L’aggravation de la crise énergétique et la politique du gouvernement allemand mènent le secteur industriel local droit dans le mur.
Le président de l’Association allemande de l’industrie chimique (VCI), Markus Steilemann, a lancé un avertissement : l’Allemagne risque de passer d’un pays industriel à un « musée industriel » en raison de la politique énergétique du gouvernement fédéral. Selon lui, l’Allemagne risque de subir de fréquentes pénuries d’électricité, car les énergies renouvelables sont insuffisantes pour répondre aux besoins énergétiques du pays.
Parlant de l’énergie éolienne, il a affirmé que l’Allemagne aurait besoin de construire 10 éoliennes par jour pour mettre en œuvre la transition énergétique. Le problème est que ces éoliennes nécessitent des quantités très importantes de matières premières.
La comparaison est rapide, pour lui : « C’est la moitié d’une Tour Eiffel. Cela signifie cinq tours Eiffel chaque jour. Et cela durant les huit prochaines années ! »
Steilemann a clairement remis en question cet effort : « J’aimerais voir comment nous pouvons réellement mettre en place cet avancement. »
Aucune préparation
Pour souligner le problème, l’industrie sidérurgique allemande est déjà gravement menacée, avec des fermetures d’usines dans tout le pays en raison de la flambée des coûts de l’énergie. La question devient alors de savoir si l’Allemagne peut même obtenir suffisamment d’acier abordable pour construire le nombre nécessaire d’éoliennes.
Même si l’Allemagne pouvait s’en sortir au cours des huit prochaines années, cela ne résout pas la crise énergétique à laquelle le pays est confronté aujourd’hui et qui se prolongera dans les années à venir.
Notez par exemple qu’une manifestation a surpris récemment par son ampleur : alors qu’elle devait impliquer 400 personnes, elle a finalement réuni 4 000 des 59 000 habitants de Stralsund, dans le nord-est de l’Allemagne. Des milliers d’Allemands réunis pour s’opposer à la politique énergétique de leur gouvernement, mais le mouvement pourrait prendre de l’ampleur très vite, étant donné que la situation a peu de chances de s’améliorer.
Le directeur général de VCI, Wolfgang Große Entrup, a également appelé à des progrès rapides vers la transition énergétique prévue du pays. Selon lui, la rapidité est de mise, car la situation devient de jour en jour plus dramatique, selon un rapport du journal allemand Bild.
« Nos entreprises ont besoin d’air pour respirer rapidement. On ne peut plus attendre rien ni personne. Il s’agit de sauver les structures industrielles qui rendent notre prospérité possible », a déclaré Entrup.
Mais si l’Allemagne est confrontée à cette crise massive, ce n’est que parce qu’elle s’est pliée aux pressions américaines. Et, selon le politologue hongrois Zoltán Kiszelly, les Allemands ont plus peur des Américains que des Russes.
Le gouvernement hésite
Les critiques pointent également du doigt les échecs du ministre allemand de l’Économie Robert Habeck et du gouvernement fédéral. Jörg Rothermel de l’association Energy Intensive Industries of Germany (EID) affirme que Habeck est « très en retard » avec les plans d’expansion.
« Le gouvernement fédéral doit accélérer drastiquement le rythme de l’expansion, sinon l’objectif ne sera pas atteint », a-t-il prévenu.
Matthias Frederichs, le chef de l’Association des matériaux de construction (BVB), demande à Habeck et au chancelier Olaf Scholz de connecter toutes les capacités disponibles pour produire de l’électricité au réseau, y compris les centrales nucléaires, « sinon, les risque de faillites et d’émigration seront incontestables ».
Jusqu’à présent, le gouvernement de gauche allemand a principalement résisté aux appels à la réouverture des centrales nucléaires, contre lesquels le Parti vert s’est longtemps battu.
Fredrichs soutient que l’industrie allemande a un besoin urgent d’assez d’électricité verte et bon marché, mais le gouvernement n’a aucun plan dans un avenir prévisible qui pourrait remédier au problème. Il a noté que les coûts de production ont doublé depuis le début de la guerre, principalement en raison de la flambée des prix de l’électricité. Frederichs a souligné que ces coûts doivent être réduits de moitié pour rendre la production à nouveau rentable.
Une porte-parole de Habeck a admis que la sécurisation d’approvisionnements énergétiques suffisants et la transition vers l’énergie verte est un « effort énorme » et que « les objectifs d’expansion sont sans aucun doute ambitieux ».
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