Cesser de financer le gouvernement pourrait éviter une catastrophe financière.
Nous avons laissé la question en suspens hier…
Pourquoi les Argentins n’ont-ils pas mis un terme au cycle inflationniste ? Ils dépensent, empruntent, font défaut, impriment… passent de l’excès à la détresse… et vice versa, encore et encore, depuis plus de 70 ans.
Pourquoi ne l’ont-ils pas simplement arrêté tout cela ? Pourquoi le Zimbabwe, l’Allemagne, le Venezuela et d’autres pays ont-ils laissé l’inflation atteindre plus d’un million de pour cent ?
L’un des « cas désespérés » dont nous entendons peu parler est celui du Liban. Voici ce que nous rapporte de Paris notre fils, Henry :
En 2021, la livre libanaise s’échangeait sur le marché noir à 10 000 livres pour un dollar. En février 2023, elle est tombée à 74 000 livres pour un dollar. Deux mois plus tard, le taux était de 97 000 livres pour un dollar.
Selon la théorie qui voudrait qu’une économie soit « stimulée » par l’ajout d’argent, on pourrait penser que le Liban jouit d’une prospérité incroyable. Mais la théorie ne correspond pas à la réalité. Le PIB du Liban était de 55 milliards de dollars en 2018. Il est tombé à 23 milliards de dollars en 2021.
Catastrophe financière ?
C’est ainsi que fonctionne réellement l’inflation. Vous augmentez la quantité d’argent disponible de 1 000%… et vous réduisez l’économie réelle de moitié.
Le mal est si prévisible et si grave qu’il nous ramène à notre question : comment se fait-il que les autorités ne l’arrêtent pas ? Pour y répondre, nous allons nous tourner vers l’illustre Mme Janet Yellen, par l’intermédiaire de CNBC :
Le gouvernement américain risque une « catastrophe économique et financière » si la Chambre des représentants ne parvient pas à adopter un projet de loi visant à relever le plafond de la dette de 31 400 milliards de dollars, a déclaré la secrétaire d’État au Trésor, Janet Yellen…
« L’Amérique a payé toutes ses factures à temps depuis 1789, et ne pas le faire provoquerait une catastrophe économique et financière », a déclaré Mme Yellen à George Stephanopolous, de la chaîne ABC… « Tous les membres responsables du Congrès se doivent d’accepter de relever le plafond de la dette. »
Et voilà que le marché obligataire s’en mêle. Business Insider :
Le marché obligataire a tiré la sonnette d’alarme sur les risques de défaut de paiement des États-Unis, alors que la date limite pour parvenir à un accord sur le relèvement du plafond de la dette pourrait arriver plus tôt que prévu.
Lundi, les États-Unis ont vendu 57 milliards de dollars de bons du Trésor à trois mois – qui arriveraient à échéance à peu près au moment où le gouvernement pourrait se retrouver à court d’argent – à un taux de rendement de 5,1%, soit le taux le plus élevé depuis janvier 2001.
Le désengagement de l’État
Les investisseurs obligataires, comme Mme Yellen, craignent que les choses reviennent à la normale. Les rendements sont au plus haut depuis 22 ans, précisément parce que les investisseurs s’inquiètent du « plafond de la dette ». Et Mme Yellen insiste sur le fait que les conséquences d’un non relèvement du plafond de la dette – qui impliquerait d' »imprimer » plus d’argent – seraient « une catastrophe économique et financière ».
Et dans la presse aussi… les alarmes retentissent : Le gouvernement serait mis à l’arrêt… un défaut de paiement des États-Unis serait une « calamité mondiale »… etc. etc. bla-bla-bla…
Que se passerait-il vraiment si les autorités fédérales ne pouvaient plus emprunter d’argent ? 32 000 milliards de dollars ne suffisent-ils pas ?
Supposons que le puissant gouvernement fédéral soit contraint de vivre dans les limites de ses moyens ; serait-ce si terrifiant ? Le Trésor s’attend à des recettes fiscales d’environ 3 500 milliards de dollars pour l’année. C’est autant que ce que le gouvernement fédéral a dépensé, au total, en 2019, il y a seulement quatre ans.
Vous souvenez-vous d’avoir vécu une catastrophe en 2019 ? Les gens ont-ils souffert de la faim ? L’armée américaine a-t-elle été dissoute parce que nous ne pouvions pas payer les soldats ? Les personnes âgées ont-elles reçu leurs chèques ? La police ? Les écoles ? Les hôpitaux ? La SEC ?
Nous ne nous souvenons pas avoir connu de problème particulier. Les autorités fédérales ont continué à dépenser de l’argent comme s’il appartenait à quelqu’un d’autre – ce qui était le cas. Et aujourd’hui, si les autorités fédérales ne devaient dépenser que ce qu’elles peuvent obtenir des recettes fiscales, elles auraient amplement d’argent pour continuer à alimenter les escroqueries en cours. D’ailleurs, arrêter de financer une grande partie du gouvernement serait nécessaire, en particulier vis-à-vis des chèques à tout va qui maintiennent les électeurs dans un état de dépendance à l’égard de la gratuité.
On pousse et on bouscule
L’expérience de l’Argentine nous montre qu’une fois que les masses deviennent accros à la gratuité, il est presque impossible d’arrêter l’inflation. Pratiquement tout le monde en vient à croire que, quels que soient les terribles dégâts causés par l’inflation… sur le plan politique, la déflation est pire.
Les politiciens préfèrent toujours gonfler l’économie que la dégonfler. Lorsqu’ils la gonflent, les coûts sont reportés dans le futur. La déflation, en revanche, frappe fort et vite. Elle leur fait perdre des voix. Et du pouvoir.
Et lorsque plus de la moitié des électeurs dépendent de la gratuité, « Stop aux dépenses » n’est pas un autocollant de campagne que l’on risque de voir. Et le parti qui réclame un budget équilibré n’a aucune chance d’être celui qui mène la danse.
Les États-Unis sont donc au bord d’une décision fatidique. Plus de la moitié des « contribuables » ne paient pas d’impôt fédéral sur le revenu. Selon la Tax Foundation, plus de 60% d’entre eux reçoivent plus d’argent gratuit qu’ils ne paient d’impôts. La lutte contre l’inflation est douloureuse pour eux, mais aussi pour les riches (dont les avoirs diminuent) et pour toute la classe « politique » elle-même (dont le pouvoir dégonfle en même temps que tout le reste).
Le supporteront-ils ?