La Chronique Agora

Les banques centrales financent les marchés boursiers… et leur krach ?

banques centrales

▪ Fatima, notre élève de 10 ans, est aussi ignorante de l’économie moderne que de l’anglais vernaculaire.

"Que penses-tu des politiques des banques centrales ?" lui avons-nous demandé.

"C’est quoi une banque centrale ?"

"C’est la banque qui fournit l’argent à tout le pays".

"Où est-ce qu’elle trouve l’argent ?"

"Elle l’imprime".

"Ah".

"Tu aimerais avoir de l’argent de la part de la banque centrale ?"

"Ben… oui".

Fatima doit viser une carrière dans la finance.

En attendant, nous vous avons promis des clarifications, cher lecteur. Nous pensons que les autorités font désespérément grimper les cours des actions. En même temps, notre drapeau d’Alerte au Krach flotte au-dessus du ranch.

Alors quoi ? Est-ce que ce sera une hausse des cours… ou une baisse ?

Brièvement : les deux.

▪ Les humeurs de M. le Marché
Le Dow a regagné du terrain. L’or stagne. Que va-t-il faire demain ou le jour suivant ? C’est à M. le Marché de décider. Il fera ce qu’il veut quand il veut.

Tout le monde s’amusait comme des fous, jusqu’à ce que quelqu’un appelle les flics

Il doit être profondément indécis. D’un côté, les banques centrales le poussent à se détendre… à s’amuser… à laisser les prix des actions s’envoler. De l’autre, il se rappelle ce qui s’est passé la dernière fois qu’il s’est laissé aller : tout le monde s’amusait comme des fous, jusqu’à ce que quelqu’un appelle les flics.

Ces six dernières années, ça a plutôt été "prenons du bon temps".

"Vous aimeriez avoir de l’argent de la part des banques centrales ?" demande la Fed.

"Ben… oui", répondent les banques, les hedge funds et les spéculateurs.

Mais à mesure que les cours grimpent, le jour approche où ils devront chuter. Ils ne peuvent devenir infiniment élevés. Plus ils deviennent cher, moins ils sont attirants pour les investisseurs expérimentés. A présent, M. le Marché voit l’argent intelligent vendre, en toute discrétion, tandis que l’argent idiot continue de faire des paris.

Tandis que les actions sont toujours proches de sommets record, l’économie glisse, dérape et se traîne.

Nous sommes d’avis que dans un futur pas très lointain, les prix des actions vont chuter

Nous sommes d’avis que dans un futur pas très lointain, les prix des actions vont chuter. Les investisseurs auront des sueurs froides. Et la banque centrale paniquera.

▪ Que peut faire un investisseur ?
Nous resterions hors des actions pour l’instant. Trop dangereux. Le jour du jugement est probablement trop proche pour gagner encore beaucoup.

Si nous étions joueur, nous attendrions quelques séances de ventes désespérées — et nous en profiterions pour revenir sur le marché. Il ne faudra pas longtemps à la Fed pour suivre l’exemple japonais et se précipiter pour racheter elle-même des actions. La Fed ne peut pas faire en sorte que l’économie fonctionne mieux (sinon en s’écartant de son chemin) mais elle est capable de faire grimper le marché boursier. Elle a l’argent (illimité) et la stupidité (profonde) nécessaires.

Nous ne sommes pas joueur, cependant. Nous voulons mettre notre argent dans des entreprises solides achetées à bon prix.

Où les trouver ? Eh bien… surveillez votre boîte e-mail ce soir !

L’argent facile semble encourager les ruses boursières — les rachats, les fusions, le carry trade

Reste toutefois une contradiction plus difficile à résoudre. Nous avons remarqué que 1) l’argent facile semble encourager les ruses boursières — les rachats, les fusions, le carry trade, la spéculation et ainsi de suite. Il décourage aussi l’épargne, ce qui prive l’économie de formation de capital réelle — la clé du progrès économique.

Nous avons également remarqué que 2) certains secteurs et certaines entreprises semblent utiliser le financement facile pour augmenter leur capacité. L’immobilier en 2004-2007. L’énergie en 2010-2014. La Chine, généralement, jusqu’en 2014.
           
Là encore, que faut-il en penser ? Le financement bon marché est-il utilisé en lieu et place de la formation de capital ? Améliore-t-il la capacité ou pas ?

Nous n’en savons rien. Peut-être que les deux sont vrais. Peut-être que le crédit bon marché fournit effectivement des fonds spéculatifs — par exemple pour les voitures électriques, les biotech et certaines entreprises. En même temps, il semble encourager les paris à court terme, la fraude et le boursicotage.

"Il y a une différence entre l’argent pour lequel on travaille et on épargne", nous dit E.B. Tucker, en visite depuis la Floride, "et l’argent qu’on obtient pour rien. On dépense prudemment l’argent pour lequel on a épargné. L’argent obtenu en l’échange de rien, en revanche, on le dépense comme si on l’avait volé".

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