La Chronique Agora

2008 : Nos prédictions, suppositions et fantasmagories (2)

Par Bill Bonner (*)

Le dollar est menacé à la fois par l’inflation et par la déflation. Nous n’avons pas d’informations directes ou inédites, mais si nous devions écrire un contrat d’assurance-vie pour le dollar, nous exigerions une visite médicale poussée. L’inflation entame la valeur du billet vert directement. Les choses coûtent plus cher, en termes de dollars. Mais la déflation lui cause elle aussi du tort. Baisse des prix des actifs et réductions des dépenses de consommation — la déflation porte ses coups sous la ceinture. L’économie s’effondre… et le dollar chute.

Pourquoi ? Parce que les entraîneurs du dollar veulent qu’il perde son combat quoi qu’il arrive. Lorsque la déflation menace, ils baissent les taux d’intérêt… rendant le dollar encore moins attirant aux yeux des détenteurs étrangers (ou américains, d’ailleurs). La Fed, tout comme la Banque d’Angleterre et la Banque centrale européenne, fait marcher les pompes — essayant de maintenir le boom inflationniste en vie en réduisant la valeur de sa propre devise. Nous n’accordons guère de confiance au pouvoir guérisseur des banques centrales ; mais lorsqu’il s’agit de tuer un patient, n’importe quel charlatan fait l’affaire.

Cependant, si le dollar doit baisser, par rapport à quoi baissera-t-il ? Ah, c’est une bonne question. Par rapport aux matières premières ? Peut-être. Par rapport à l’immobilier et aux actions… probablement pas. Par rapport à la livre sterling ou à l’euro ? Nous ne saurions le dire ; ils sont tous en danger. Par rapport à l’or ?

En janvier 2001, nous lancions notre Transaction de la Décennie — vendez les actions, achetez de l’or. A l’époque, le ratio prix des actions/or venait d’atteindre le sommet historique de 44 onces d’or pour tout l’indice Dow. L’or n’avait quasiment jamais été plus bas, et les actions n’avaient quasiment jamais été plus hautes. Deux décennies auparavant, le ratio était descendu jusqu’à 1 pour 1.

Depuis janvier 2001, le ratio actions/or a été divisé par deux. Non parce que les actions ont baissé, mais parce que l’or a grimpé. Notre transaction a été profitable. Le sera-t-elle encore dans l’année qui vient ? A nouveau, nous ne saurions le dire. Mais dans la mesure où nous nous lançons dans les suppositions, nous pensons qu’il reste encore du potentiel.

L’or est clairement en plein marché haussier. Si les forces de l’inflation l’emportent, il est impossible que le marché haussier se termine alors que le prix a tout juste dépassé le sommet fixé il y a 27 ans. Et si l’or ne grimpe pas, ce sera parce que les forces de la déflation ont la main — ce qui entraînera de manière quasi-certaine une baisse des cours des actions.

D’une manière ou d’une autre, la Transaction de la Décennie semble encore valable. Comme un bon mariage ou un mauvais film, nous allons nous y tenir pour voir comment elle finira.

Meilleures salutations,

Bill Bonner,
Pour la Chronique Agora

(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et L’Empire des Dettes".

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