Nos PME déposent le bilan à un rythme qui se rapproche de 500 par mois… et ce sont celles-là qui devraient constituer le principal moteur des créations d’emplois en France.
Il y a dix jours, la France déroulait le tapis rouge aux multinationales, conviées depuis sept ans à Versailles – et reçues comme des reines, ça tombe sous le sens – afin qu’elles « choisissent la France » pour implanter data centers, laboratoires, chaînes de production, etc.
Le bilan de l’opération est positif, et nous ne trouvons pas beaucoup à redire au communiqué officiel de l’Elysée ainsi libellé : « Un record de 56 annonces pour un montant d’investissements de 15 Mds€ et la perspective de 10 000 emplois créés vont se déployer dans toutes les régions de la France métropolitaine. »
Avouez que 10 000 emplois, c’est bon à prendre… mais pourquoi s’acharner à en détruire au moins 100 000 (estimation prudente) cette année dans le secteur de la construction, qui est en proie à une crise historique ? C’est un secteur suradministré (la prolifération de normes y atteint de proportions uniques en Europe) et surfiscalisé.
La France connaît une crise orchestrée de toutes pièces par nos dirigeants depuis 2017, motivée par une détestation simpliste de « l’argent qui dort » et de la « rente immobilière ».
Les dernières statistiques de la Banque de France trahissent une surmortalité de PME unique en Europe (plus de 5 000 faillites, pire chiffre depuis fin 2009) : 90% des chefs d’entreprises qui déposent le bilan dirigent des structures de moins de cinq personnes.
La construction est le secteur le plus touché, le commerce de détail vient en second (en cause l’explosion de la facture d’électricité et la hausse des loyers), l’hôtellerie-restauration en troisième position.
Même si la Chine a exagéré en matière de soutien à l’économie via le soutien à l’immobilier (65 millions de logements restent inoccupés), ce qui débouche sur l’effondrement retentissant de promoteurs et la perte de millions d’emplois, l’excès inverse débouche également sur des pertes massives d’emplois, alors que contrairement à la Chine, la France souffre d’une pénurie chronique de logements (il n’y avait donc aucun risque de « bulle » à circonscrire).
Le gouvernement affirme – et c’est démenti à tout point de vue – que l’immobilier coûte trop cher à l’Etat (et de citer les effets pervers des APL) alors qu’au contraire, ce secteur constitue une vache à lait pour Bercy, avec des millions de contribuables captifs, taxables à merci… et surtout sans merci !
En revanche, l’Etat a mis sur la table des milliards d’euros de subventions (de quoi subventionner la construction de dizaines de milliers de logements sociaux, ô combien nécessaires), pour obtenir la création de quelques milliers d’emplois créés en France.
Les millions d’euros promis à McCain, pour moderniser ses chaînes de production de chips dans le Nord de la France, vont en réalité générer cinq nouveaux emplois.
Le contre-exemple serait Amazon qui va investir plus de 1,2 milliard d’euros, avec 3 000 emplois à la clé pour renforcer son réseau logistique de distribution de colis. Mais ce seront majoritairement des emplois de manutentionnaires payés au SMIC pour renforcer son réseau logistique de distribution de colis.
Bien sûr, Amazon a promis de créer des centres de données dédiés à l’intelligence artificielle, ce qui engendrera des recrutements de profils bien payés… mais si la France se voit consacrer 1,2 milliards d’euros, l’Allemagne va bénéficier d’une enveloppe six fois et demi plus importante, de l’ordre de 8 milliards d’euros.
Ce serait un peu exagéré de parler de « miettes » pour la France, mais la comparaison avec notre voisin germanique nous laisse un goût amer !
Dans le domaine de la santé, Pfizer veut investir 500 millions d’euros qui serviront à avancer sur le traitement de cancers, dont le nombre a proliféré après la campagne de vaccination massive anti-Covid de fin 2020 à mi-2022.
AstraZeneca, autre grand laboratoire pharmaceutique, dont le vaccin anti-Covid a été interdit pour cause d’un trop grand nombre d’effets secondaires (dans le plus grand silence de nos médias), a également promis un investissement de 365 millions d’euros… avec assez peu d’emplois à la clé.
Tout cela ressemble à un renvoi d’ascenseur à Macron, qui a donné le marché de la vaccination anti-COVID à Pfizer, Moderna et AstraZeneca … avec des résultats de moins en moins « convaincants » (c’est un doux euphémisme) en termes de santé publique en France.
Sur le plan de la « com’ », l’Elysée peut se targuer d’avoir attiré de grands noms, mais quel sera le bilan en termes d’emplois, et à quel coût pour les contribuables ?
Pendant ce temps, nos PME déposent le bilan à un rythme qui se rapproche de 500 par mois… et ce sont celles-là qui devraient constituer le principal moteur des créations d’emplois en France.
Surfiscalisées, elles ne s’en sortent pas… alors que les multinationales, déjà sous-fiscalisées, se voient proposer de nouveaux « avantages » (exonérations/subventions) qui leur offrent encore plus d’opportunités de faire de la marge, à l’inverse de leurs sous-traitants à l’échelon local.