La Chronique Agora

Barack Obama a gracié une dinde mais les dindons de la farce sont européens

▪ Wall Street a terminé la semaine de Thanksgiving sur un repli modéré, à l’issue d’une séance écourtée vendredi. C’était le fameux "Black Friday", caractérisé par des bousculades sauvages pour s’emparer d’une poignée d’ordinateurs à 199 $ et de blousons en cuir à 99 $ — qui servent de produits d’appel tandis que les soldes à 50%, 60% ou 70% servent traditionnellement de prélude aux achats de Noël.

Le Dow Jones a cédé 0,85%. Son repli est d’une ampleur comparable à celui du marché parisien vendredi mais il n’a pas du tout la même signification. Le Dow a subi des prises de bénéfices après une forte hausse de 1,5% mercredi (et un retour sur des plus hauts annuels). Le CAC 40, lui, se débat depuis le 23 novembre pour préserver ses supports moyen terme.

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Cinq petits chiffres… et des gains de 105,56%, 95,77%, 84,62%, 109,38%
Un petit groupe d’investisseurs bien informés utilise actuellement un code bien précis pour multiplier par 7 le moindre mouvement de cours… et engranger des profits à répétition.

Pour faire comme eux, n’attendez pas : tout est expliqué ici !

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Les indices américains ont consolidé de 0,65% en moyenne (le Nasdaq à -0,35% et le S&P à -0,75%). Cela permet aux indices américains de sauvegarder un score équilibré sur l’ensemble de la semaine : -0,8% pour le Dow, gain symétrique pour le Nasdaq.

▪ De ce côté-ci de l’Atlantique, le contraste est saisissant. En effet, l’Eurotop 100 a lâché -3,8% et Paris -3,4% ; le recul de 0,7% des dépenses des ménages français en octobre n’a rien arrangé en fin de semaine.

Ces replis sont apparemment le pur reflet des pertes subies par l’euro (-3,8%) au cours du même intervalle. La cassure des 1,33 $/euro (support oblique moyen terme, moyenne mobile à 100 jours) a même suscité vendredi matin un début de petit vent de panique à Paris, avec une perte de 1,9% vers midi, le CAC 40 établissant un plancher de 3 687 points. Cependant, le support majeur moyen terme des 3 720 points a été sauvé sans trop de suspense : -0,85% à 3 728 points.

Francfort n’a de son côté jamais rien eu à sauver. Le DAX 30 n’a cédé que 0,45%, une fraction marginale des 2,6% gagnés au cours des 48 heures précédentes. La semaine s’achève même dans le vert, sur un gain symbolique de 0,08%.

▪ L’Allemagne sert à l’évidence de zone de repli pour les investisseurs qui arbitrent massivement au détriment des entreprises cotées à Dublin, Lisbonne et surtout Madrid.
L’Espagne a beau démentir tout besoin d’aide, l’IBEX a chuté de 1,7% vendredi. Plus le gouvernement Zapatero tente de rassurer les marchés, plus le stress s’accroît…

L’Allemagne jette d’ailleurs de l’huile sur le feu : elle suggère qu’une partie de la dette des pays en difficulté devrait être restructurée d’ici 2013, et que les créanciers devraient prendre leur part de responsabilité — c’est-à-dire accepter une perte en capital significative.

Malgré l’aide de 85 milliards de dollars accordée par le Fonds monétaire international (FMI) et l’Union européenne à l’Irlande (il serait question d’un taux coupe-jarrets voisin de 6%), les tensions sur les emprunts à long terme persistent : 12,1% en Grèce, 9,3% en Irlande, 7,25% au Portugal, 5,2% en Espagne.

▪ Les investisseurs redoutent que les nouveaux stress tests auxquels les banques européennes seront soumises entre février et juin 2011 soient beaucoup plus exigeants que ceux menés en juillet dernier, où seules sept banques sur 91 avaient reconnu devoir accroître leurs fonds propres.

Comble de l’absurdité, Allied Irish Banks (AIB) et Bank of Ireland — techniquement en faillite depuis l’automne 2008 — avaient passé ces tests avec succès !

Un mort-vivant aurait obtenu un triple A s’il s’était accroché une étiquette "banque" autour du cou devant une officine située dans la zone des docks de Dublin !

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