La Chronique Agora

Zone euro : l’illusion de l’assouplissement quantitatif est toujours à la mode pour la BCE

▪ Le président de la BCE, Mario Draghi, a de nouveau fortement souligné que la BCE fera tout, et le plus rapidement possible, pour élever l’inflation et les prévisions d’inflation vers les 2%. La BCE est déterminée à faire passer d’ici deux ans son bilan de 2 000 à 3 000 milliards d’euros. Une majorité des membres du Conseil a "l’intention" d’accroître le bilan total — alors que juste un mois auparavant, ils "s’attendaient" à une augmentation.

Début 2015, les impulsions monétaires seront de nouveau analysées, ainsi que l’expansion du bilan et les perspectives d’inflation. Cette analyse permettra de décider des montants, des modalités et du rythme de la mise en oeuvre de mesures non conventionnelles. Ces décisions ne seront pas prises dès la prochaine réunion du Conseil de la politique monétaire, le 22 janvier 2015, mais probablement juste après. Draghi a déclaré que toutes les classes d’actifs, à l’exception de l’or, sont susceptibles d’achats supplémentaires. Les prévisions économiques ont été abaissées : une croissance du PIB de la Zone euro de 0,8% en 2014, de 1% en 2015 et de 1,5% en 2016 — avec un taux d’inflation qui augmente lentement de 0,5%, 0,7% et 1,3%.

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L’illusion qu’un assouplissement quantitatif de 1 000 milliards d’euro pourrait enfin déclencher une reprise autonome est intacte

L’illusion qu’un assouplissement quantitatif de 1 000 milliards d’euro pourrait enfin déclencher une reprise autonome est intacte. Pourtant, le QE n’a pas réussi à créer une telle reprise, ni au Japon ni aux Etats-Unis. La Fed a cessé les achats d’obligations, mais son stock de 4 200 milliards de dollars maintient artificiellement les rendements obligataires à un niveau très bas et déforme toute la courbe des taux. Des titres hypothécaires de 1 700 milliards favorisent le secteur immobilier par rapport aux autres marchés.

▪ Facilité et dangers
On ne sait pas si la Fed, la Banque du Japon, la Banque d’Angleterre ou la BCE seront en mesure de vendre tous ces titres pour revenir à une situation normale. La courbe des taux est déformée dans son entier. Les prêts ne vont plus de façon optimale vers des investissements productifs et prometteurs — et peuvent donc déclencher de nouvelles crises.

Quand il devient si "facile" de financer une nouvelle dette par le crédit, le trésorier ira toujours vers cette solution

Quand il devient si "facile" de financer une nouvelle dette par le crédit, le trésorier ira toujours vers cette solution, sans se soucier de la charge d’intérêts futurs. Il est beaucoup plus difficile et impopulaire d’augmenter les impôts ou de réduire les dépenses publiques et les réformes nécessaires sont repoussées à plus tard.

L’indépendance des banques centrales par rapport aux gouvernements n’existe déjà plus. Partout dans le monde, les QE ont poussé les marchés financiers vers des niveaux jamais vus qui ne sont pas justifiés du point de vue économique. Mais le test crucial pour les banques centrales est encore à venir, lorsque la courbe des taux va revenir à la normale et que les budgets publics vont avoir à supporter une charge d’intérêts annuels de 500 – 1 000 milliards de dollars ou d’euros… et qu’alors le château de cartes va s’effondrer !

▪ Conclusion
La politique monétaire de la BCE ne relancera pas, à elle seule, le développement économique. Cependant, déréglementations et réformes structurelles seront difficilement acceptées par les parlements. Des réformes économiques courageuses sont nécessaires mais les politiciens, qui ne pensent qu’aux prochaines élections, ne les feront pas. Pourtant un autre quantitative easing de 1 000 milliards ne sera pas le remède miracle attendu : ce n’est qu’une illusion de le croire !

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