La Chronique Agora

Warren Buffett est haussier sur les Etats-Unis

** De toute évidence, Warren Buffett est haussier sur les Etats-Unis. "Ce n’est pas intelligent de vendre les Etats-Unis à découvert", a-t-il déclaré durant une conférence au Canada — avant d’offrir de réassurer les réassureurs américains pour 800 milliards de dollars.

* Nous n’aimons pas contredire le plus grand investisseur de toute l’histoire. Mais vendre les Etats-Unis à découvert a été un investissement plutôt profitable ces huit dernières années. Par rapport à l’euro, le dollar US est passé de 90 cents environ à 1,45 $ — une perte de 60% environ. Par rapport à l’or… eh bien… vous connaissez les chiffres… la devise américaine a perdu environ 15% par an. Et les sociétés américaines, en termes réels ajustés à l’inflation, ont perdu environ 25%.

* Depuis que George W. Bush est entré à la Maison-Blanche, un investisseur s’en serait bien mieux tiré dans quasiment tous les autres pays — le Brésil, par exemple… ou l’Europe… ou la Chine.

* Mais peut-être que le Sage d’Omaha sait quelque chose que nous ne savons pas. Peut-être sait-il que la tendance des huit dernières années est en train de prendre fin. Peut-être que les Etats-Unis sont survendus… et prêts pour un retour remarquable sur le devant de la scène. Tout est possible, cher lecteur, tout est possible.

** Lors de la réunion du G7, il a été révélé que les pertes du subprime pourraient atteindre les 400 milliards de dollars. Pour l’instant, seuls 120 milliards ont été reconnus. Où est le reste ?

* Soit les estimations du G7 sont mauvaises… soit de nouveaux chocs nous attendent. Les banques… les hedge funds… les sociétés d’investissement — bon nombre d’entre eux pourraient cacher des pertes… voire ignorer complètement qu’ils en ont (à l’image de la Société Générale).

* La guerre produit toujours des surprises. Et la bataille entre l’inflation et la déflation ne fait pas exception.

* Il y a déjà eu de grosses surprises sur le marché des soft commodities.

* "Je ne peux pas le croire", disait notre voisin Pierre. "On gagne deux fois plus sur le blé, cette année. Tout le monde en plante à tour de bras. Les agriculteurs font toujours la même chose, bien entendu. On a la mémoire très courte. On achète de nouveaux tracteurs… on plante plus… et les prix chutent".

* Les derniers chiffres de la Commodities futures trading commission américaine montrent que les spéculateurs prennent des positions de plus en plus acheteuses sur le blé, le maïs, le soja et le sucre. L’avidité a clairement la main sur ces marchés. Bien entendu, vous connaissez déjà les bases de cette histoire. Les autorités financières de la planète s’inquiètent du danger potentiel de ralentissement mondial. Elles luttent en rendant l’argent et le crédit plus faciles à obtenir. On encourage les spéculateurs à emprunter — surtout maintenant qu’ils peuvent obtenir de l’argent à des taux à peine supérieurs au taux d’inflation des prix à la consommation. Après les dernières baisses de la Fed, le taux directeur est sous le niveau d’inflation. Le T-Bond à 10 ans a un rendement de 3,61% seulement. L’IPC dépasse les 4%. A vous de faire le calcul.

* Mais que peuvent faire les emprunteurs avec cet argent ? Certainement pas acheter une maison ! Les prix de l’immobilier chutent de près de 10% par an. Ajoutez à cela le coût de l’argent et l’entretien, et l’investisseur immobilier a toutes les chances de perdre 20% sur une période de 12 mois.

* Les actions ne sont guère plus sûres ; à ce jour cette année, elles ont perdu du terrain sur quasiment tous les marchés.

* Les matières premières, par contre, grimpent en flèche. Si on regarde un graphique des prix du blé, par exemple, on aperçoit un tableau extrêmement effrayant. Le blé se vendait moins de quatre dollars le boisseau en 2005. Il a dépassé les 10 $ il y a quelques semaines. Et lundi, le blé livraison mars de la meilleure qualité a atteint le sommet historique de 16,13 $. Le blé de printemps de Minneapolis a dépassé les 21 $ le boisseau.

* Pendant ce temps, le Département américain de l’agriculture nous annonce que les stocks de blé sont à leur niveau le plus bas depuis 1947.

* Chaque fois qu’un graphique montre une ligne droite ascendante, ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne montre une ligne droite descendante. La nature préfère la symétrie. Lorsqu’elle prend son temps pour construire quelque chose — qu’il s’agisse d’une entreprise, d’un marché, d’une ville ou d’un empire — elle prend généralement son temps pour le détruire. Mais lorsqu’un feu est porté au rouge… il brûle à toute vitesse… et se consume en un rien de temps.

* En ce moment, les marchés des soft commodities sont en feu — et il n’est nulle part plus ardent que dans les champs de blé [NDLR. : Isabelle Mouilleseaux nous donne son avis — bien différent — sur ce même sujet ci-dessous…]. Nous ne savons pas jusqu’où iront les céréales. Mais nous faisons confiance aux fermiers de la planète. Ils sont quasiment tous en train d’acheter plus d’équipements… de drainer… de défricher… de labourer… de planter… et de prier pour obtenir 16 $ par boisseau de blé l’an prochain. Les prix pourraient grimper, avec toute cette culture frénétique, mais pas éternellement. Les spéculateurs pourraient avoir une surprise, en d’autres termes. Comme nous tous. Voilà pourquoi notre drapeau d’Alerte au Krach est toujours hissé. Les actions n’ont baissé que de 8% à ce jour cette année.

* Quelques mauvaises nouvelles supplémentaires… et elles pourraient perdre encore 10%… 20%… ou plus. Que faudrait-il ? Peut-être la découverte soudaine des 280 milliards de dollars de pertes subprime manquantes ? Peut-être un chiffre désagréable de la part du Département de l’emploi US ? Un geste maladroit de la part du Pentagone… ou de l’Iran ?

* Qui sait ? Tout ce dont nous sommes sûr, c’est que cet épisode fera encore de nombreuses victimes avant de se terminer. Certains seront terrassés par l’inflation. D’autres se feront avoir par la déflation. Nous voulons seulement éviter d’en faire partie. Nous nous faisons donc tout petit. Nous ne spéculons pas. Nous nous en tenons simplement à nos principes : trouvez de bons investissements, de bonnes entreprises, de bonnes maisons, de bons conjoints — et gardez-les précieusement.

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