La Chronique Agora

Après le modèle japonais, l’argentin

Argentine, dette

Les prévisions de Bill faites en 1999 semblent désormais se réaliser, avec un seul écueil : la Fed pourrait remettre des grains de sables dans la machine, et aggraver encore plus la situation.

Il y a vingt ans, nous avons prédit la longue trajectoire qui attendait l’Amérique : « Tokyo… puis Buenos Aires ».

Peut-être avons-nous tenu la carte à l’envers. Mais aujourd’hui, nous reprenons notre planification d’itinéraire. Vers où allons-nous ? Comment devons-nous faire nos bagages ?

En 1999, nous avions compris que la bulle des dot-com allait forcément éclater et que l’économie américaine se transformerait probablement en marasme à la japonaise. Les actions allaient chuter, pensions-nous, l’économie allait sombrer et il faudrait de nombreuses années pour « régler » le problème.

Et cela ne se produirait que de la pire manière possible : en générant de l’inflation, comme en Argentine.

Les krachs ont bien eu lieu

En l’occurrence, la bulle des dot-com a bel et bien éclaté et l’économie a bel et bien sombré. Au cours des deux premières décennies du XXIe siècle, le taux de croissance du PIB par habitant n’a représenté que la moitié de ceux enregistrés au siècle précédent.

Et les actions ont bel et bien emboîté le pas du Japon. Et pas à une seule reprise mais bien trois : le krach des dot-com lui-même en 2000, puis une nouvelle fois lors de la crise des prêts hypothécaires de 2008-2009, et enfin lors de la crise du Covid en 2020.

A chaque fois, l’Etat est venu à la rescousse de Wall Street avec toujours plus d’argent, à tel point qu’au cours des 20 premières années du XXIe siècle, la Fed a augmenté son bilan de 8 000 Mds$ (mesure approximative de la masse monétaire), et la dette « nationale » américaine a augmenté de 23 000 Mds$.

Les parieurs et les flambeurs de Wall Street se réjouissent. L’indice Dow Jones Industrial Average est passé de 11 000 points en 1999 à 36 000 en 2021. Et les riches – les 10% qui détiennent plus de 80% des actions et obligations américaines – se sont encore plus enrichis. Reconnaissants, ils ont rendu la pareille en offrant de généreux financements aux campagnes politiques et aux groupes de pression.

Le ralentissement de la croissance aussi

Mais l’économie a ralenti… la délocalisation des activités manufacturières – l’une des principales sources d’emploi bien rémunéré – s’est poursuivie, les investissements réels par habitant (essentiels pour la croissance économique réelle) ont chuté… et les Etats du centre des US ont progressivement sombré dans la morosité et la tourmente.

En 2008, un nouveau président a promis « un changement ». Mais aucun changement de cap ne s’est produit. Ensuite, en 2016, un autre nouveau président a promis de restituer sa grandeur à l’Amérique. Mais on a découvert qu’il s’inscrivait davantage dans la tradition des dictateurs sud-américains de pacotille que celle des véritables réformateurs.

A présent, la visite du Japon, aussi imparfaite fut-elle, est révolue.

Buenos Aires nous voilà !

Des hordes de pilleurs

Un article a attiré notre attention, il y a quelques mois. Un camion transportant du bétail traversait un quartier défavorisé de Buenos Aires, en route vers l’abattoir. Les gens du quartier l’ont stoppé, ont fait descendre une vache qu’ils ont abattue en pleine rue.

Début janvier, en Californie, des hordes de pilleurs ont fracturé des wagons de containers et dérobé tout ce qu’ils ont pu trouver.

Selon Bloomberg :

« Les images diffusées par CBS montrent, alignées le long des voies ferrées, des rangées de colis provenant de transporteurs comme UPS et Amazon.com Inc., et dont un grand nombre arrive d’Asie via Los Angeles et Long Beach, les plus grands ports du pays.

Les pilleurs sont repartis avec les colis qui contenaient toutes sortes de produits de grande consommation, laissant de côté ce qu’ils considéraient comme n’ayant pas assez de valeur, notamment des tests de Covid-19 et des EpiPens, ces médicaments utilisés pour traiter les réactions allergiques sévères. »

Les gens sont de plus en plus désespérés, sans foi ni loi, et dépendants. Ils ne comptent plus sur un travail décent leur permettant de gagner de l’argent. A la place, ils recherchent de nouvelles opportunités de vol, d’arnaque et d’aides sociales.

Cet argent – que l’Etat prend à ceux qui l’ont gagné pour le remettre sous forme d’aides à des gens qui ne l’ont pas gagné – représentait seulement 5% du PIB, en 1970. Aujourd’hui, il représente plus de 20%.

Et alors que les classes défavorisées commettent de petits délits, les classes supérieures, elles, optent plutôt pour le grand banditisme.

Le 10 janvier, on a également appris la démission de Richard Clarida, l’un des gouverneurs de la Fed. C’est la troisième démission, ces derniers mois, dans un contexte où l’on découvre que les grands patrons de la Fed commettent des délits d’initié depuis des années.

La méthode de la Pampa

Mais même leurs millions sont peu de choses, face aux milliers de milliards de dollars siphonnés par l’élite au fil de ces 20 dernières années. Sans la connivence et les manipulations de la Fed, leurs avoirs sur le marché actions – désormais d’environ 48 000 Mds$ – vaudraient probablement moins de la moitié de leur valeur actuelle.

Et avec la corruption – en payant des choses dont on n’a pas besoin avec de l’argent que l’on n’a pas – vient l’inflation. Selon le taux officiel, l’inflation s’élève désormais à 7%, aux Etats-Unis, soit la hausse la plus forte sur 12 mois jamais enregistrée depuis 1982.

Mais une minute… Dans les années 1990, l’Etat a modifié la façon de calculer l’inflation. Si on la calculait comme on le faisait en 1982, elle s’élèverait à 15%, aujourd’hui.

Même à son apogée, dans les années 1970, l’inflation n’a jamais atteint un niveau aussi élevé, aux Etats-Unis. Pour retrouver le niveau d’inflation actuel, il faut remonter 96 ans en arrière – à 1917 – quand elle affichait 17%.

Et les mensonges ! En Argentine, on a toujours imputé l’inflation aux grandes entreprises, au capitalisme, et aux Etats-Unis, pour ne citer que ceux-là.

A présent, aux Etats-Unis, l’équipe de Biden – ainsi que les démagogues tels qu’Elizabeth Warren – suivent la méthode issue de la Pampa, en tentant de disculper leurs propres politiques néfastes.

Comme l’a dit Lincoln, « on peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps », et comme l’a prouvé le gouvernement argentin, ces 70 dernières années, c’est largement suffisant !

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