La Chronique Agora

L’affaire Trump : une distraction de plus

L’enquête lancée contre Donald Trump – et qui pourrait déboucher sur une procédure d’impeachment – n’est que du bruit, dans un système financier de plus en plus déconnecté de la réalité.

Maintenant c’est Trump qui est attaqué – c’est la contre-offensive dans l’affaire ukrainienne. Cela rajoute de l’incertitude. Cela fait de nouvelles distractions.

Et pendant ce temps, la dette mondiale continue de pulvériser tous les records.

Il y a de plus en plus de gens qui se baignent nus, selon la célèbre formule de Warren Buffett – il faut donc sans cesse remonter le niveau de la mer de liquidités et de crédit.

Les dysfonctionnements du système vont croissant car les remèdes apportés par les autorités n’en sont pas.  La politique monétaire n’est nullement monétaire, elle ne crée que de la monnaie morte, des chiffres dans les livres de comptes ; même les réserves ne sont pas des réserves, on l’a vu lundi !

Qu’est-ce qui fait la monnaie mondiale ?

La vraie monnaie, c’est celle qui vient du bas. Celle qui, dans le système mondial, est créée par la progression du total des bilans des grandes banques.

Ce ne sont pas les bilans des banques centrales qui importent – cela, c’est de la monnaie morte.

Non, ce qui compte, ce sont les passifs (liabilities) des grandes banques. Ce sont eux qui font, qui sont, la monnaie mondiale. Ce sont eux qui catalysent les échanges.

Or la peur du risque, les réglementions, les capacités bilancielles s’opposent à la progression des passifs du système bancaire mondial.

Les banques centrales ne le sont plus

Les banques centrales frappent fort… mais à côté de la cible. Elles ne sont plus centrales !

Toujours le fameux développement inégal : le monde réel progresse plus vite que les capacités à le comprendre. C’est comme notre Macron qui, n’ayant pas compris le mouvement de déglobalisation de la planète, nous adapte à la situation… d’il y a 15 ans. Il fait ce que Jacques Chirac aurait dû faire !

Le monde leur a échappé. C’est ce que Greenspan avait pressenti en l’an 2000 quand il avait reconnu, sans en tirer les conséquences, que nous ne savions plus ce qu’était la monnaie, ce qui en était et ce qui n’en était pas.

Les autorités monétaires sont monopolistiques : c’est pour cela qu’elles ne peuvent ni reconnaître leurs erreurs ni apprendre. Elles sont sacrées, incontestées et intouchables – c’est le grand problème de notre époque.

Quant aux autorités monétaire, je prétends même qu’elles ne sont même plus monétaires, la monnaie leur a échappé ! C’est le monde qui a changé et les mots, les concepts, se sont « décollés » de la réalité qu’ils prétendaient symboliser ou refléter.

Elles tiennent un discours conçu dans un autre temps sur une réalité qui a muté.

Hélas, il faudra une crise terrible pour en prendre conscience.

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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