▪ J’attendais désespérément, hier, l’annonce que l’année 2016 était en fait un poisson d’avril.
Le succès de Trump dans la campagne présidentielle ? Poisson d’avril !
Les attentats à Bruxelles ? Un canular sophistiqué, à l’aune de la Guerre des Mondes qui avait fait couler tant d’encre en 1938.
Les taux négatifs et autres « innovations » mirifiques des banques centrales ? Hahaha, on a bien ri, non ?
Hélas… Ce matin, il a bien fallu se confronter à la réalité : tout est vrai !… 2016 progresse inexorablement et la litanie de mauvaises nouvelles n’est pas près de prendre fin.
Déprimée, votre correspondante ? Non, non… enfin, peut-être un peu…
Je m’efforce de faire comme Bill Bonner, et de voir le bon côté des choses : à coup sûr, le système économique ploie sous les fardeaux toujours plus lourds qu’on lui entasse sur le dos… et ne va pas tarder à s’effondrer. On pourra alors recommencer sur de nouvelles bases plus saines — que du positif, n’est-ce pas ?
Sauf que… l’effondrement tarde à se produire. Comme le rappelait Bill mercredi :
« Jusqu’à présent, les banques centrales — Fed en tête — semblent avoir le contrôle de la situation.
Nous ne voyons pas vraiment d’érosion de la valeur de nos actifs financiers. Les actions et les obligations ont même vu leurs prix grimper.
Mais les entreprises sous-jacentes sont désormais couvertes de compères et de zombies — comme la coque d’un vieux bateau est incrustée de coquillages. Le navire ralentit… et s’enfonce de plus en plus dans l’eau. La formation de capital décline… la productivité coule… les salaires stagnent…
… Puis on se retrouve avec une population qui s’appauvrit au lieu de s’enrichir »…
▪ Pas vraiment un programme qui donne envie de se lever le matin, n’est-ce pas ?
Mais, là encore, cher lecteur, ne nous décourageons pas, allons chercher le positif. Simone Wapler tombait à pic jeudi, puisqu’elle nous annonçait que « tout va bien sur les marchés » !
Ah… c’est « parce que tout va mal dans l’économie réelle ».
Mais ne désespérez pas :
« L’économie réelle consiste à échanger librement des vrais trucs contre des vrais machins et pas simplement des bouts de papier assortis de promesses de payer un jour », expliquait Simone. « Le Marchandise World Trade Monitor nous dit que nous sommes revenus au point de 2009, lorsque la crise financière avait frappé de plein fouet l’économie mondiale qui se contractait (la ‘croissance négative’ selon Christine Lagarde).
Puisque tout va mal, les taux sont bas et vont le rester. Janet Yellen s’accroche au crédit gratuit, comme elle l’a confirmé dans son discours du 29 mars 2016.
Avec du crédit gratuit, très peu de choses risquent de vous faire perdre de l’argent. Vous pourriez même vous lancer dans la construction d’énormes bateaux pour transporter du fret inexistant, ce ne serait pas trop grave. Vous pouvez toujours prétendre que c’est de la relance et que ça occupe des chômeurs qui pourront ainsi consommer grâce à leur salaire retrouvé ».
Là, vous voyez ? Il y a toujours moyen de s’en sortir.
Allez, je vous laisse, j’ai un cargo à souder.
Meilleures salutations,
Françoise Garteiser
La Chronique Agora