, estimées à environ 7,5 Mds€ en 2018 et principalement supportées par les banques allemandes et françaises.

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