La Chronique Agora

Afghanistan, le cimetière des empires (1/2)

Impérialistes, les Américains ? Oui… mais ils ne sont pas très doués en la matière, si on en juge par ce qu’il se passe en Afghanistan depuis quelques semaines. Quelles répercussions pour le reste du monde ?

« L’amour est comme la guerre », a dit Henry Louis Mencke : « facile à commencer mais très difficile à arrêter ».

Après 20 ans d’idylle, les Etats-Unis ont laissé tomber l’Afghanistan. Les talibans font déjà la cour aux cœurs brisés autour de Kaboul. Le mariage… sacré ou non… sera bientôt consommé.

Avez-vous regardé la télévision, ces dernières semaines ?

Les Afghans ne semblent pas franchement impatients de se faire étreindre par les talibans. D’ailleurs, les étoiles ont toujours maudit ce flirt improbable. Il était condamné avant même le premier baiser.

Les Américains sont de piètres impérialistes

Il faut savoir que les Américains sont un peuple agité. Nous sommes éternellement « à fond ». Toujours en quête de nouvelles aventures, de la prochaine opportunité.

Nous regardons perpétuellement plus loin.

En fait, les Américains sont de piètres impérialistes. La patience que cela exige nous fait tout simplement défaut.

Or la patience exigée pour apprivoiser et contrôler l’Afghanistan aurait mis à l’épreuve ce bon vieux Job au-delà de tout ce qu’un homme peut endurer… et il y aurait laissé son âme.

L’Afghanistan n’est pas tant une nation qu’une sorte de Vérone d’Asie centrale. C’est une terre désolée où les clans des Montaigu et des Capulet se font la guerre. Est-ce qu’ils finiront par s’entendre… et marier leurs enfants ?

Ce n’est pas demain la veille.

« Vous les Américains, vous avez des montres », dit le taliban. « Mais nous, nous avons le temps. »

C’est sûr qu’ils ont eu le temps, et qu’ils l’ont encore.

Les talibans n’ont pas eu besoin de gagner… pour gagner

Les talibans n’ont pas eu besoin d’une victoire. Il leur a suffi d’éviter une défaite.

Ils représentaient le boxeur qui n’a aucune chance face au grand champion. Leur stratégie a consisté à sautiller autour du ring tout au long des 12 rounds réglementaires pour faire échouer leur adversaire… puis à l’envoyer dans les cordes une fois acculé.

En fait, leur principale ambition n’était pas d’asséner un coup de poing mais d’en éviter un. Ils ont parié que l’adversaire finirait par se lasser de cette poursuite… qu’il jetterait l’éponge et descendrait du ring.

Ils ont eu raison… et à présent, ils récupèrent un fantastique trésor. La réputation de l’Amérique en prend pour son grade.

Cette scène représente l’ambassade des Etats-Unis à Saigon en 1975 :

Et cette scène représente l’aéroport international Hamid Karzai de Kaboul en 2021 :

Notez au passage que l’avion est en mouvement. Ces gens désespérés sont prêts à tout pour y monter.

Qui fera confiance aux Etats-Unis ?

Quid des alliés de l’Amérique ? Lui feront-ils confiance pour aller se battre à ses côtés, le cas échéant ?

Ils ont vu ces images. Ils ont suivi les informations. Or ces images et ces nouvelles n’inspirent aucune confiance vis-à-vis de la détermination des Américains.

Dans les années 1870, le gouvernement allemand n’acceptait pas les obligations américaines « quand bien même elles auraient été signées par un ange du paradis », comme l’a écrit quelqu’un.

Si la signature d’un ange vivant au paradis ne parvient pas à inspirer confiance, alors que dire de la signature d’un politicien vivant sur Terre… et qui plus est, d’un politicien vivant à Washington ?…

A suivre…

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