La Chronique Agora

Airbnb : pour 100 milliards, t’as plus rien !

L’introduction en Bourse d’Airbnb a été une réussite spectaculaire, comme on s’y attendait. Dans l’économie réelle, en revanche, son rôle est durablement néfaste.

Airbnb vient donc d’être vendue en Bourse par ses promoteurs.

Ils ont choisi ce moment non pas parce que l’affaire va bien ou a le vent en poupe – les voyages et l’hébergement sont au plus bas – mais parce que jamais il n’y a eu autant d’argent gratuit en quête d’emploi.

L’argent ne vaut plus rien, voilà ce que nous dit l’introduction en Bourse de cette société, pur champignon parasite issu de l’activité des banques dites d’investissement.

Airbnb s’est échangé à 165 $ en début de séance jeudi, soit plus du double de son prix d’introduction de 68 $ mercredi soir – valorisant la société au-dessus de 100 Mds$.

Je rappelle qu’Airbnb était valorisé 18 Mds$ il y a sept mois.

Je ne vais pas analyser le phénomène de la création de valeur de 100 milliards par l’alchimie boursière, je l’ai fait souvent et hélas, c’est un phénomène mal compris.

Il y a trop d’intérêts en jeu pour que ceci retienne l’attention.

Mieux vaut ne pas s’en préoccuper, si on tirait sur le fil, le pot aux roses se donnerait à voir ; la Bourse et ses mécanismes créent du pouvoir d’achat fictif solvabilisé par le crédit gratuit.

Concurrence déloyale

Avec cet argent, le système va pouvoir remployer ailleurs et détruire d’autres formes d’activités, par le biais de la concurrence déloyale financée par le système bancaire d’une part et les banques centrales d’autre part.

La concurrence est déloyale car Airbnb vend en dessous de ses prix de revient et est systématiquement en lourde perte. L’entreprise crée de la non-valeur : c’est de la destruction de vraie richesse au profit des initiés et privilégiés qui sont mis dans le bon coup au départ.

La consommation de ressources d’Airbnb est considérable : regardez l’évolution de ses pertes.

Mais la société est appréciée pour sa fonction de destruction de l’hébergement traditionnel ; le système financier paie pour cela, pour détruire une fonction de service qui a investi des centaines de milliards dans le monde pour accueillir les gens en déplacement.

Le secteur financier paie – avec de l’argent gratuit – pour la mise au chômage définitive de centaines de milliers de salariés de l’hébergement.

Les miracles n’existent pas, les centaines de milliards qui sont créés de cette façon par l’alchimie financière seront eux aussi détruits lors de la grande révulsion monétaire, c’est inéluctable.

L’ennui est que les activités réelles, concrètes, et les emplois qui y sont associés ne seront quant à eux jamais retrouvés.

Les politiques monétaires sont destructrices, elles favorisent, par le biais de la spéculation, les malinvestissements générateurs de pauvreté future.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile