La Chronique Agora

Les banques centrales sont devenues scélérates

Les gouvernements ne font plus leur travail et les banques centrales ont un pouvoir absolu. Il est temps de remettre la monnaie à sa place.

L’analyse de la situation qui prévaut un peu partout dans le monde indique que les gouvernements ne jouent pas le rôle qu’ils devraient jouer.

Le populisme ne devrait pas exister. C’est une absurdité que, dans des systèmes qui se donnent pour systèmes de la souveraineté du peuple, on puisse trouver à redire que le peuple s’exprime.

Le populisme a à voir avec les inégalités, avec la richesse, avec les revenus, avec la pauvreté, avec la misère – bref, avec la monnaie.

Les partis politiques, les syndicats, les médias, les élites économiques auraient dû depuis longtemps faire le travail que je fais et démontrer en quoi l’action des banques centrales est biaisée, en quoi elle est idéologique, en quoi elle est, pour tout dire, scélérate.

Tout ce monde aurait dû élever le niveau de conscience du peuple sur la chose monétaire, sur la chose financière. Il aurait dû montrer en quoi l’activité monétaire est au centre du système, en quoi elle constitue un enjeu politique de degré supérieur, bien supérieur à toutes les idioties sur le mariage pour tous, le genre, l’inclusion et autres masturbations.

Le vrai nerf de la guerre

L’argent, la monnaie, la finance représentent l’outil suprême de toute politique. C’est ce qui donne ou refuse les moyens d’une politique, c’est ce qui perpétue, ou détruit, ou pourrit un ordre social.

C’est en outre ce qui autorise l’exercice de la souveraineté nationale aussi bien vis-à-vis de l’intérieur que de l’extérieur.

C’est le vrai nerf de la guerre politique, sociale, culturelle, militaire, géopolitique.

Face aux coups d’Etat, aux putschs, aux abus de pouvoirs que commettent les banquiers centraux, les gouvernements élus, soucieux de respecter le mandat conféré par la souveraineté populaire, devraient veiller à ce que les banques centrales mènent des politiques neutres.

La monnaie, ce n’est pas affaire de technicité mais de sagesses, d’honnêteté, de désintéressement. Il faut pour y toucher avoir l’esprit pur, être un saint. Et c’est parce que l’on doute de la possibilité pour l’homme d’être sage que l’on a proposé longtemps une monnaie objective, un « en-soi » monétaire comme l’or – un équivalent général universel des marchandises et du travail cristallisé.

Mythes et écrans de fumée

Les relations entre les banques centrales et leur environnement sont fondées sur un mythe, lequel mythe repose sur des mensonges, et lesquels mensonges sont inscrits dans un corpus de savoirs faux, trompeurs, mystificateurs.

La technicité de la chose monétaire est un écran de fumée diafoirique ; tout est en réalité très simple, et c’est volontairement que cette simplicité est obscurcie.

Pour devenir maîtres du monde, les banquiers centraux se sont protégés par un code secret, un vocabulaire, des techniques, des champs de mines mathématiques qui constituent autant de camps retranchés qui les protègent du public et de ses représentants.

La chose monétaire en réalité est simple. La finance aussi. Il faut abattre ces fausses barrières du savoir, ces murailles de verre, et faire en sorte que tout un chacun, soucieux d’être citoyen, soit en mesure de comprendre l’essentiel et d’y avoir son mot à dire.

La monnaie est un domaine réservé : refusez les domaines réservés. Au lieu d’ouvrir, on a fermé, on a créé un domaine sacré avec interdiction d’y pénétrer sous peine de ridicule.

Regardez la façon dont Trump le baltringue est ridiculisé par les spécialistes imaginaires de la monnaie parce qu’il veut une monnaie pour faire la guerre aux Chinois.

Une dérive flagrante

La dérive politique des banques centrales est flagrante ; il n’est pas besoin de prendre les cas extrêmes comme celui de la BCE, un organe supra-politique qui se permet de fixer les grandes orientations de l’ensemble européen. Les actions de la BCE vis-à-vis de la Grèce, de l’Italie et de la France, ses actions vis-à-vis des classes moyennes, parlent d’elles-mêmes.

La BCE lève l’impôt et distribue les subventions, elle punit les gouvernements et les hommes qui ne marchent pas droit.

Vos gouvernements sont complices des dérives des banquiers centraux et n’exercent pas le droit de contrôle que la souveraineté nationale devrait leur imposer d’exercer.

Ils sont complices au moins pour trois raisons :

1- Ils sont incompétents et ignorent presque tout de la chose monétaire ;

2- ils sont dépendants des banques centrales pour financer leurs dépenses excessives et leurs déficits – en clair, pour financer les cadeaux qui assurent les élections ;

3- ils sont pour la plupart les valets des ultra-riches et des dominants, lesquels contrôlent les banques centrales.

C’est donc la collusion qui s’est installée, en lieu et place de relations objectivement fondées sur des règles et de la vigilance.

Un gouvernement démocratiquement élu et soucieux de l’intérêt général à long terme devrait se préoccuper de contrôler l’activité des banques centrales – dans la mesure où elles mènent des politiques de classe, des politiques d’intérêt catégoriel, des politiques au service des riches et ultra-riches.

Contrôler les banques centrales ne signifie pas se substituer à elles pour créer et manipuler la monnaie. Je dis bien contrôler. Commençons par passer sur le gril chaque mois les Draghi et autres.

Un gouvernement démocratique ne devrait pas accepter que les banquiers centraux s’affranchissent des règles de l’orthodoxie monétaire sans mandat explicite et sans engager leur responsabilité.

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