▪ Livre Beige et vie en rose
La Fed a publié mercredi dernier son Livre Beige sur l’activité économique de ses différents districts. En résumé ? Très simple :
▪ Les matières premières font grimper les prix de certaines denrées alimentaires.
▪ Les salaires, en revanche, ne progressent pas car la pression sur l’emploi est toujours forte.
▪ L’immobilier reste très touché partout dans le pays et continue d’être un sujet d’inquiétude.
La Fed, envers et contre tout, a fini par une note positive : les consommateurs observés ont réagi positivement aux promotions et aux soldes de fin d’année…
Alors là, tout est dit ! Vous en connaissez beaucoup vous des consommateurs qui réagissent négativement aux promotions ? S’il échappe au chômage, le consommateur se voit imposer un travail à mi-temps ; et sa capacité d’endettement est largement dépassée.
Alors, oui le consommateur réagit positivement aux promotions. Merci la Fed. Sans compter que les chiffres des ventes de détail pour décembre sont ressortis bien moins bons que prévu.
▪ Une reprise aussi solide que lente ou le contraire…
Finalement, ce qu’il faut retenir de ce Livre Beige comme de la plupart des analyses macro-économiques produites par des institutions publiques ou très liées aux Etats, c’est qu’ils n’ont rien à dire. On ne compte plus les "reprises solides mais lentes", ou encore "la croissance est là, mais sera molle".
La palme est décernée sans aucun doute à la Banque mondiale qui ajoute : "l’économie mondiale entre dans une nouvelle phase caractérisée par une croissance plus lente, bien que toujours solide".
Plus lente que qui, plus solide que quand, nouvelle phase de quoi ? Bref… on n’en sait rien, mais au moins ça rassure.
▪ 2011 ?
Alors que j’étais interrogé par une journaliste financière cette semaine, elle me demandait mes thèmes principaux pour 2011. Je pense que cet optimisme ne perdurera pas.
En effet, à l’heure où nous ferons les comptes, nous constaterons sans doute que l’effort déployé par les institutions en assouplissement monétaire et autres mesures non conventionnelles auront finalement coûté bien plus cher que ce que cela n’aura rapporté.
▪ Mais il y a plus inquiétant : le risque inflationniste
Outre leur inefficacité, ces mesures vont générer de l’inflation dont les banques centrales n’ont pas forcément besoin.
La hausse des prix des matières premières devrait doper l’inflation. Elle est déjà très forte dans les pays émergents où les émeutes se multiplient.
La Zone euro affiche quant à elle un taux d’inflation de 2,2% bien embarrassant. Jean-Claude Trichet va être obligé de sortir de sa rhétorique habituelle dans les prochains mois. Et toute hausse des prix aux Etats-Unis obligera la Fed à calmer ses ardeurs en matière de "mesures non conventionnelles".
Les marchés ne vont pas apprécier du tout qu’on leur coupe les perfusions.
▪ L’Europe et le cercle vicieux de la dette
Le second thème que je choisirai sera bien entendu la dette, encore et toujours, des Etats. Je surveille de très près le Portugal. Demandera ? Demandera pas d’aide ? Beaucoup pensent que les marchés seraient rassurés de voir ce pays aidé par l’Europe entière. Je ne suis pas de cet avis.
Si le Portugal devait accepter une aide européenne, cela déclencherait un "cercle vicieux" une spirale où chaque pays de la Zone euro serait menacé de tomber. Les marchés traduiraient rapidement cela comme le début de l’écroulement du château de cartes européen.
Reste la solution de l’eurobond…
[Jérôme Revillier est issu de l’industrie spatiale européenne. Passionné en finance, autodidacte, il a passé plusieurs années à chercher un marché de référence, pour finalement se spécialiser sur le Forex. Cette autoformation financière et son expérience technique lui permet de trouver toujours des opportunités originales et parfois à contre-courant de la pensée de la sphère financière. Quelques traders privilégiés suivent ses recommandations quotidiennes dans le cadre du service FxProfitTrader.]
Première parution dans Le Billet du Trader le 14/01/2011