La Chronique Agora

Les actions sont horriblement chères… et vont le devenir plus encore

▪ "Les actions sont horriblement chères", déclare James Montier. Il n’a pas tort ; nous avons d’ailleurs le sentiment qu’elles vont être encore plus horribles avant la fin de cette histoire. Bien entendu, lorsqu’elles seront si horribles que le simple fait de les regarder nous donnera des haut-le-coeur et nous fera courir vers les toilettes publiques les plus proches… c’est à ce moment-là qu’elles seront le plus adorées de tous.

Il y a là toute l’histoire de l’arrogance humaine ; un classique de la tragédie grecque… où l’homme va trop loin et fait pleuvoir sur lui la fureur des dieux vengeurs.
           
Bernanke, Yellen, Draghi, Kuroda — tous les protagonistes pensent être "plus sages que Dieu" lui-même. Ils pensent savoir que les gens s’en sortiraient mieux s’ils dépensaient leur argent au lieu de l’épargner… que les prix devraient grimper et non baisser… et qu’en manipulant les prix des actifs financiers — pour faire en sorte qu’ils semblent valoir plus qu’en réalité — ils engendreront une vraie croissance et une vraie prospérité.

"C’est la première quasi-bulle parrainée par une banque centrale", déclare Montier. Il appelle ça une "quasi-bulle". Nous ne savons pas s’il anticipe une autre double-bulle encore plus grande, énorme et gigantesque ; nous oui, en tout cas. C’est ce qui arrivera quand les événements actuels atteindront leur paroxysme. Ce n’est pas pour tout de suite. Nous allons devoir attendre une deuxième crise qui effraiera les autorités et les poussera dans une nouvelle série d’activités imprudentes et crétines. Et là… attention en dessous !

Partout dans le monde, les autorités financières utilisent les mêmes bâillons pour maintenir le calme

En attendant, partout dans le monde, les autorités financières utilisent les mêmes bâillons pour maintenir le calme. Les taux d’intérêt sont entravés. Les prix des actions et des obligations sont faussés. Toute l’économie de la planète est pervertie, avec des milliers de milliards de dollars créés à partir de rien pour financer des projets inutiles, superflus et inabordables partout dans le monde.

Les ménages, les entreprises et les gouvernements ont déjà trop de dettes. La réaction naturelle consisterait à rembourser cette dette ou la passer en pertes et profits. C’est là la "crise" qui a commencé en 2008-2009. Mais les autorités ont interrompu le processus ; depuis, elles luttent à la fois contre l’homme et la nature.

Et partout dans le monde, elles obtiennent les mêmes résultats.

▪ Le Japon, pire qu’on pensait
Du Japon — l’Oedipus Rex de ce spectacle — nous parviennent les nouvelles que la récession est "pire qu’annoncée initialement".

Le Financial Times nous en dit plus :

"La récession qui a frappé le Japon après une augmentation d’impôts en avril était plus profonde qu’annoncé à l’origine, a déclaré le gouvernement hier, jetant le doute sur ses efforts pour stimuler la croissance juste avant des élections générales.

Entre juillet et septembre, le PIB du Japon a chuté de 1,9%, un chiffre révisé à la hausse par rapport aux 1,6% initialement prévus.

‘L’échec des Abenomics est claire aux yeux de tous’, a déclaré Tetsuro Fukuyama, chef politique du parti d’opposition. ‘Les Abenomics ont provoqué un affaiblissement excessif du yen et une mauvaise inflation, elles ont nui aux ménages et fait caler la consommation’."

Qu’on appelle ça des Abenomics, des Yellenomics ou des Draghinomics, ces "nomics" sont les mêmes — tout comme la vanité monumentale qu’ils recouvrent

Beau travail, Abe. Son critique aurait pu ajouter que, qu’on appelle ça des Abenomics, des Yellenomics ou des Draghinomics, ces "nomics" sont les mêmes — tout comme la vanité monumentale qu’ils recouvrent. Les ministres des Finances et les banquiers centraux affirment savoir ce qui ne va pas dans l’économie… et ce qu’il faut y faire. Dans la mesure où une économie n’est qu’un agrégat des choix des consommateurs, des entreprises et des investisseurs, ce que les autorités font en réalité, c’est saper les désirs et les décisions de millions de gens — riches ou pauvres. Qu’elles le fassent au nom de la prospérité — qu’elles ne peuvent ni définir ni mesurer correctement — est aussi comique qu’absurde.

Pourtant, elles persistent… et partout, les choses se terminent à peu près de la même manière. Voici un autre article du Financial Times :

"Les salaires ont stagné dans le monde développé, les travailleurs ne profitant pas également de la reprise économique mondiale.

Le salaire réel moyen dans les économies développées a augmenté de 0,1% en 2012 et 0,2% l’an dernier, selon le rapport bisannuel sur les salaires mondiaux de l’Organisation internationale du travail. Les travailleurs de plusieurs économies riches, dont l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni, gagnaient moins qu’en 2007".

Voyons voir. Les autorités transfèrent des milliers de milliards de dollars de richesse mal acquise vers les riches. Elles font également grimper les prix pour les classes moyennes et inférieures. La croissance économique ralentit. Les bénéfices sont à la traîne. Et les niveaux de dette augmentent de plus en plus.

Nous pensons savoir comment cette histoire finit.

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