La Chronique Agora

L’anticapitalisme, le business le plus rentable de France

La chose est entendue : le capitalisme et le libéralisme ne sont en odeur de sainteté sur aucune case de l’échiquier politique français.

On peut cependant douter de la pertinence du diagnostic de nos politiciens étatistes lorsque l’on voit à quel point certains d’entre eux ont du mal à tenir un raisonnement logique, voire ne serait-ce qu’à compter.

Innumérisme : un drame français

Du point de vue des autorités publiques, la population française devrait prendre quelques cours de rattrapage en économie.

Comme le relevait le magazine Capital le 5 juin :

« Un certain nombre de Français maîtrisent mal l’économie, ce qui peut conduire certains à ‘passer à côté d’opportunités’ ou à prendre des risques exagérés, a notamment souligné Mark Béguery, à la tête de la direction ‘éducation financière’ fraîchement créée au sein de la Banque de France. »

Je passe sur le fait que la Banque de France ait pris à son compte une tâche qui me semble empiéter sur les prérogatives de l’Education nationale – on n’est plus à ça près.

Ce qui me chagrine dans cette histoire, c’est surtout que cet innumérisme français est loin de ne toucher que le grand public.

Nos politiciens sont concernés de très près par le problème ; il semble même que plus on est étatiste, plus on a du mal avec les chiffres.

Prenons par exemple le cas de Manon Aubry (LFI). En l’espace de seulement trois semaines, la députée européenne a réussi la prouesse de se ridiculiser à deux reprises.

La première fois, c’était au sujet de l’augmentation du prix de l’électricité, en oubliant tout simplement de réfléchir, sans même qu’il y ait de calcul à faire…

… comme le lui a gentiment rappelé Guillaume Nicoulaud :

La seconde fois, c’était lorsqu’elle expliquait au micro de Sud Radio que 100/365 est supérieur à 2 (en oubliant au passage que 100 Mds$, c’est le montant de la fortune de Bernard Arnault et pas son revenu annuel, mais passons).

Voici le verbatim :

« Vous voyez, moi, j’ose dire qu’il y a quelqu’un qui gagne plus de 100 Mds$, plusieurs milliards par jour – par jour ! – je crois qu’on se rend même pas compte, et moi ça me révolte. […] On ne va même pas gagner en une vie entière ce que Bernard Arnault gagne en quelques heures. »

S’il y en a bien un qui s’est rendu compte que ce calcul mental est quelque peu bancal, c’est notre fameux commentateur taquin.

Manon Aubry rejoint donc la liste de nos illustres politiciens chez qui l’affect prend facilement le pas sur la rationalité. Marine Le Pen l’avait théorisé, Marlène Schiappa et Isabelle Saporta l’ont reformulé : là où les gentils ont un cœur, les méchants ont à la place « une vision comptable des choses » (MLP), « une calculette » (MS), « un fichier Excel » (IS). 

On attend impatiemment la formule que nous proposera la jeune Manon Aubry lorsqu’elle aura atteint sa maturité politique.

La bonne nouvelle, cher lecteur, c’est que l’économie privée vient de proposer un remède aux lubies nos politiciens étatistes de tous bords !

La maison de jeux Hasbro vient en effet de sortir un « Monopoly Socialism ». Cette version révisée de son Monopoly regorge d’éléments drôlatiques qui rappellent, pour le bonheur des petits comme des grands, que « le socialisme ne marche jamais, nulle part, même un peu, même de loin, même par hasard, même sur un malentendu », comme le récapitule à juste titre le Collectif Antigone.

Que voilà un excellent cadeau si vous avez un élu dans votre entourage ! Le jeu n’est cependant pas encore disponible en France, il vous faudra donc débourser 64,85 $ sur Amazon plus les frais de port pour l’acquérir.

Lutte anticapitaliste : ceux qui savent compter

Vous voyez, chez lecteur, le monde se divise en deux catégories, comment ne cesse de le rappeler le twittos de choc @ZeClint.

Pour ce qui est des anticapitalistes, il y a ceux qui ne savent pas compter… et les autres.

