La Chronique Agora

Volte-face économique

** Aïe… nous sommes arrivés à Londres hier matin, et nous avons été accueillis par un ciel sombre, de la pluie et du vent. Ah, l’été… c’est tout juste si nous avons eu le temps de faire connaissance.

* Le pétrole est redescendu vers les 100 $ après que l’ouragan Gustav s’est détourné de la Nouvelle-Orléans pour se diriger vers la Convention nationale républicaine. A présent, la tempête semble s’apaiser — laissant des centaines de milliers de foyers sans électricité, mais épargnant la ville et les forages pétroliers au large des côtes.

* Pauvre John McCain ; il s’est fait voler la vedette par le vent et la pluie. Qui sait, peut-être réussira-t-il malgré tout à revenir sur le devant de la scène. En plus, son colistier est désormais une jeune femme. Après tout, on a tous besoin d’un truc. Les démocrates ont un jeune homme noir. Lequel a choisi un vieil homme blanc pour son ticket. Comme ça, tout s’équilibre. Jeune-vieux, blanc-noir, homme-femme. McCain devrait songer à briser les jambes de Palin et la mettre en fauteuil roulant ; ça lui donnerait peut-être une longueur d’avance auprès des électeurs handicapés.

* Rappelez-vous, les élections — comme les marchés — peuvent être amusantes, tant qu’on ne les prend pas au sérieux.

** "Vous dites qu’une augmentation du prix du pétrole est "inéluctable", avons-nous demandé à l’équipe française du magazine MoneyWeek. "C’est une position hardie, non ?"

* "Eh bien, il est inévitable de voir le prix du pétrole grimper", nous a-t-on répondu. "L’offre est limitée et la demande est en hausse. Le prix doit grimper aussi — sauf s’il se produit un changement catastrophique dans l’économie mondiale".

* Ah, il y a toujours un grain de sable dans les rouages… un petit morceau de caillou qui peut ruiner même le moteur le plus sophistiqué et le plus puissant.

* L’augmentation du prix du pétrole semblait inéluctable au début des années 80 aussi. Idem pour la hausse perpétuelle des taux d’intérêt — au-delà des 20%, en fait. Et le marché boursier agonisait lui aussi ; le magazine BusinessWeek l’annonçait en couverture : "la mort des actions" était en kiosque en août 1982.

* Mais toutes ces choses se sont révélées éluctables, en fin de compte. Le prix du pétrole s’est effondré, à 10 $ le baril, les taux d’intérêt ont atteint un sommet de 14% pour le T-bond à 10 ans, tandis que les actions se sont levées de leur lit de mort et se sont mises à danser la gigue, du Dow 750 au Dow 12 000… et même un peu plus loin.

* Le monde financier a fait demi-tour, au début des années 80. Après une période de hausse des taux d’intérêt qui avait duré toute une génération… et s’était terminée par un tour de vis administré par le président de la Fed Paul Volcker… les taux étaient prêts à baisser — pendant une nouvelle génération.

* Comme nous l’avons expliqué hier, nous pensons que le monde financier est sur le point de faire une nouvelle volte-face. Après une si longue période de baisse, les taux d’intérêt réels devraient être prêts à remonter. L’expansion de crédit de 82-07 va se transformer en contraction de crédit dans les prochaines années — telle est du moins notre opinion. Et à nouveau, la fin de la tendance qui précède est hâtée — sans le savoir — par la Fed. Actuellement, les institutions privilégiées — les banques membres de la Réserve fédérale — peuvent emprunter pour moins de la moitié du taux d’inflation des prix à la consommation. Cela rend leur taux d’intérêt réel négatif… de -3% environ.

* La Fed prête également aux banques commerciales — qu’elle régule — ainsi qu’aux banques d’investissement, qu’elle ne régule pas. Les banques d’investissement sont les mêmes institutions que celles qui ont mis une telle pagaille sur le marché des prêts hypothécaires. Mais les autorités ne voulaient pas voir leurs amis et sponsors de Wall Street obtenir ce qu’ils méritaient. Elles leur viennent donc en aide — ouvertement, comme dans le cas de Bear Stearns… et clandestinement, comme c’est le cas pour le reste de l’industrie de la finance.

* A présent, tout le monde fait la queue pour obtenir un renflouage. Les autorités américaines ont déjà pratiquement nationalisé toutes les valeurs immobilières du pays — en soutenant Mae et Mac.

* Où faut-il aller ? Ce n’est pas une question rhétorique ; nous voulons nous joindre à la file.

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