La Chronique Agora

Assouplissement quantitatif : la Fed et la BCE échangent leurs rôles

▪ Le seul problème, quand tout va bien, c’est que tout à coup, plus personne ne vous vient en aide. Pourquoi le ferait-on, après tout, puisqu’il n’y a pas de problème ?

C’est à peu près ce que Ben Bernanke a annoncé hier aux marchés : l’économie américaine se remet — certes lentement, et certes avec une certaine réticence du côté de l’emploi… mais les signes encourageants se multiplient. Nous allons garder un silence discret sur le fait que les signes de timide reprise auxquels nous assistons en ce moment ne sont qu’un miroir aux alouettes basé sur de l’argent créé à partir de rien… et qu’une gigantesque montagne de dette reste à liquider pour nos amis américains.

Quoi qu’il en soit, a déclaré Ben Bernanke, pour un QE3, vous pouvez vous brosser.

Enfin, il ne l’a sans doute pas dit en ces termes, mais c’est en gros l’essentiel de son message d’hier : ça va mieux, nous allons donc nous montrer un peu moins accommodants et éviter de remettre la planche à billets en marche pour un troisième assouplissement quantitatif.

Cette sobriété inhabituelle à la Fed a pesé sur les marchés. Le Dow Jones est promptement redescendu du piédestal des 13 000, terminant la séance d’hier sur une baisse de 0,41% à 12 952,07 points. Le S&P 500 reculait de son côté de 0,47% à 1 365,68 points. Enfin, le Nasdaq a clôturé à 2 966,89 points, soit une baisse de 0,67%

▪ Pour une fois, c’est l’Europe qui imprime…
Pendant ce temps, en Europe, la BCE faisait exactement l’inverse et ouvrait les vannes du crédit dans des proportions historiques : près de 530 milliards d’euros ont été mis à disposition des banques dans l’espoir de relancer un peu la machine.

Investir nous donne quelques détails :

« Les banques ont emprunté mercredi 529,5 milliards d’euros de fonds bon marché et remboursables à trois ans auprès de la Banque centrale européenne (BCE), alimentant l’espoir que le crédit aux entreprises reprenne son cours normal et que les pays touchés durement par la crise de la dette puissent emprunter moins cher ».

« La BCE aura injecté plus de 1 000 milliards d’euros dans le système bancaire de la Zone euro en l’espace de deux mois, éloignant la menace d’un tarissement du crédit (credit crunch). Quelque 800 banques ont emprunté à la BCE et leur demande a dépassé à la fois les 500 milliards d’euros prédits par une enquête Reuters et les 489 milliards servis à l’issue de la toute première opération de refinancement à trois ans de la BCE, fin décembre ».

Evidemment, maintenant… il faut que les banques fassent leur part du travail et injectent cet argent dans l’économie réelle. Vous pouvez le vérifier vous-même, cher lecteur, lors de travaux pratiques aussi amusants que significatifs : allez voir votre conseiller habituel et demandez-lui un prêt. Sa réponse vous en dira long sur le succès — ou non — de l’opération de la BCE.

D’ailleurs, la transparence et la franchise règnent une fois de plus sur la question. Dans Investir encore :

« En France, à l’exception de BPCE (Banque populaire – Caisse d’épargne) qui a confirmé ne pas avoir participé à cette opération, les autres banques françaises, BNP Paribas, le Crédit Agricole et la Société Générale ont refusé de dire si elles avaient emprunté auprès de la BCE. La Banque de France s’est aussi refusée à tout commentaire ».

C’est bon signe… non ?

Le marché français, en tout cas, n’a visiblement pas trop su quoi retirer de cette journée : le CAC 40 est resté stable, avec seulement une petite perte de 0,04% et 3 452,45 points à la clôture. Londres a subi une perte un peu plus conséquente de 0,11%… et Francfort faisait un peu figure d’exception avec une hausse de 0,56% pour le DAX.

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