Le coronavirus se répand aux Etats-Unis… et les marchés ne parviennent pas à reprendre pied. Les autorités arrivent à la rescousse – mais avec quels outils ?
La semaine dernière, nous avons eu un petit avant-goût de la débâcle qui nous attend.
L’Organisation mondiale de la santé a officiellement déclaré que le coronavirus était désormais une pandémie. C’est l’ennemi public n°1 dans le monde des microbes.
Quant au marché boursier, Warren Buffett a dit que c’était la chose la plus dingue qu’il ait jamais vue – une « gauche-droite » énorme, pour employer des termes de boxe.
Conseils en cas de crise
Notre vieil ami Chris Mayer décrit la situation dans le Maryland :
« Je vis dans la banlieue de Washington D.C. Le virus est en train de se répandre. L’université de mon fils passe à des classes en ligne uniquement. Les vacances de printemps commencent la semaine prochaine, et l’université demande à ses étudiants de ne pas prévoir de revenir avant au moins le 10 avril.
Mon frère cadet a été exposé au virus ; il est en quarantaine et travaille de la maison. (Il ne montre pas encore de signes de maladie.)
Déjà, des conférences à New York ont été annulées ou retardées. Le train Amtrak que j’utilise pour aller à New York a été suspendu pour cause de manque de passagers.
Mes propres plans de voyage sont en suspens. Warren [Buffett] et Charlie [Munger] vont-ils tenir leur réunion annuelle à Omaha cette année ? Des dizaines de milliers de personnes du monde entier s’entassent normalement dans un stade à Omaha ; les hôtels et les restaurants sont bondés, normalement. Deux légendes d’un âge avancé doivent-elles s’exposer à ce genre de risque ? Il me semble peu probable que le spectacle continue… »
Chris continue en nous donnant ses conseils d’investissement pour une situation de crise :
« Thomas Phelps, l’auteur de l’ouvrage boursier 100 to 1 in the Stock Market, a résumé son approche par la phrase suivante : ‘bien acheter et ne plus bouger’.
Cela nous convient. Nous avons de l’or. Et nous n’allons plus bouger jusqu’à ce que son prix grimpe si haut qu’on pourra acheter le Dow Jones pour cinq onces ou moins. »
Mais beaucoup de gens soit n’ont pas bien acheté… soit ne veulent pas plus bouger.
En route pour l’Argentine
Nous sommes en route pour l’Argentine. Le président argentin a décrété une quarantaine de 14 jours pour les visiteurs en provenance des Etats-Unis, d’Europe et de Chine. Heureusement pour nous, nous ne venions pas directement des USA ; nous étions au Nicaragua pendant un mois.
Mais imaginez l’effet sur le secteur du tourisme. Et les voyages d’affaires. Qui va aller où que ce soit, quand on risque de se retrouver confiné dans une chambre d’hôtel pendant deux semaines ?
Système fragilisé
Aux Etats-Unis, le drame se joue comme prévu. M. le Marché remet les prix des actifs à des niveaux plus raisonnables. Et M. l’Empêcheur de Tourner en Rond tente de l’en empêcher – avec, devinez quoi, des mesures de relance !
Qu’a-t-il à sa disposition exactement ? Encore plus de fausse monnaie, et c’est tout – la chose même qui a fragilisé le système immunitaire de l’économie américaine à l’origine.
La Fed a fait passer ses injections dans le marché des repos à 175 Mds$ – et elle n’est pas la seule à passer à l’action. Donald Trump a proposé de réduire les taxes sur la main d’œuvre à zéro jusqu’à après les élections. Voilà une vraie idée originale ! Mais elle ferait entièrement exploser le budget. Même ses toutous républicains ne pouvaient pas avaler ça.
M. Trump avait également annoncé qu’il avait un superbe atout dans sa manche, et qu’il en parlerait mardi dernier. Le mardi est arrivé… sans que le président s’exprime, de sorte que beaucoup de gens se sont dit qu’il n’avait rien du tout, en fait. Il a fini par s’adresser à la nation jeudi…
… Et l’enfer s’est à nouveau déchaîné, les futures sur le Dow chutant jusqu’à leur limite.
Bloomberg :
« Le discours de Trump sur le ‘virus étranger’, bourré d’erreur, a fait peur aux investisseurs. »
Pas de sauvetage comme en 2008
Les spéculateurs comptaient sur un nouveau sauvetage de la part des autorités…
… Mais l’argent intelligent commence à réaliser que cette fois-ci, le sauvetage ne ressemblera pas à ceux de 2000 ou 2008.
Bloomberg à nouveau :
« 50 000 Mds$ en doute à mesure que la liquidité s’assèche sur les bons du Trésor US.
Le chaos semé par le coronavirus sur les marchés a absorbé tant de liquidités des bons du Trésor US que la véritable valeur de plus de 50 000 Mds$ d’actifs dans le monde est désormais remise en doute. »
Cette fois-ci, l’escroquerie – injecter plus de fausse monnaie dans le système – ne sera pas si facile. La fausse monnaie elle-même commencera à céder…
… Et on atteindra un tout nouveau niveau de désastre.