Les algorithmes précis, rapides et stupides constituent un danger de krach pour des marchés financiers où les volumes traités sont en augmentation exponentielle.
« Si les machines décident de vendre, qui restera-t-il pour acheter ? » Voilà la question que se pose le célèbre Doug Kass, président de Seabreeze Partners.
Comme beaucoup d’autres (dont moi-même), il aimerait bien avoir une réponse…
Ces « machines, » ce sont les ordinateurs qui font tourner des algorithmes de trading complexes – des logiciels pré-programmés qui laissent les ordinateurs « réfléchir » et spéculer par eux-mêmes.
Aujourd’hui, ces ordinateurs contrôlent un tiers de la totalité des volumes des bourses américaines.
Est-ce un bien ou un mal ?
Un ordinateur est bien plus intelligent qu’un homo sapiens.
Mais un ordinateur est bien plus bête qu’un homo sapiens.
C’est un savant idiot, rien que de l’intelligence, pas de bon sens – Rain Man fait de silicium et de câblages.
Il peut additionner deux plus deux mais ne peut faire correspondre deux avec deux…
Il y a quelques années, Watson, le superordinateur d’IBM, affronta deux des meilleurs compétiteurs de l’histoire du jeu télévisé Jeopardy!.
Il les battit à plate couture.
Mais lorsqu’on lui donna l’indice « c’est ce que mangent les cigales, » Watson ne comprit pas.
A propos de ce paradoxe, le surdoué Leo Cherne explique :
« L’ordinateur est incroyablement rapide, précis et stupide. L’homme est incroyablement lent, imprécis et intelligent. »
En arithmétique, on peut parier à deux contre trois pour l’ordinateur et un contre trois pour l’homme.
Mais lorsqu’il s’agit de bon sens…
Peut-être vous souvenez-vous du 19 octobre1987, qualifié de « lundi noir » de la bourse.
Ce jour-là, le Dow dévissa de 22% – le plus grand krach boursier en un jour de l’histoire.
Si les ordinateurs, intelligents et stupides, n’en sont pas à l’origine, c’est pourtant bien eux qui ont transformé un jour de baisse à Wall Street en lundi noir.
Dès que les premiers vendeurs se manifestèrent, les ordinateurs s’affolèrent et vendirent, vendirent, vendirent.
Le New York Times :
« Avec l’avènement des ordinateurs, le jugement des hommes a pris fin. »
L’homme n’intervint que lorsque le Dow perdit 22% de sa valeur en un seul jour.
La livre sterling plongea de 6% en deux minutes le 7 octobre 2016.
Une variation de 1% ou de 2% par jour pour un actif aussi liquide que la livre est déjà exceptionnelle. Ce jour-là… un dévissage de 6%… en deux minutes…
Qu’est-il arrivé ?
Un ordinateur remarqua une « fake news » sur la livre sterling. Il se mit donc en tête de vendre la devise anglaise ce jour-là.
Les grands esprits auraient pensé la même chose.
Par conséquent, la vente engendra de la vente qui engendra de la vente, et les ordinateurs se retrouvèrent toute une journée sur un champ de course avant que la loi et l’ordre ne finissent par être restaurés.
Kathleen Brooks, directrice de recherche chez City Index, une société de paris financiers, explique :
« Apparemment, c’était un algorithme fou qui a déclenché le décrochage de la livre sterling… De nos jours, certains algorithmes s’appuient sur des sites d’informations pour trader… Par conséquent, un déluge de gros titres négatifs sur le Brexit aurait pu inciter un algorithme à considérer cela comme un important signal de vente de la livre… Une fois que la livre a commencé à baisser, des algorithmes plus techniques ont sans doute suivi, aggravant cette forte et brusque pression à la vente. »
Intelligents mais stupides.
Bill Black est un ancien régulateur fédéral qui a enquêté sur la crise du crédit immobilier des années 1980 et 1990.
Selon lui, ces ordinateurs à la fois intelligents et stupides pourraient provoquer des « faillites en cascade »– comme celles qui ont suivi l’effondrement de Lehman en 2008 : « si suffisamment de mauvais événements se produisent simultanément, des institutions financières pourraient faire faillite, même celles qui sont très importantes. »
Toujours selon lui, il n’est pas question de savoir si cela aura lieu mais quand.
Jim Rickards connaît bien les effets de contagion de la crise financière.
Jim était avocat général chez Long Term Capital Management, l’épicentre de la crise monétaire de 1997 qui a failli faire tomber les banques de Wall Street.
Selon Jim, une liquidation amplifiée par les ordinateurs pourrait entraîner « une chute du marché de 20% ou plus en un seul jour, comparable au krach boursier d’octobre 1987 ou à la crise de 1929. »
Jim défend la théorie de la complexité comme méthode d’actions sur les marchés. Selon lui, il faut s’attendre à ce qu’il y ait plus de ce type de krachs… y compris le grand krach :
« Ce type de krach soudain, inattendu, qui semble venir de nulle part, est totalement cohérent avec les prévisions de la théorie de la complexité. Augmenter l’échelle de marché expose à des effondrements plus importants selon une corrélation exponentielle…
Finalement, il y aura un krach éclair (« flash crash« ) dont on ne se relèvera pas et qui marquera le début d’une contagion mondiale et d’une panique financière pire que celle que le monde a connue en 2008. »
Que se passera-t-il si ces idiots d’ordinateurs deviennent fous et que le Dow plonge de 5 000 points avant qu’on ne puisse les débrancher ?
[NDLR : ne déposez plus un centime en banque avant d’avoir lu le dernier livre de Jim Rickards, En marche vers la faillite. En cas de nouveau krach, votre éparge serait gelée. Découvrez comment vous prémunir de cela en commandant ici le dernier ouvrage de Jim Rickards.]
N’oublions pas que l’homme est lent, imprécis et intelligent tandis que l’ordinateur est rapide, précis et stupide.
Mais l’homme est-il si intelligent que ça en confiant son argent à des ordinateurs stupides ?
Après tout, quel est le pire ? Etre un imbécile ?… Ou suivre un imbécile ?