Les actifs s’envolent, les milliards pleuvent, les patrimoines augmentent… mais la richesse, la vraie, se réduit comme peau de chagrin : ne vous laissez pas prendre au piège !
Vérité première : le monde ne s’enrichit pas en cette période où il est victime d’une calamité – il s’appauvrit ! Il va encore s’appauvrir à mesure que la lutte climatique va rendre obsolescents de nombreux actifs.
Les richesses réelles disponibles baissent, les pénuries se développent et se généralisent, mais les signes de la richesse – c’est-à-dire la masse de promesses sur cette richesse qui se contracte – explosent…
Il faut que vous compreniez que le monde est en deux parties : d’un côté l’actif, la richesse qui existe, et de l’autre le passif, c’est-à-dire à qui l’on promet cette richesse. En deux mots, cette richesse réelle devient plus petite, tandis que les droits des gens sur cette richesse connaissent une expansion fulgurante.
La monnaie/le crédit émis font monter les prix des actifs, tandis que la hausse des prix des actifs solvabilise en apparence la hausse. C’est le cercle, c’est le mouvement perpétuel
Record sur record à la Fed
A tout seigneur tout honneur, commençons par la Banque générale – ah non, pardon, la Fed. Les actifs de la Réserve fédérale ont augmenté de 112 Mds$ au cours du trimestre pour atteindre un record de 7 769 Mds$, avec une croissance sur un an de 1 589 Mds$.
Sur sept trimestres, les actifs de la Fed ont gonflé du montant incroyable de 3 759 Mds$, soit 94%. Au cours de cette période, les avoirs en bons du Trésor ont bondi de 2 958 Mds$, à 5 273 Mds$.
Le total des titres de créance (TDS) a augmenté de 656 Mds$ au cours du trimestre, pour atteindre un record de 54 563 Mds$, avec une croissance sur un an de 6 193 Mds$, ou 12,8%. Sur sept trimestres, les TDS ont gonflé de 8 818 Mds$, soit 19,3%.
De leur côté, les obligations de sociétés ont bondi de 119 Mds$ au cours du trimestre pour atteindre le record de 15,401 Mds$, soit une croissance sur un an de 1 280 Mds$, ou 9,1%, l’expansion la plus rapide depuis 2007.
Les fortunes et les patrimoines fictifs s’envolent
Le total des actions a bondi de 4,784 $ Mds$ au cours du premier trimestre pour atteindre un record de 69 991 Mds$, avec une hausse sur un an de 26,941 Mds$, ou 62,6%.
Le total de la capitalisation des actions par rapport au PIB a clôturé le mois de mars à un record de 317%, en hausse par rapport aux pics du cycle précédent de 188% (troisième trimestre 2007) et 210% (premier trimestre 2000).
Le total des titres ou des actifs papiers (dettes et actions) a bondi de 5 440 Mds$ au cours du trimestre pour atteindre un record de 124 554 Mds$, avec une croissance étonnante sur un an de 33 134 Mds$, ou 36,4%.
Le total des titres financiers a désormais gonflé à 77 227 Mds$, ou 163%, depuis 2008. Le total des titres par rapport au PIB a terminé le mois de mars à un record de 565% (contre 449% en mars 2019) et se compare aux pics du cycle précédent de 387% (troisième trimestre 2007) et 368% (premier trimestre 2000).
Le patrimoine des ménages est stratosphérique, en pleine euphorie
Les actifs des ménages ont gonflé de 5 184 Mds$, soit près de 14% en rythme annualisé, au cours du premier trimestre, pour atteindre un record de 154,161 Mds$. Sur neuf trimestres, les actifs des ménages ont gonflé de 32 749 Mds$, ou 27%. Le ratio des actifs des ménages au PIB a terminé le trimestre à un niveau record de 699% du PIB, en hausse de 100 points de pourcentage en 14 trimestres.
Le passif des ménages ayant augmenté de 188 Mds$ au cours du premier trimestre à 17 244 Mds$, la valeur nette des ménages (actifs moins passifs) a bondi de 4 997 Mds$ au cours du trimestre pour atteindre un record de 136 917 Mds$.
A titre de mise en perspective, la croissance de la richesse nette des ménages a atteint en moyenne 830 Mds$ par trimestre au cours de la période de 20 ans avant 2019. La valeur nette a gonflé de 31 399 Mds$ sur cinq trimestres, soit 29,8%.
La richesse nette des ménages a clôturé le mois de mars à un record de 621% du PIB. Il s’agit d’une augmentation par rapport aux sommets du cycle précédent de 491% (premier trimestre 2007) et de 445% (premier trimestre 2000).
La valeur des patrimoines immobiliers des ménages a bondi de 968 Mds$ pour atteindre un record de 37 558 Mds$. L’immobilier a augmenté de 3 335 Mds$, ou 9,7%, en glissement annuel. Le ratio immobilier/PIB a terminé le trimestre à 170%, ne dépassant que légèrement le sommet du cycle du troisième trimestre de 2006.
Les avoirs des ménages en actifs financiers ont bondi de 4 027 Mds$ 15,3% en rythme annualisé au cours du trimestre pour atteindre un record de 109 562 Mds$, avec une croissance sur un an de 22 395 Mds$, ou 25,7%.
Le ratio des actifs financiers des ménages au PIB a terminé le premier trimestre à un niveau record de 497% du PIB. Il s’agit d’une hausse par rapport au creux du cycle de 325% au cours du premier trimestre 2009 – et se compare aux pics du cycle de 374% (troisième trimestre 2007) et 354% (premier trimestre 2000).
[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]