La Chronique Agora

L’asile de fous de la Fed

Fed, Powell, récession, guerre

40 Mds$ sont envoyés en Ukraine, alors que le président de la Fed est reconduit à son poste… voici les dernières nouvelles provenant du Panthéon des Incompétents…

Le Congrès a accompli deux choses remarquablement idiotes, récemment.

D’abord, la Chambre des représentants a adopté le 10 mai un plan d’aide de 40 Mds$ destiné à l’Ukraine, plan approuvé par le Sénat le 19 mai.

Et ce même Sénat a validé la reconduction de Jerome Powell à la tête de la Fed, le 12 mai.

Quel est le rapport entre les deux ? Et qu’est-ce que cela signifie, par rapport à la promesse de la Fed, de stopper l’inflation ? Voilà les points que nous tentons de relier.

Un modèle à suivre

Il y a encore quelques mois, les Américains ne se préoccupaient pas un seul instant de l’Ukraine. Mais à présent, tous les cœurs au sang chaud vibrent avec eux, tous les costauds les soutiennent… et pour chaque dollar dépensé par l’Etat, quelques cents sont destinés au gouvernement Zelensky.

Et pourquoi pas ?

Les Ukrainiens sont à l’image de Washington et de Jefferson, des défenseurs de la démocratie et de la liberté, tous autant qu’ils sont.

Mais attendez… sur le papier, toutes les Grandes Causes – comme les réseaux d’égout – font bel effet. Mais si l’on entre dans le détail, c’est sale et cela sent mauvais.

Après tout, les gens des régions du Donbass et de Louhansk – russophones – ont voté pour quitter l’Ukraine. Les partisans de la démocratie ne devraient-ils pas les soutenir eux, au lieu des centralisateurs musclés de Kiev ? Et si Zelensky est un tel démocrate et partisan de la démocratie, comment se fait-il que les partis d’opposition aient été suspendus ?

Qui a raison ? Qui a tort ? Nous l’ignorons. Et le gouvernement Biden aussi.

Mais en ce qui concerne les 40 Mds$, nous savons ceci : c’est de l’argent que l’Etat n’a pas… Et s’il l’avait, il ne le donnerait pas. Les Etats-Unis sont très probablement au bord d’un gigantesque krach et d’une récession : ce n’est pas le moment de dilapider de l’argent en foutaises liées à la politique étrangère.

Bien entendu, les 40 Mds$ ne vont pas précipiter le pays dans la faillite, et les Russes ne vont pas l’envoyer par le fond.

Et c’est pourquoi le deuxième acte accompli par le Congrès a encore plus d’importance… et qu’il est encore plus stupide.

Un autre coup de poignard

Nous sommes prêt à pardonner presque tout. Lincoln a pardonné aux rebelles d’avoir tenté d’affirmer leur indépendance, après avoir tué un quart d’entre eux. Et Isaac a pardonné à Abraham d’avoir failli le poignarder. Mais pardonner est une chose, demander que l’on vous poignarde à nouveau en est une autre.

Vous pouvez vous permettre de faire certaines choses, quand vous avez des fonctions officielles. Et d’autres non. Si vous utilisez le « n-word » [NDLR : « nigger »], votre carrière est finie. Si vous pincez les fesses de votre assistante, on vous tend un pistolet chargé.

Mais si vous cafouillez, volez, trichez… provoquez des millions de morts, vous êtes reconduit !

Les soi-disant batailles entre les deux camps de la classe au pouvoir – les conservateurs et les adeptes du social-libéralisme… républicains et démocrates – occupent la presse et satisfont le public. Mais quand il le faut, les deux camps du Deep State s’unissent. Ils élèvent l’élite vers des sommets et oublient « le peuple ».

Dans le cadre des deux lois adoptées au Congrès la semaine dernière, les républicains et les démocrates ont agi à l’unisson, et voté solennellement en vue de dépouiller le public.

Dans le premier cas, la population américaine n’a aucun véritable intérêt dans le pays où Hunter Biden a empoché 50 000 $ par mois. C’est sûrement une coïncidence, si c’est précisément ce pays qui obtient plus d’aide américaine que tout autre pays au monde.  En fait, l’Ukraine obtient deux fois d’argent plus que le puits sans fond suivant dans la liste : Israël.

Mais une bonne partie de ce montant atterrit dans les bonnes mains : celles du secteur de la défense, aux Etats-Unis.

Et faire en sorte que la guerre continue est également une priorité, car elle permet de détourner l’attention du public de l’inflation, laquelle a été provoquée par le Congrès et la Fed.

L’asile de fous de la Fed

Et voilà qui nous amène à la deuxième bourde, et la plus destructive, de la semaine dernière : la confirmation de la reconduction de Jerome Powell aux commandes de la Fed.

Nous enregistrons en ce moment le taux d’inflation le plus élevé en 40 ans. Et la population en a horreur. C’est une « taxe », mais elle est particulièrement insidieuse et douloureuse. Elle s’abat telle une fenêtre disjointe sur la tête des plus pauvres d’entre nous. Comme nous l’avons indiqué vendredi dernier, la hausse des prix de l’alimentation va probablement condamner les millions de gens les plus pauvres de la planète à mourir de faim.

Alors pourquoi laisser à son poste l’homme qui en est le plus responsable ?

Si on installait un barrage routier devant un Kentucky Fried Chicken, on trouverait des dizaines de gens plus compétents pour diriger la Fed. Nous ne saluons pas le génie de ceux qui sont pris au piège, mais le fait que leurs esprits ne soient pas pollués par le bla-bla économique de la Fed. Pas de discours ampoulés sur un taux d’inflation idéal de 2%… pas d’hallucinations à propos de « l’effet de richesse ». Et pas de transes à la seule idée d’offrir un « stimulus » de plus.

Ce qui revient à dire que la plupart des gens n’ont pas passé toute leur carrière dans les luxueuses chambres de cet asile de fous qu’est la Fed, mais qu’ils ont eu une chance de voir le monde réel à l’œuvre.

Les marchés corrigent leurs erreurs. Les politiciens le font rarement.

Dans le Panthéon des Incompétents se trouvent les généraux qui ont mené la guerre en Afghanistan perdue par les Etats-Unis : ils sont traités avec un respect normalement réservé aux gens qui ont réussi.

Y figurent les ex-président, également, Bush, Obama, Trump. Malgré leurs échecs, ils sont rarement menacés par une foule criant au lynchage.

Les ex-présidents de la Fed y sont, eux aussi. Greenspan, Bernanke, Yellen, Powell… Ensemble, ils ont contribué à diviser par deux la croissance américaine et à multiplier par cinq sa dette. Et pourtant, ils sont encore invités à prononcer des discours. Certains, comme Janet Yellen, sont conviés à faire encore plus de dégâts en tant que secrétaire au Trésor.

Et Powell ?

A Washington, il a bonne réputation. Avec 30 000 Mds$ de dette, l’Etat va avoir besoin de beaucoup plus d’inflation, au cours des années à venir. Powell est peut-être un crétin et un imposteur, mais il a prouvé qu’il était capable de faire le job.

A suivre…

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile