La Chronique Agora

Les Américains sont aveuglés par l’argent de la planche à billets

Une lune maléfique se lève… et des loups-garous hantent les Etats-Unis. En cause : une vision entièrement déformée de l’argent, d’où il vient et ce qu’il permet de faire.

Aux Etats-Unis, les dents deviennent plus longues. Le soir, on entend des hurlements dans les banlieues, des loups-garous, des sorcières et des farfadets dansent autour d’un feu… et une lune maléfique se lève.

Pour l’instant, les Américains sont enivrés de naïveté, d’illusions et d’argent fraîchement sorti de la planche à billets.

Protégés par deux immenses océans, ils n’ont jamais été réellement envahis, bombardés ou occupés (nous excluons la guerre [anglo-américaine] de 1812).

Ils n’ont jamais été obligés de vivre sous l’emprise du communisme… ou du fascisme… ou d’une dictature meurtrière. Ils n’ont jamais eu un gouvernement gravement corrompu, non plus… et n’ont jamais expressément dévalué le dollar.

A présent, ils vivent dans une bulle. « Cela ne peut pas arriver ici », se disent-ils.

Au moment où la République des Etats-Unis a été créée, toutefois, les gens avaient vu ce que le papier-monnaie avait fait à l’Angleterre et à la France, au cours de ce même siècle… et ce que leurs propres « continentals », une sorte de prototype du dollar actuel, avaient fait au cours de la Révolution.

Le « continental » était une monnaie papier créée pour financer la révolution américaine – mais dès 1780, il a « expiré sans un râle », après avoir perdu 99,9% de sa valeur.

Alors lorsque les pères fondateurs ont rédigé la Constitution, ils ont intégré une clause conçue pour protéger le peuple américain de « l’argent de la planche à billet », en exigeant en particulier qu’aucun Etat fédéré ne puisse « […] donner cours légal […] à autre chose que la monnaie d’or ou d’argent ».

A cette époque, les Etats fédérés émettaient leurs propres monnaies. Désormais, c’est l’Etat fédéral lui-même qui émet le dollar… sans une once d’or ou d’argent pour le soutenir.

L’argent du monde réel

Nous avons examiné de quelle façon cet argent falsifié produit des politiques publiques elles-mêmes falsifiées, et finit par détruire une économie, une société et un système politique.

En gros, lorsqu’on est convaincu qu’il suffit de tapoter quelques touches d’un clavier d’ordinateur pour créer de l’argent réel, on est prêt à croire n’importe quoi.

Comme nous l’avons vu vendredi, vous pensez peut-être que ce n’est pas un problème de fermer l’économie tout entière. Pourquoi pas ? On peut couvrir les pertes avec de « l’argent venant du gouvernement ».

Sauf que « l’argent » venant du gouvernement est falsifié.

L’argent réel fait partie du monde réel. Il est limité. Comme le temps. Vous ne pouvez créer du temps en plus sous prétexte qu’il serait bien pratique d’avoir une heure de sommeil supplémentaire.

Et si l’Etat veut financer un projet… avec de l’argent réel… il faut qu’il prenne cet argent ailleurs.

Voilà pourquoi l’or est si utile en tant que monnaie. L’or est limité, comme le temps. Chaque once doit être découverte, extraite du sol, traitée et stockée…

La production d’or exige du temps, des compétences et des ressources, en d’autres termes, tout comme la création de tout autre type de richesse.

Des programmes déments

Et ainsi, l’or connecte la monnaie au temps, à la sueur, au travail et aux risques du monde réel.

Dans ce monde réel, toute décision… tout choix… doit être pesé en prenant en considération les contreparties.

Combien de temps cela prend ? Combien de ressources cela exige ? Qu’est-ce que cela retire aux autres choses que nous voulons ou dont nous avons besoin ?

Normalement, ces questions se réduisent à une seule : combien ça coûte ?

Mais est-ce que quiconque s’est donné la peine de poser cette question cruciale quand les mesures liées au Covid-19 ont été déployées : le confinement, le sauvetage, le PPP (plan de sauvegarde de l’emploi) et les indemnités chômage ?

Le côté dément de ces indemnités de chômage est évident : le bénéficiaire moyen gagne plus d’argent, en fait, avec ces indemnités, qu’en occupant son emploi, où il créait de la richesse réelle.

Et quand Kanye West a annoncé son bonus d’un million de dollars pour les femmes qui ont un bébé ? Est-ce quelqu’un a regardé ce que cela coûtait ?

A quoi bon, ceci dit ? Dans un monde où règne l’argent falsifié, les prix n’ont aucun sens.

Même lorsque les plans sont chiffrés en dollars – un sauvetage de 3 000 Mds$, le plan « Build Back Better » [« Reconstruire mieux », NDLR] à 7 000 Mds$ de Joe Biden, le plan de soutien des républicains à 1 000 Mds$ –, ce ne sont que des chiffres.

Ils ne représentent plus des coûts réels, des sacrifices réels, ou des compromis réels. On part du principe que personne ne les paiera jamais.

Un sauvetage à 3 000 Mds$ devrait s’accompagner d’un surcroit d’imposition de 30 000 $ par contribuable américain.

La guerre contre le terrorisme devrait être facturée à chaque contribuable US à hauteur de 70 000 $ par personne environ.

Le déficit budgétaire fédéral, cette année, est chiffré à 4 000 Mds$. Mais quel contribuable américain a vu débarquer 40 000 $ à payer en plus sur son avis d’imposition ?

Aujourd’hui, aucun prix n’est trop élevé, et aucun plan n’est trop dément.

Mais tout le monde sait que l’argent est bidon… que les plans sont falsifiés… de même que l’économie… et que le marché actions est frauduleux.

… Et une lune maléfique se lève.

A suivre…

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