Les dirigeants de syndicats ouvriers font partie de la seconde catégorie.

Par exemple, Le Parisien révélait en novembre dernier que, du côté de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, secrétaire général en 2017, avait alors perçu une rémunération brute qui « s’est élevée à 100 334,63 € : un salaire annuel brut de 62 816,90 € auquel se sont ajoutées de nombreuses primes (primes de permanence, primes vacances, primes d’activité culturelle et sportive, prime de fin d’année, prime de sujétion…). En tout, cela correspond à 8 361 € bruts par mois », comme le résumait Le Figaro.

A cela, il convient d’ajouter une prime de départ à la retraite de 22 792 € ainsi que 34 000 € de notes de frais remboursées, dont une kyrielle de factures de cartes bancaires non détaillées.

C’était toutefois moins que Pascal Pavageau (50 000 € de notes de frais), alors futur ex-secrétaire général de FO. L’ancien collègue de Jean-Claude Mailly avait en effet été contraint de démissionner après que le Canard Enchaîné avait révélé « l’existence d’un fichier sur les principaux cadres de l’organisation. Ils y étaient qualifiés de ‘niais’, ‘francs-maçons’ ou ‘trop intelligent pour entrer au bureau confédéral’ », comme le rappelle La Dépêche.

Ce genre de dérives serait beaucoup plus difficile à mettre en œuvre si les syndicats de salariés renonçaient à leurs financements publics, comme le MEDEF a annoncé au mois de juin qu’il le fera à compter de 2023. A partir de cette date, le syndicat patronal ne bénéficiera plus pour fonctionner que des cotisations volontaires des entreprises membres. Il deviendra ainsi entièrement dépendant de son efficacité. En faisant une croix sur 4,5 millions d’euros par an, Geoffroy Roux de Bézieux a annoncé qu’il devra faire des économies sur les frais de fonctionnement du syndicat, et recruter plus d’adhérents. Tel est le prix de la liberté.

Du côté des syndicats de salariés, on préfère rester sous la tendre mamelle de l’Etat plutôt que de s’émanciper de ce dernier. Philippe Martinez, qui a vu sa rémunération augmenter de plus de 10% en 2018, ne semble pas s’affoler du fait que les salariés fuient la CGT comme la peste.

Visiblement, le fait que le secrétaire général de la CGT reste payé – et même augmenté – quelles que soient ses performances professionnelles ne le chagrine pas plus que cela.

Dieu qu’il est dur de lâcher le grisbi une fois qu’on a mis la main dessus !

Au mois de mai, la journaliste Judith Waintraub a retrouvé l’ancien député UMP qui en 2011 était responsable à l’Assemblée nationale d’un rapport d’enquête sur « Les mécanismes de financement des organisations syndicales d’employeurs et de salariés ». Grâce à certains élus PS et UMP, le rapport Perruchot avait eu l’honneur d’être le premier rapport parlementaire à ne pas être publié par les autorités publiques dans l’histoire de la Vème République. Le document avait cependant fini par être mis en ligne par Le Point en février 2012.

Au mois de mai, Nicolas Perruchot évoquait toujours une « aristocratie syndicale qui en croque depuis des décennies », en dépit du fait qu’elle ne cesse de perdre des adhérents.

H16, qui n’a pas l’habitude d’y aller avec le dos de la cuillère, évoque quant à lui des syndicats qui…

« … Ne sont plus qu’une forme différente de mafia, plus ou moins institutionnalisée et tolérée tant par l’Etat officiel, qui y trouve son compte, que par les salariés eux-mêmes qui n’ont de toute façon pas le choix et dont certains continuent de croire les balivernes médiatiques qu’on tartine à leur sujet. 

Pour les autres, ces mésaventures constitueront d’excellents rappels à la réalité : le pays a été mis en coupe réglée par les collectivistes, qu’ils soient dans les administrations, véritables colonisateurs du pays, ou dans les syndicats, mafia discrète mais très efficace pour elle-même. »

Au final, quand on sait compter, on arrive vite à la conclusion suivante…

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