La Chronique Agora

Asie : un risque systémique pour le système financier mondial

Hong Kong

Le dollar de Hong Kong est sous pression… et cela représente un risque considérable pour l’ensemble du système financier mondial.

Le peg, l’arrimage du dollar de Hong Kong au dollar US, a tenu 36 ans. Il est désormais sous pression… et il y a des chances/risques accrus qu’il cède.

Attention : les autorités de Hong Kong ont repoussé les spéculateurs à plusieurs reprises, créant ainsi, comme le dit plaisamment un commentateur, « autant de veuves que les vendeurs shorts des obligations du gouvernement japonais ».

L’effort de Hong Kong pour maintenir le peg devient toutefois de plus en plus coûteux ; l’argent qui quitte la partie continentale pèse lourdement et rend le prix des interventions considérable.

Mardi dernier, l’excellent Ambrose Evans-Pritchard (AEP) a écrit dans le Telegraph un article intitulé « Une inondation de capitaux en provenance de Chine est une alerte rouge pour la parité du dollar de Hong Kong ».

Les risques sont multiples pour le système financier mondial

Dans cet article, Evans-Pritchard cite plusieurs domaines possibles de préoccupation pour le système financier mondial.

Les flux transitant par le pipeline monétaire Shanghai / Hong Kong ont atteint mardi leur plus haut niveau en quatre ans.

Les fonds étrangers cherchent des moyens de transférer de l’argent pour éviter l’impact total des droits de douane.

Selon Evans-Pritchard, la récente chute du yuan est due au fait que les entreprises chinoises « se retrouvent avec 840 Mds$ de dettes onshore et se démènent pour lever des fonds en dollars américains afin d’éviter d’éventuelles défaillances ».

L’article suggère ensuite que la récente envolée de 40% du cours du bitcoin est due à la fuite des capitaux chinois. La crypto-monnaie fournit en effet un portail électronique qui permet de transférer de l’argent.

Le problème le plus grave pour Hong Kong est le suivant : en tant que centre financier asiatique, il a tiré parti d’un marché immobilier robuste, car les banquiers mondiaux l’ont utilisé comme base d’opérations.

Etant donné que Hong Kong est une très petite enclave, les prix de l’immobilier sont les plus chers du monde, ce qui se traduit par une économie très fortement endettée. Le levier immobilier est considérable car il dure depuis très longtemps ; c’est une sorte d’invariant.

Une situation inquiétante et difficile

Comme AEP l’a noté, Hong Kong dispose de vastes réserves de change mais l’intervention se fait alors que le resserrement monétaire est déjà très fort ; c’est un effet secondaire négatif à un moment où le marché immobilier surchauffé est déjà en crise et où l’économie de Hong Kong a ralenti au point d’être à son plus bas de 2008.

«Tout effort visant à maintenir le peg nécessite l’intervention de l’Autorité monétaire sur le marché, mais si les choses tournaient vraiment mal, la banque centrale devrait relever les taux à un niveau suffisant pour empêcher la fuite des capitaux. Cela déstabiliserait l’effet de levier et la pyramide de l’immobilier, avec réactions en chaîne et transitivité ».

Défendre un peg est toujours difficile dans un système financier surendetté.

Comme le précise encore Evans-Pritchard, « si la Fed acceptait de baisser ses taux rapidement, cela réduirait la pression sur la devise et le système de Hong Kong, et par la même occasion servirait à soulager les marchés d’Asie et tous les émergents ».

La situation financière de Hong Kong est inquiétante ; les autorités monétaires locales sont déjà trop restrictives car la courbe des taux des obligations 2 ans/10 ans s’est inversée et se situe actuellement à -14,5 points de base. Une courbe inversée dans une économie fortement endettée rend la situation insoutenable.

Comme le dit Evans-Pritchard, « la détresse à Hong Kong pourrait bien avoir des implications systémiques pour l’Asie et la finance mondiale ».

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