La Chronique Agora

Après ça, qui ferait encore confiance aux Etats-Unis ?

ALENA - USMCA - USA - Mexico - Canada

L’accord commercial Etats-Unis-Mexique-Canada pénalisera lourdement l’industrie automobile et renchérira les voitures mais il engraisse lobbyistes et négociateurs.

Nous reprenons là où nous nous étions arrêtés vendredi.

Le grand gagnant du nouvel Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), désormais appelé Accord USA-Mexique-Canada (USMCA), c’est le Marigot.

Jeffrey J. Schott, du Peterson Institute for International Economics, donne quelques détails :

« [L’accord] ajoute couche après couche de nouvelles réglementations coûteuses auxquelles les producteurs doivent se plier afin de pouvoir bénéficier des taxes douanières réduites de l’ALENA — des conditions qui ont toutes les chances de faire grimper le coût des automobiles pour les consommateurs et qui réduiront très probablement les emplois américains dans le secteur automobile. Très simplement, le pacte est intentionnellement conçu pour régenter le secteur automobile en dépit du bon sens, alors qu’il s’agit d’un important moteur de production et d’emplois manufacturiers à salaire élevé dans les trois pays ».

Le meilleur accord commercial, c’est pas d’accord commercial du tout. Laissez les autorités en dehors de ça ; que les gens passent les accords qu’ils souhaitent.

C’est particulièrement simple et évident dans des pays comme les Etats-Unis et le Canada, où le niveau de vie, les salaires, la langue, les réglementations environnementales et autres sont très similaires.

Les lobbyistes sortent gagnants et les acheteurs d’automobiles perdants

Les échanges entre le Canada et les Etats-Unis pourraient être aussi libres qu’entre New York et l’Alabama…

… Mais cela exclurait les bestioles du marigot. Elles gagnent de l’argent en parasitant le libre-échange, pas en le facilitant.

A présent, avec le nouvel ALENA, tout dégoulinant d’eau graisseuse du marigot, elles ont bien plus de marge de manœuvre. L’équipe Trump leur a donné un accord commercial digne des compères — où ce que vous obtenez dépend largement des sommes que vous versez à vos lobbyistes.

Schott à nouveau :

« Si l’on se base sur une analyse du Peterson Institute for International Economics (PIIE), les nouvelles règles et les exigences quant aux salaires minimum engendreront probablement une industrie automobile nord-américaine moins compétitive, avec moins d’investissements dans les usines US et moins d’emplois américains dans le secteur — exactement le contraire de ce qu’affirment les autorités. Selon les nouvelles règles, les voitures ou les camions devront désormais comporter au minimum 75% de production nord-américaine pour pouvoir être importés sans droits de douane, une hausse par rapport au niveau actuel de 62,5%.

 De plus, 70% de l’acier et de l’aluminium doivent être produits en Amérique du nord, et 40% d’une voiture ou d’un camion doivent être fabriqués par des ouvriers rémunérés au moins 16 $ de l’heure, vraisemblablement pour empêcher les entreprises de transférer leurs chaînes de montage au Mexique. Les producteurs de voitures particulières doivent soit se plier aux nouvelles règles soit renoncer à leurs avantages en termes de droits de douane régionaux.

 C’est probablement ce qu’ils finiront par choisir puisqu’ils sont libres dans ce cas d’utiliser des composants de n’importe quel pays, et ne paient alors que le tarif de la nation la plus favorisée (NPF), de seulement 2,5%, au lieu de devoir retrafiquer leur chaîne d’approvisionnement. Les producteurs de camions, en revanche, n’ont pas cette sortie de secours relativement peu coûteuse : la taxe US NPF sur les camions est de 25%. »

Cela laisse place à l’interprétation, en d’autres termes. Et en faisant miroiter des sinécures, des honoraires de conférencier, des accords de consultants et qui sait quoi d’autre encore… les profiteurs réussiront à convaincre les responsables politiques d’adopter leur point de vue.

C’est ainsi que fonctionne le Marigot.

Les Etats-Unis perdent leur partenaire commercial le plus loyal

Le libre-échange, de son côté, se produit sur la terre ferme. Il n’a besoin ni de lobbyistes ni d’initiés.

Mais le bluff, la brutalité et les bobards ne font pas qu’ajouter des coûts et réduire l’efficacité ; ils mènent aussi à des bourdes majeures. Le partenaire commercial le plus important et le plus loyal des Etats-Unis recherche déjà d’autres marchés et fournisseurs.

Selon Perrin Beatty, président de la Chambre de commerce canadienne :

« Le Canada doit retenir la leçon fournie par cette période turbulente : nous ne devons plus jamais nous laisser aller à être trop dépendants d’un seul partenaire commercial. Nous devons continuer à diversifier nos marchés pour nous protéger de futurs actes capricieux et injustes ».

 Qui voudrait faire affaire avec une brute ? Qui ferait confiance à M. Trump… ou au pays qui lui accordé la plus haute fonction ?

Nous n’en savons rien. Mais ce doit être une question que se posent les Chinois.

Et si M. Trump compte sur la stratégie de négociation familière du « chien enragé » — aboyer et grogner avec la ferme intention de reculer ensuite puis crier victoire — les risques avec la Chine sont bien plus élevés qu’avec le Canada ou le Mexique.

Parce que tout l’édifice de la richesse américaine — y compris la fortune de Donald Trump, Jeff Bezos et de millions de compères, brasseurs d’argents et spéculateurs — dépend de l’argent factice prêté à des taux factices et de l’économie « mondialisée » factice qu’il a créée.

Cet argent factice — 19 000 Mds$ ont été injectés dans la masse monétaire mondiale ces 30 dernières année par le biais des politiques de relance des banques centrales — a financé bien plus de centres commerciaux que nécessaire aux Etats-Unis… et bien plus d’usines que nécessaire en Chine.

Il a multiplié le marché boursier par 10 et a fait la fortune de l’industrie financière.

Et (en montant des millions d’électeurs contre leur propre élite), il a permis d’élire Donald Trump président.

Mais aujourd’hui, la bulle du crédit chinoise — encore plus grosse que celle des Etats-Unis, et gonflée par des fantasmes encore plus absurdes — est prête à éclater à tout moment.

Idem pour la bulle boursière américaine — avec des prix encore plus élevés, par rapport au PIB, qu’en 1929 ou 2007.

[NDLR : Mettez-vous à l’abri avant que cela n’arrive ! Cette stratégie vous permettra de transformer la catastrophe américaine en opportunités de gains : cliquez ici pour tout savoir.]

Idem pour la bulle médiatique insensée qui force les gens à se concentrer sur des futilités et des sottises.

Et voilà qu’arrive Donald J. Trump… aveuglé par ses propres idées idiotes… une épingle géante à la main.

Restez à l’écoute…

 

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