La Chronique Agora

Zimbabwe ou Japon ?

** A quoi aurons-nous droit ? Au Zimbabwe ou au Japon ? Vivrons-nous une inflation galopante… ou une déflation qui refuse de bouger ?

* Les lecteurs qui subissent la Chronique Agora depuis longtemps connaissent déjà notre réponse. Nous l’avons donnée avant même que la bulle n’éclate en 2007-2008.

* "Oui !", avons-nous dit… Ce sera le Zimbabwe ET le Japon. Mais pas dans cet ordre. D’abord le Japon. Ensuite, une fois que les autorités auront bien compris l’Assouplissement Quantitatif, à nous le Zimbabwe !

* Mais il doit y avoir une surprise, n’est-ce pas ? Ca ne peut pas être aussi facile, si ?

* Les marchés nous simplifient rarement la tâche. Pour une très bonne raison : s’il était facile de savoir ce qui va arriver, il serait tout aussi facile d’éviter les ennuis et de profiter des opportunités. Vous voyez où ça nous mènerait…

* Les investisseurs se précipiteraient et ruineraient tout ça. S’ils voyaient les marchés grimper, ils achèteraient des actions. Cela ferait grimper les prix avant qu’ils soient censés le faire. Et s’ils allaient s’effondrer, les investisseurs vendraient leurs actions… et feraient baisser les prix à tel point que les marchés ne pourraient pas s’effondrer — ils seraient déjà au plus bas.

* Vous voyez ce que nous essayons de dire ? Si les investisseurs — ou qui que ce soit — pouvait voir ce qui va arriver, ils court-circuiteraient le processus.

* Prenez le rebond des actions, par exemple. Si vous saviez que le marché va chuter durant les deux prochains mois, vendriez-vous maintenant ? Pourquoi attendre ?

* Et regardez l’or. Il est à 921 $ à l’heure où j’écris ces lignes. Si les investisseurs savaient qu’il serait à 1 000 $ d’ici la fin de l’année, il serait déjà à 1 000 $.

* Si les gens pouvaient lire les magazines de mode de l’an prochain, ils achèteraient aujourd’hui la mode de demain. Puis un petit malin achèterait la mode d’après-demain… juste pour être en avance sur tout le monde. Ensuite, plus personne ne voudrait se retrouver avec la coiffure de demain — elle serait déjà démodée. Et personne ne voudrait détenir les actions qui étaient censées grimper. D’autres investisseurs les auraient déjà achetées… et seraient passés à la prochaine vague. Les actions supposées grimper demain baisseraient. Damnation ! Toute l’histoire avancerait… de plus en plus rapidement… alors que les gens essaieraient d’anticiper les tendances avant même qu’elles ne commencent — et en un éclair, l’histoire s’arrêterait net. Nous anticiperions tous tout ce qui va se passer. Pourquoi se donner la peine de lire ce livre, nous dirions-nous, nous savons comment il finit.

* Imaginez ce que serait devenue la campagne de Russie pour Napoléon. "Non merci… sans nous", auraient dit ses troupes. Et l’attaque de Tojo sur Pearl Harbor ? Comment est-ce que ça terminerait ? "Je crois que je vais plutôt me lancer dans l’automobile", se serait-il peut-être dit. Et tous ces propriétaires spéculant sur une hausse des prix ? Oubliez ça… la bulle toute entière ne se serait jamais produite… si bien que le credit crunch lui-même n’aurait pas eu lieu non plus. Où en serions-nous, alors ?

** Un journaliste financier du New York Times a révélé combien il était facile de s’enliser dans le bourbier de la dette immobilière, dans un article publié ce week-end dans l’International Herald Tribune. C’était un homme intelligent… Sa spécialité, c’était le système monétaire international et les banques centrales. Il connaissait tout de la bulle du crédit — il la couvrait pour les lecteurs du New York Times.

* Mais tandis qu’il enquêtait sur l’économie de bulle mondiale, ses propres finances sont entrées en ébullition. Un deuxième mariage… une deuxième maison… il n’a pas tardé à se retrouver avec un prêt hypothécaire qu’il ne pouvait rembourser — et ça, c’était avant que tout se casse la figure. A présent, il a des mois de retard dans ses paiements et doit appeler la société de prêt pour savoir quand il sera exproprié. "Faites la queue", lui a-t-on répondu. "Nous avons des centaines de dossiers à traiter". Il attend toujours.

* Même quand vous pensez savoir ce qui se passe… vous pouvez être pris par surprise. Le journaliste affirme s’être mis dans ce pétrin "les yeux bien ouverts".

* Hélas, c’est ainsi que les choses fonctionnent. Même lorsque vous avez les yeux ouverts et le cerveau en bon état de marche… il se passe toujours des choses que vous n’attendiez pas.

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