La Chronique Agora

Autopsie d’un système corrompu

statut social

Le capitalisme a besoin de capitaux, d’argent réel mais les autorités lui ont donné de la fausse monnaie sous forme de crédit illimité.

Lorsque la foule se retourne contre les riches, certains riches se vêtent de haillons et s’en vont rejoindre la populace.

CNBC :

« La petite-fille de Roy Disney, cofondateur de la Walt Disney Co. avec son frère Walt Disney, a déclaré jeudi [dernier] lors de l’émission de la CNBC Squawk Box qu’elle pensait que ‘les PDG en général sont bien trop payés’.  

‘Si le salaire de votre PDG est de 700, 600, 500 fois le salaire médian de vos travailleurs, personne sur terre – Jésus Christ lui-même ne vaut pas 500 fois le salaire médian de ses travailleurs’. 

‘Le problème, c’est qu’on privilégie systématiquement des gens qui ont accumulé une quantité gigantesque de richesse’, a-t-elle dit. »

Nous n’avons jamais rencontré de PDG qui vaille ne serait-ce que 10 fois le salaire médian de ses employés. Nous n’avons jamais rencontré Jésus-Christ non plus, ceci dit.

Un monde cruel

Mais si les propriétaires d’une entreprise veulent rémunérer leurs dirigeants 1 000 fois ce qu’ils versent à leur ouvrier moyen, ce n’est pas nos affaires.

Attendez… et si l’argent lui-même a été trafiqué ? Si le PDG d’une entreprise peut emprunter à un coût réel proche du zéro… pourquoi ne pas se verser des millions à lui-même… et soudoyer aussi les actionnaires en rachetant leurs parts et en manipulant le cours à la hausse ?

Nous vivons dans un monde cruel, cher lecteur. Et la cruauté prend de nombreuses formes et apparences. Certains disent que le capitalisme est un échec – notamment aux Etats-Unis. Plus probablement, l’échec, c’est nous. Le capitalisme a besoin de capitaux. D’argent réel, en d’autres termes. Les autorités lui ont donné de la fausse monnaie.

A présent, dans l’une des arnaques les plus élégantes et les plus subtiles de l’Histoire, l’élite (les pseudo-capitalistes) empoche les gains tandis que les pertes sont transmises aux travailleurs et à la classe moyenne – soit sous la forme d’une monnaie dépréciée (les pertes étant monétisées par la Fed), soit sous la forme de dette nationale (les pertes sont étatisées par le gouvernement).

Houlà… voilà qui fait beaucoup à assimiler.

Allons-y plutôt étape par étape, comme si nous disséquions un démocrate mort ou un républicain vivant.

Un système corrompu par les accords gagnant-perdant rendus légaux

La semaine dernière, nous connections le fémur du capitalisme au tibia d’un système financier corrompu.

Vous vous rappellerez que la colère contre les riches semble augmenter. Vous vous rappellerez aussi que la foule pense que quelque chose ne va pas avec le « capitalisme »… qu’il est responsable du profond fossé qui sépare les riches et les pauvres.

Mme AOC, par exemple, a déclaré que « les inégalités » de revenus étaient causées par le capitalisme, ajoutant que le système était « irréparable ».

Sortons notre scalpel et jetons un œil. Peut-être verrons-nous comment tout cela fonctionne réellement.

Pour simplifier, il n’y a que deux manières de faire les choses. Soit volontairement, par le biais d’accords gagnant-gagnant… soit involontairement, en disant aux autres quoi faire. Le capitalisme n’a de sens qu’en tant que système gagnant-gagnant volontaire.

Le socialisme est différent. Les élites décident qui obtient quoi en imposant des accords gagnant-perdant – contrôle des prix, emploi forcé, barrières douanières, taxes, réglementation – sous la menace des armes.

Evidemment, le capitalisme pur ou le socialisme pur n’existent pas. Même dans un système communiste, les gens essaient généralement de faire fonctionner les choses, ayant recours au marché noir autant qu’ils le peuvent.

Au fil du temps, soit les dirigeants s’assouplissent de façon à ce que plus d’accords gagnant-gagnant puissent avoir lieu (Chine)… soit le système tend à prendre du retard (Corée du Nord) et finit par s’effondrer.

Dans un système capitaliste, il y a toujours des gens cherchant à utiliser la force du gouvernement pour imposer des accords gagnant-perdant à d’autres. Au fil du temps, ils sont de plus en plus nombreux à réussir, et le système devient de plus en plus corrompu.

Dans la mesure où nous vivons dans ce qui est essentiellement un système capitaliste, nous allons tourner notre lame de scalpel vers nos propres artères sclérosées et articulations arthritiques – pour voir ce qui s’est passé…

Le temps contre l’argent

Dans un système capitaliste libre, les gens ayant des revenus bas ou modérés vendent leur temps. C’est tout ce qu’ils ont.

Ensuite, s’ils gèrent prudemment leurs finances, ils accumulent de l’épargne et finissent par avoir un capital suffisant pour prendre une retraite confortable… transmettant peut-être la maison et l’argenterie familiale à la génération suivante.

Les riches, généralement, ont un capital – hérité ou gagné – sous forme d’actions, d’obligations ou d’immobilier. Ce capital est souvent une plus grosse source de revenus que leur temps.

Même ceux qui n’ont pas beaucoup de capital propre peuvent participer. Ils obtiennent un emploi en tant que gestionnaire – PDG par exemple – et profitent d’une rémunération liée à la performance dépassant de loin la valeur réelle de leur temps.

Un jeune homme frais émoulu de la fac de droit, par exemple, peut aider à monter une fusion ou une acquisition… ou régler les formalités d’un rachat d’actions… et empocher un pactole.

C’est pour cela que, depuis plus de 20 ans, toutes les mères conseillent à leur fils non pas d’entrer dans l’industrie, la ventes, les mines, le droit ou l’agriculture – mais dans la finance. Pourquoi ? C’est là qu’était l’argent !

Est-ce mal ? Non. C’est simplement le capitalisme en action.

Et si les autorités avaient faussé toute l’affaire en introduisant une nouvelle sorte d’argent qui ne soit pas du capital réel ? De l’argent qui ne représente ni épargne, ni inventions, ni production, ni travail, ni profit, ni patience, ni sueur, ni innovation, ni réelle augmentation du PIB ?

Et si les dirigeants avaient prêté cette fausse monnaie aux capitalistes à des taux factices, artificiellement bas ? S’ils avaient utilisé cette fausse monnaie – dont 3 600 Mds$ ont été ajoutés depuis 2009 – pour acheter les actifs des capitalistes mais pas le temps du travailleur ?

Et si, lorsque les marchés ont tenté de corriger les prix insensés des actifs… en 2000 puis à nouveau en 2008… les autorités avaient simplement rajouté plus d’argent factice et transformé l’industrie en accord « pile je gagne, face tu perds »… un accord gagnant-perdant où les initiés capitalistes ont gagné gros tandis que les travailleurs se retrouvaient avec 13 000 Mds$ de dette supplémentaire sur les bras ?

Ouille ! Nous coupons profondément… jusqu’à l’os…

Mais nous n’avons pas terminé. L’autopsie continue…

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