Par Isabelle Mouilleseaux (*)
Sécuriser les approvisionnements matières et minerais est un enjeu stratégique évident pour les Etats. Regardez donc :
– La Chine a lancé sous nos yeux une véritable OPA sur les ressources et richesses de l’Afrique.
– Les Etats-Unis, ne soyons pas dupes, se sont lancés dans le bourbier irakien en partie pour sécuriser leurs approvisionnements de pétrole.
– En Europe, la question de la dépendance énergétique fait rage…
– Quant aux états riches en matières, ils se réapproprient plus ou moins violemment leurs sous-sols, à coup d’expropriations et autres combines fort peu diplomatiques. C’est clairement la politique de Poutine ou de Chavez par exemple.
Même combat au sein des entreprises "matières" !
Les entreprises sont dans la même logique. A commencer par celles qui sont en prise directe avec la matière, minières et pétrolières en tête — les fameuses "extractrices". Regardez les Total, BP et consoeurs qui sont sans cesse à la recherche de nouvelles réserves de pétrole pour assurer leur survie à terme. Et la bataille entre minières ! Le secteur est en pleine consolidation. L’objectif clairement affiché de toute minière étant de mettre la main sur le portefeuille de mines du concurrent !
Autre objectif de cette bataille : grossir pour ne pas se faire "engloutir par plus gros que soi" ! Gazprom aurait aujourd’hui bien du mal à ingurgiter BHP si cette entreprise fusionnait avec Rio Tinto ! Elles se mettent ainsi à l’abri de gourmandises exacerbées.
Les entreprises de transformation de la matière prises en étau
Elles ont à affronter non seulement l’envolée des prix du brut mais aussi l’émergence de mastodontes miniers (BHP Rio Tinto formerait un groupe de 380 milliards de dollars !). Conséquence ? La concurrence diminue, il y a de moins en moins de fournisseurs et cela crée des situations de plus en plus "monopolistiques" et donc des tensions sur les prix des minerais.
Face à cette concentration de la matière entre les mains de quelques-uns, les entreprises de transformation doivent réagir — vite. Pour elles, le salut viendra de la sécurisation des approvisionnements.
Arcelor-Mittal l’a compris : la situation se tend, il faut faire vite
Priorité absolue à la sécurisation des approvisionnements ! Telle est la stratégie de Lakshmi Mittal qui, contrairement à son prédécesseur, a compris le caractère stratégique de l’enjeu.
Car pour faire des aciers, il faut bien sûr du fer et du charbon, c’est la base. Mais on utilise aussi tout un tas de métaux nobles qui viennent donner des spécificités (résistance, anti-rouille…) aux aciers : molybdène, chrome, nickel (pour les aciers inoxydables, dits "inox"), manganèse, titane… Tout un tas de métaux entre dans la production des aciers.
No limit au rachat de mines !
Arcelor-Mittal a de l’argent et s’en sert pour faire grossir sont pôle matières. Il y a quelques mois l’entreprise rachetait une grosse mine de fer en Afrique. Voilà qui lui permet de couvrir 46% de ses besoins en fer. Et ce taux doit monter à 75% d’ici sept ans. Il reste du travail !
Mittal a jeté récemment son dévolu sur le canadien Wabush pour sécuriser ses approvisionnements de manganèse.
Concernant le molybdène, il vient de prendre une participation de 12,6% dans General Moly au grand bonheur des lecteurs de l’Investisseur Or et Matières qui ont le titre en portefeuille grâce à Simone Wapler. Ils ont ainsi gagné 77% en deux mois ! Cette prise de participation couvrira 26% de ses besoins en molybdène.
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Les choses sont loin d’être simples
Mittal ne couvre que 10% de ses besoins en fer. Il voulait donc acheter (via enchères) le plus grand gisement de fer mondial, situé en Sibérie.
Gisement mis aux enchères par Poutine. Mais ce dernier lui a fait aimablement savoir qu’il lui serait tout simplementinterdit de participer aux enchères… il veille au grain, l’ami Poutine !
Plus forte hausse du CAC en 2007
Avec sa hausse de 50% depuis le début de l’année, Arcelor-Mittal est la star incontestée du CAC, juste devant EDF. Avec un PER de 9, elle reste une très belle valeur de fond de portefeuille pour le long terme. Beaux dividendes de surcroît… avec un rendement supérieur à 2%. Pas mal pour un titre qui s’est envolé de 60% !
Principal risque pour Arcelor à l’avenir ?
L’acier chinois
Et indien, dans une moindre mesure. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils mettent en oeuvre des ingrédients de moindre qualité au niveau de la production. Ils sortent ainsi des aciers de moindre qualité, mais hyper compétitifs ! Puis inondent les marchés avec leurs produits…
Meilleures salutations,
Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora
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