En concluant un accord commercial avec la Chine, Donald Trump espère susciter un rebond boursier
L’actualité est pleine d’absurdités, de banalités et d’idioties pures et simples… mais certaines d’entre elles sont révélatrices.
Nous interrompons nos réflexions avec une très brève mise à jour de nos pérégrinations. Nous visitons une ferme voisine (à six heures de route) — Pampa Grande. Elle est dans sa propre vallée, avec environ 80 000 acres de bonnes terres pour le bétail [environ 32 000 hectares NDLR]. Nous en reparlerons.
Un aperçu de Pampa Grande
Mais revenons à notre sujet…
Il est illégal de manipuler les cours… sauf lorsqu’on est président
Nous commençons par le Securities Exchange Act de 1934, qui rendait illégale la manipulation des cours boursiers. Nous en parlons parce que Bloomberg rapporte que c’est exactement ce qu’est en train de faire le président des Etats-Unis d’Amérique :
« Le président Donald Trump presse les négociateurs commerciaux américains de parvenir rapidement à un accord avec la Chine dans l’espoir de nourrir un rebond boursier ; il s’inquiète qu’un manque d’accord puisse peser sur les actions, selon des personnes impliquées dans le dossier.
A mesure que les discussions commerciales avec la Chine progressent, Trump a remarqué les gains boursiers qui suivent chaque signe de progrès, déclarent ces personnes, qui ont demandé l’anonymat pour parler des délibérations internes. Il a vu les actions américaines et asiatiques monter suite à sa décision de retarder une augmentation des taxes douanières sur les biens chinois programmée pour le 1er mars, a déclaré une personne.
Les deux plus grandes économies au monde se rapprochent d’un accord final qui pourrait mettre fin à leur guerre commerciale longue de près d’un an, une issue qui viendrait également renforcer ses efforts pour se faire réélire en 2020. Un nouvel accord commercial fournirait à Trump une victoire particulièrement nécessaire après l’effondrement de son sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim [Jong-Un] ».
Les cours des actions sont décorrélés des entreprises qu’elles représentent
En soi, nous n’avons rien contre le bidouillage des cours ; c’est ce à quoi servent tous les départements de relations publiques… c’est le but de quasiment tous les rachats d’actions… et, plus important, c’est ce que la Fed fait depuis 32 ans ; lorsque les cours corrigent, elle réduit les taux d’intérêt pour qu’ils « dé-corrigent ».
Ce qu’il y a d’intéressant avec cet article, c’est qu’il montre deux choses :
Que toute cette guerre douanière avec la Chine n’était que du spectacle.
Et que les prix des actions n’ont plus beaucoup de rapport avec la valeur sous-jacente des entreprises qu’elles représentent.
En ce qui concerne le premier élément, nous notons que jusqu’à présent, le « président des taxes douanières », qui avait promis lors de sa campagne de réduire les déficits commerciaux, les a en fait augmentés de plus de 100 Mds$. A nouveau, Bloomberg a mené l’enquête :
« Le déficit commercial US s’est approfondi en 2018 pour atteindre un sommet de 10 ans à 621 Mds$, contredisant la promesse de Donald Trump de le réduire, les baisses d’impôts ayant limité la demande intérieure d’importations tandis que le dollar fort et les taxes douanières en représailles pesaient sur les exportations ».
Nous n’avons jamais attendu du président qu’il mette entièrement à exécution sa menace de guerre commerciale. Nous pensions qu’il réglerait la question — comme il l’a fait pour la guerre commerciale avec le Canada et le Mexique — avec des négociations prolongées et du baratin.
En d’autres termes, la guerre commerciale factice se terminera sur un armistice factice… et une danse de la victoire factice de la part de l’administration.
Le vrai vainqueur, toutefois, sera le Marigot, dont les avocats et lobbyistes pourront mener les négociations. Au lieu d’échanges plus ou moins libres, nous aurons un commerce de compères… où il faudra graisser la patte d’un initié si vous voulez acheter ou vendre à l’étranger.
Un mauvais accord
Pour ce qui est du deuxième élément, nous avons montré la semaine dernière que les autorités américaines ont emprunté 10 000 Mds$ afin d’augmenter le PIB de seulement 3 000 Mds$. Une mauvaise affaire pour l’économie.
Mais comme pour chaque politique publique, il y a des gagnants et des perdants. Et tandis que l’économie réelle n’a rien obtenu… l’industrie financière a tout raflé. Le Dow à lui seul a pris quelque 17 000 Mds$ de capitalisation boursière entre son plancher de février 2009 et son sommet d’octobre 2018.
Nous n’avons rien contre le fait de rendre les riches plus riches non plus. Mais si le travailleur moyen en vient à piger ce qui se passe… et se rend compte que c’est à ses dépens, étant donné que c’est sur ses épaules que la dette s’entasse… cela pourrait coûter cher.
Et l’équipe Trump persiste et signe — ajoutant plus de dette au rythme de 100 Mds$ par mois… soit 1 200 Mds$ par an.
Bloomberg encore :
« Le déficit budgétaire US s’est creusé à 310 Mds$ durant les quatre premiers mois de l’exercice fiscal, soulignant la chute des revenus due aux baisses d’impôts des républicains et à une augmentation des dépenses gouvernementales.
Le déficit budgétaire s’est approfondi de 77% par rapport à la même période octobre-janvier il y a un an, selon le rapport budgétaire mensuel du Trésor US publié mardi et qui avait été retardé par le shutdown du gouvernement. »
1 000 milliards par ci, 1 000 milliards par là… Bientôt, on a affaire à de vraies sommes… et de vrais problèmes.