La Chronique Agora

Malgré l’action des banques centrales, les liquidités restent problématiques

▪ Comme prévu, les sherpas sont de sortie. Le Dow a repris du terrain. CNBC a dit aux investisseurs que "les Etats-Unis sont un endroit où investir".

Puis Bloomberg a expliqué que "si l’on se base sur l’histoire", les investisseurs ne devraient pas attendre plus de quatre mois avant que le marché se soit entièrement repris. Bloomberg :

"Les investisseurs conditionnés à voir des reprises rapides après des plongeons boursiers pourraient devoir faire preuve de patience maintenant que les valeurs américaines ont subi leur première correction en quatre ans.

Si l’on en juge par les précédentes chutes de 10% qui se sont produites durant ce marché haussier, les investisseurs pourraient attendre jusqu’à quatre mois avant un retour aux niveaux enregistrés lors du sommet de mai dernier. La jauge a perdu jusqu’à 12% depuis.

Le rebond du S&P 500 entamé en mars 2009 a été marqué par deux corrections jusqu’alors : une liquidation de 16% entre avril et juillet 2010, et un déclin de 19% sur sept mois l’année suivante. Le benchmark s’est repris environs quatre mois après chaque événement, de sorte que si l’on se base sur l’histoire, le marché pourrait ne pas retrouver son sommet de mai avant fin décembre".

Attendez. On part là du principe que nous sommes toujours dans un marché haussier. Or comme nous l’avons déjà vu, le marché haussier des sept dernières années a été nourri par deux choses : la politique de taux zéro de la Fed et les programmes de QE de la Fed. Aucune de ces choses ne fonctionne pour les Etats-Unis en ce moment.

Nous pourrions ne plus du tout être dans un marché haussier. Nous pourrions être dans un marché baissier

Actuellement, aucun assouplissement quantitatif n’est en cours à la Fed. Quant aux taux zéro… ils semblent avoir perdu de leur attrait. Nous pourrions ne plus du tout être dans un marché haussier. Nous pourrions être dans un marché baissier. Si c’est le cas, vous pouvez oublier une reprise en quatre mois. Elle pourrait prendre quatre ans… ou 40 ans. Après le sommet de 1929, il a fallu jusqu’en 1956 pour que les actions se remettent – 27 ans plus tard. Le sommet du milieu des années 60 n’a pas été retrouvé avant le milieu des années 80 – 20 ans plus tard. Et au Japon, les actions ne sont toujours pas revenues à leur sommet de 1989 — il y a 26 ans de ça.

Les corrections dans un marché haussier sont une chose. Les marchés baissiers en sont une autre, tout à fait différente.

▪ L’importance des liquidités
C’est l’excès de liquidités qui a fait grimper les actions ces sept dernières années, affirme notre ami l’économiste Richard Duncan. Pas les revenus. Pas la croissance. Pas la productivité. Pas l’épargne. Pas les investissements… Mais bel et bien l’excès de liquidités provenant des banques centrales qui faisaient chauffer au rouge la pompe à crédit. Elles ont offert du crédit — aux gouvernements, aux entreprises, aux ménages — au taux les plus bas jamais enregistrés. Et si ça ne suffisait pas, elles ont utilisé leur capacité à créer de l’argent (du crédit) en achetant d’autres instruments de dette d’une valeur incertaine (le QE).

Rappelez-vous : pour que les liquidités augmentent, les banques centrales doivent fournir du crédit… et quelqu’un doit emprunter. C’est ainsi qu’on injecte de "l’argent" (des liquidités) dans le système. Pour en mesurer la quantité, il suffit d’observer le bilan des banques centrales. Lorsqu’elles prêtent beaucoup, leur bilan augmente. Or actuellement, on constate que dans l’ensemble, les liquidités mondiales augmentent à peine — ce qui devrait être considéré comme un signal d’alarme.

Prêter de l’argent qui n’existe pas à des gens qui sont déjà lourdement endettés n’est pas un bon business model

Mais revenons un peu en arrière. L’économie actuelle qui fonctionne au crédit. Comme nous l’avons souligné à de nombreuses reprises, prêter de l’argent qui n’existe pas à des gens qui sont déjà lourdement endettés n’est pas un bon business model. Cela ne stimule pas vraiment l’économie. Et ça n’améliore pas vraiment le sort des gens.

Mais ça permet en revanche de continuer à balayer la poussière sous le tapis.

Le crédit — au-delà de l’épargne réelle — provient des banques et trouve son origine dans les banques centrales. Mais le bilan de la Fed ne montre qu’une petite augmentation — 1,8% — cette année. Au milieu de la crise de 2008-2009, il atteignait jusqu’à 140%.

Les autres banques centrales ne font pas grand’chose de plus. L’Europe et l’Angleterre montrent peu de croissance du crédit. En termes de dollar, la Banque du Japon stagne aussi. Le bilan de la Banque de Chine augmente de 2% par an.

Pourquoi si peu de croissance du crédit ? Parce que les ménages n’empruntent guère. Les gouvernements empruntent de moins en moins. La France, les Etats-Unis, le Japon, l’Italie, l’Australie, le Canada et l’Inde ont tous des déficits en baisse. Et l’Allemagne enregistre un surplus.

Ce que tout ça signifie, c’est que la poussière commence à déborder. On commence à la voir, sous le tapis — alors que les banquiers centraux et les politiciens voudraient désespérément qu’elle reste invisible.

Soyez prudent !

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