La Chronique Agora

Des vertus de l’humilité en Bourse

L’ignorance et l’humilité, ça rapporte ! Il suffit d’avoir un peu de temps… et d’appliquer un système très simple.

Ces derniers jours, nous parcourons la très courte liste de choses que nous pensons savoir. A première vue, notre deuxième leçon, décrite hier, ne semble pas très utile.

« Personne ne sait rien » est peut-être une vérité d’évangile… mais cela ne vous dit pas quel film aller voir ou quelle action acheter.

Pourtant, c’est probablement la chose la plus importante que nous ayons apprise ces 20 dernières années. Elle établit une fondation solide comme le roc pour l’investisseur, le parent ou l’entrepreneur. On construit ainsi sur une chose sur laquelle on peut toujours compter – l’ignorance.

L’investisseur se trompe

Evidemment, un père de famille n’a pas vraiment besoin qu’on lui rafraîchisse la mémoire : il a son épouse et ses enfants pour lui dire à quel point il est ignare. L’entrepreneur sage, lui aussi, ne se fait pas d’illusions. Au lieu de croire qu’il sait ce que veulent les clients, il les écoute.

L’investisseur, en revanche – comme le politicien, l’économiste ou le rond-de-cuir – court toujours le danger de penser qu’il sait quelque chose ; invariablement, cela se révèle faux.

En 1999, par exemple, il pensait que les dot.com offraient une toute nouvelle ère de croissance et de profits.

En 2007, il pensait que sa maison était un distributeur de billets qui ne s’épuisait jamais.

En 2019, il est certain que les banques centrales savent ce qu’elles font, et que la future baisse de taux fera grimper à la fois les actions et les obligations.

Sinon comment expliquer l’actualité boursière ?

La courbe des rendements est inversée. Les ventes chutent. La production industrielle est en baisse. Le Donald en est à 80% d’une guerre commerciale totale avec la Chine. Le monde entier semble être en route pour une récession. Le marché obligataire connaît sa plus grosse bulle en 500 ans. Le Dow frôle des records. Les Etats-Unis empruntent cinq milliards de dollars par jour ouvré.

Pourtant, les investisseurs font grimper les marchés.

La leçon n°3

L’humilité est probablement la vertu la plus sous-estimée qu’on puisse avoir.

Ce n’est pas un problème pour votre correspondant. Nous sommes humble et nous en sommes fier.

Personne n’est plus humble que nous. En matière d’humilité, nous sommes premier… un génie stable de la modestie… l’élu de l’incertitude.

Vous connaissez notre devise : nous avons parfois raison, parfois tort… mais nous doutons toujours.

Nous essayons simplement de relier les points… de voir des motifs… et d’en tirer des idées. La plupart du temps ces idées ne viennent pas de rapports d’entreprises, de ratios d’analystes ou d’« informations » trouvées sur internet. On les trouve plutôt dans la sagesse distillée des anciens… et dans les contes de bonne femme.

En voici une de plus, la leçon n°3 : ce qui se déséquilibre finit tôt ou tard par se rééquilibrer.

Même si on ne sait jamais ce qui va arriver, lorsqu’on constate que les choses deviennent déraisonnables… bizarres… déséquilibrées… il y a de très bonnes chances qu’elles finissent par « revenir à la moyenne ».

Histoire d’un déséquilibre

En 1980, les actions s’échangeaient à un plancher historique, en termes d’or : on pouvait acheter les 30 actions du Dow pour moins de deux onces d’or. En 1999, elles atteignirent un sommet sans précédent, à 40 onces d’or.

En termes de temps, l’évolution était moins radicale – mais elle contait la même histoire.

Le travailleur américain moyen devait accumuler 100 heures pour acheter les actions du Dow en 1980. En 1999, il lui fallait trimer 821 heures.

Il semblait que le marché était déséquilibré dans ces deux cas.

En 1980, les actions étaient trop bon marché. En 1999, elles étaient trop chères. C’est alors que le marché boursier a entamé une « correction ». Le Nasdaq a commencé à chuter en janvier 2000. Un an et demi plus tard, il avait perdu près de 80% par rapport à son sommet.

En termes de temps, il fallait au travailleur US moyen 350 heures de labeur pour acheter le Nasdaq en 1999. A la mi-2001, il n’en fallait que 85.

Pendant ce temps, le Dow Industrials s’est à peu près débrouillé après janvier 2000 – mais a chuté à pic après l’effondrement des prêts immobiliers de 2008.

Au plancher, en mars 2009, l’Américain moyen pouvait acheter le Dow pour la moitié des heures de travail nécessaires en 1999. 

Accès de colère

Avec l’aide de feu Richard Russell, théoricien du Dow Jones, nous avons commencé à voir que les marchés actions et obligations suivent de grands motifs de long terme.

Il a fallu entre 20 et 40 ans pour que le marché boursier achève un cycle entier – du sommet au sommet. Le marché obligataire a mis plus de temps encore. Il ne reste plus grand monde pour se souvenir du sommet du dernier marché haussier des obligations. Il a eu lieu en 1949 ; aujourd’hui, 70 ans plus tard, elles atteignent un nouveau sommet de bulle.

Nous savions que nous ne pouvions pas prédire les marchés – toutefois, nous commencions à voir que nous pouvions détecter les principaux sommets et planchers et regardant les prix en termes d’or.

Le métal jaune n’est pas une monnaie parfaite. Comme tout dans le monde naturel, il est sujet à des accès de colère. Mais il reste la monnaie la plus fiable que les humains aient jamais trouvée. Au cours du temps, il est relativement efficace pour nous signaler lorsque les choses sont déséquilibrées.

Cela a mené à un système très simple pour éviter les moins-values – qui s’est avéré très efficace pour la préservation du capital à long terme : chaque fois qu’on peut acheter le Dow pour moins de cinq onces d’or, achetez autant d’actions que possible. Ensuite, lorsque le Dow passe au-dessus des 15 onces d’or, vendez les actions, achetez de l’or et ne bougez plus jusqu’à ce que les actions se remettent à chuter.

Ce système a cela d’excellent qu’il n’exige pas de recherches, ni de prétendre savoir quelque chose.

Inutile de savoir quand les tendances vont se retourner, ou ce que la Réserve fédérale va faire, ou le futur niveau du dollar… ou toute autre chose. Tout ce que vous avez à faire, c’est acheter les actions quand elles sont vraiment bon marché, et les vendre quand elles sont chères. Sinon, on s’en tient à la vraie monnaie, l’or.

Le seul problème, avec cette stratégie, c’est qu’elle est d’extrêmement long terme. Elle pourrait rendre vos petits-enfants riches, mais pas forcément vous.

Ces 100 dernières années, par exemple, vous ne vous seriez positionné qu’une fois tous les 20 ans – et vous auriez multiplié votre richesse réelle, mesurée en or, par 27.

Vous voyez ? L’humilité, ça rapporte !

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