La Chronique Agora

Le bazar ambiant s’étend

inflation, krach, récession

Cinq tendances majeures convergent pour faire de 2023 un spectacle exceptionnel.

Nous l’expliquions hier de la plus simple des manières. C’était facile à comprendre.

La Fed accroît la masse monétaire et les prix augmentent. La Fed diminue la masse monétaire et les prix baissent.

Mais ce n’est pas aussi simple, n’est-ce pas ?

Le mot « bazar » vient à l’esprit. Il décrit la bande d’incompétents notoires et de calamités entrelacées à laquelle nous sommes confrontés. Comme une canalisation d’égout alimentant une fosse septique, la dégénérescence de ce ramassis d’incompétents engendre un appauvrissement du langage.

Oui, le langage évolue au fil du temps, avec son temps. Par exemple, le sens de l’expression « ne luttez pas contre la Fed » a évolué. De 1982 à 2021, c’était une instruction à suivre pour gagner de l’argent. Désormais, c’est un avertissement à respecter pour ne pas en perdre. Le temps de la hausse des prix alimentée par les injections d’argent facile de la Fed est révolu. Désormais, la masse monétaire reflue et les prix baissent.

Des vagabonds sans but

Mais il y a d’autres choses plus importantes qui se passent en coulisses. On peut commencer par l’élection douloureuse, et pourtant comique sous certains aspects, de Kevin McCarthy au poste de président de la Chambre des représentants, en ce début janvier, par exemple.

Quel spectacle ! Mais cela fait partie d’un phénomène plus vaste, un affaiblissement et une corruption généralisée des institutions les plus importantes des Etats-Unis. Nous avons deux partis politiques majeurs. Aucun des deux ne dispose d’un programme cohérent ou d’une philosophie sensée.

Des républicains ont refusé de soutenir la candidature de M. McCarthy car ils ne savent pas quelles sont les valeurs que ce dernier défend. A moins qu’ils ne sachent pas quelles sont les valeurs qu’eux-mêmes défendent. Si tant est qu’ils défendent quoi que ce soit…

On avait l’habitude de s’appuyer sur les « conservateurs » républicains et démocrates pour freiner l’expansion du gouvernement et les dépenses publiques. Mais au XXIème siècle, cela ne semble plus être une nécessité. Pourquoi limiter les dépenses alors que l’argent est quasiment gratuit ? La Fed a tellement baissé les taux d’intérêt que le Congrès a pu gonfler la dette publique américaine de 500%, tout en augmentant le service de la dette de 50% seulement.

Et désormais, les républicains errent sans but, sans carte, sans objectif, sans convictions et sans programme. C’est la raison pour laquelle ils se font facilement embobinés par des stars de la télévision comme Zelensky et Trump. Ils offrent un spectacle divertissant.

Il suffit de regarder les politiciens américains. Santos, Biden, McConnell, Pelosi, Ocasio-Cortez… Ce sont des incapables ou des escrocs. Souvent les deux. Nous n’avons pas connu le XIXème siècle ou la première moitié du XXe, mais nous avons du mal à croire que les politiques de l’époque étaient aussi insignifiants et malhonnêtes qu’à l’heure actuelle.

Ces dirigeants politiques sont grandement responsables du marasme dans lequel nous nous trouvons. Pas nécessairement à cause de ce qu’ils ont fait, mais à cause de ce qu’ils n’ont pas fait. Ils n’ont pas fait leur boulot. Ils n’ont pas protégé le public.

Cinq tendances majeures

En parallèle de la correction boursière, nous avons identifié cinq tendances majeures qui concourent à alimenter le bazar ambiant.

  1. L’exploitation sans vergogne de la classe moyenne par l’élite, qui explique pourquoi la correction financière n’ira pas jusqu’à son terme.
  2. Le déclin de l’empire américain, qui a commencé aux alentours de 1999.
  3. L’abandon des règles, des principes et des idées qui ont rendu les Etats-Unis aussi prospères.
  4. Une peur fanatique du réchauffement climatique et la conviction que le climat terrestre peut et doit être contrôlé.
  5. Le pouvoir politique incontesté de ce qu’Eisenhower appelait le « complexe militaro-industriel ».

Les membres du Congrès auraient pu stopper tout cela. Ils auraient pu, par exemple, insister sur la nécessité d’adopter des budgets équilibrés. Ils auraient pu simplement dire non aux aides financières et aux subventions en tout genre, aux guerres et sanctions à l’étranger, aux balivernes et aux fuites en avant en matière de politique intérieure.

Au lieu de cela, non seulement ils n’ont pas équilibré le budget, mais ils n’ont tout simplement pas adopté de budget. Au lieu de cela, ils ont financé le pays au moyen de « résolutions continues » et de budget « omnibus » que personne ne lit.

Poissons, oiseaux et idiots

En l’absence de déficits à financer, la Fed n’aurait eu aucune raison de manipuler les taux d’intérêt. Si elle avait été maintenue au niveau qui était le sien lorsque Bill Clinton a quitté la Maison-Blanche, la dette fédérale américaine serait d’environ 5 500 Mds$, pas de 31 000 Mds$.

Les « conservateurs » auraient pu refuser de renflouer Wall Street en 2009 (où auraient-ils bien pu trouver l’argent ?) et s’opposer aux confinements durant la pandémie de Covid en 2020. Au lieu de cela, nos dirigeants politiques, qui choisissent toujours la voie de la facilité, ont tout accepté et tout cautionné, y compris le déficit record de Donald Trump, de 3 100 Mds$. Cela a conduit la Fed à injecter près de 5 000 Mds$ dans l’économie pour suivre le rythme, ce qui est la cause immédiate de la poussée d’inflation que nous connaissons actuellement.

Les poissons doivent nager. Les oiseaux doivent voler. Et les empires dégénérés doivent déguerpir pour laisser place au prochain acte. Comment ? De la même manière que d’habitude, l’inflation, la guerre, la corruption, la trahison jouant toutes des rôles majeurs dans les cinq tendances que nous venons d’énumérer. Ensemble, elles détruiront la richesse, le pouvoir et le prestige des Etats-Unis d’Amérique et de ses citoyens.

Mais ce ramassis d’incompétents nous offrira un spectacle incroyable.

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