La Chronique Agora

2008 : Nos prédictions, suppositions et fantasmagories (1)

Par Bill Bonner (*)

Ne me dites pas quand je mourrai, déclare Woody Allen. Dites-moi simplement où ça se produira… j’éviterai d’y aller.

En l’an de grâce 2008, l’argent des investisseurs ira mourir dans de nombreux endroits. Bien entendu, si nous savions vraiment où ces morts se produiront, nous ne serions pas en train d’écrire ces lignes. Il n’est pas donné à l’homme de connaître son destin. Ni même celui de son argent. Mais nous sommes à l’époque de l’année où les éditorialistes financiers laissent leur humilité bien méritée de côté et laissent libre cours à l’orgueil le plus éhonté. Ils s’engagent… et offrent à leurs lecteurs un aperçu des nécrologies financières de l’année à venir.

Nous pouvons toutefois ajouter à cela une circonstance atténuante : l’importance d’un événement n’est pas simplement liée à sa probabilité… mais à sa probabilité multipliée par les conséquences. Ce n’est pas une bonne idée de boire puis de prendre l’autoroute à contresens, par exemple. Les conséquences de cette erreur en font un mauvais choix. De même, nous pourrions assister à une nouvelle année de hausse des actions, avec un dollar fort, un nouveau boom des prix de l’immobilier… ainsi qu’une économie mondiale saine et en pleine croissance. Mais il y a des moments — comme lorsqu’on a bu trop longtemps à la coupe des liquidités — où parier sur une hausse des prix des actions et de la prospérité n’est pas une bonne stratégie ; le risque d’un krach est trop grand pour être mis de côté.

Venons-en à nos suppositions. Le lecteur alerte verra qu’elles suivent un schéma. Nous pensons que le monde financier se trouve entre deux forces plus ou moins égales et opposées. D’un côté, on trouve la poussée irrésistible de l’inflation. De l’autre, l’objet immobile de la déflation. Les banques centrales s’efforcent de faire grimper les prix d’un côté ; de l’autre, M. le Marché a ses propres plans. La fête est finie, déclare le marché. Pas du tout, voyons, il reste du punch, affirment les banques centrales.

Pour compliquer encore les choses, entre la thèse de l’inflation et l’antithèse de la récession, on trouve la synthèse de la stagflation. Nous ne savons pas ce qui va arriver, mais avec toute cette "flation" partout, quelque chose va exploser, c’est inévitable. Les prédictions suivantes sont uniquement notre moyen de nous mettre à l’abri.

Pour en venir à des choses plus spécifiques, nous supposons que les temps sont plus favorables à la vente d’actions US qu’à l’achat. L’économie US dépend de deux grands secteurs — et tous deux sont menacés de "flation".

Les déboires et difficultés du secteur financier sont bien connus. Inutile d’en dire plus à leur sujet. Mais les prix des actifs dépendent de la finance. Wall Street prend l’argent des gens qui le gagnent, partout dans le monde, et le déverse dans les prix des actifs. Lorsque le crédit se contracte, les prix des actifs chutent.

Autre grand facteur de baisse : l’immobilier. Les prix des maisons ne grimpent pas ; ils chutent. Et aux Etats-Unis, cette baisse met les propriétaires sous pression… tout en réduisant les dépenses de consommation. Lorsque les consommateurs ne dépensent pas, les entreprises ne gagnent pas autant d’argent. La baisse de bénéfices produit, toutes choses étant égales par ailleurs, une baisse des cours des actions et un ralentissement économique.

Nous avons déjà révélé le pot aux roses en ce qui concerne les prix des maisons. On peut compter sur une chose : les prix de l’immobilier, comme les bénéfices des entreprises, reviennent à la moyenne. Les prix des maisons reviennent toujours à des niveaux auxquels les gens peuvent se permettre de les acheter. Et les bénéfices des entreprises sont toujours grignotés par la concurrence.

Nous verrons la suite dès demain…

Meilleures salutations,

Bill Bonner,
Pour la Chronique Agora

(*) Bill Bonner est le fondateur et président d’Agora Publishing, maison-mère des Publications Agora aux Etats-Unis. Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs), il intervient dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning. Il est également l’auteur des livres "L’inéluctable faillite de l’économie américaine" et L’Empire des Dettes".

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