Un boom économique est-il systématiquement suivi d’une crise de mêmes proportions ? Qu’est-ce qui nourrit le boom actuel – et faut-il s’attendre à un krach tout aussi retentissant ?
En tentant d’expliquer l’origine des cycles économiques, Milton Friedman a soutenu que l’activité économique évolue généralement en fonction des capacités de production disponibles, à l’exception de périodes de contractions cycliques. Il expliquait ces contractions par des chocs de différentes natures.
Il était d’avis que les phases de contraction économique s’expliquent par une baisse de la production en dessous de son plein potentiel (c’est-à-dire de son niveau maximum).
Friedman affirmait que, comme la corde d’une guitare, plus une économie est poussée vers le bas, plus son rebond sera vigoureux.
D’après la théorie de Friedman, une contraction brutale devrait être suivie d’une expansion rapide de l’activité, alors qu’une contraction moins sévère devrait être suivie d’une phase d’expansion de plus faible ampleur.
En s’appuyant sur cette théorie, Friedman affirmait également qu’il ne semblait pas y avoir de relation systématique entre l’ampleur d’une phase d’expansion économique et la gravité de la contraction économique suivante.
Théorie inexacte
Certaines études semblent avoir donné raison à Friedman. Le 4 novembre 2019, Noah Smith a publié sur Bloomberg un article intitulé « Une autre grande idée de Milton Friedman s’est avérée exacte ». Il y relaie les résultats d’une étude de Tara Sinclair, confirmant à l’aide d’outils mathématiques avancés l’hypothèse de Friedman selon laquelle, aux Etats-Unis, les grandes récessions sont suivies de reprises particulièrement fortes, mais pas l’inverse.
Selon Bloomberg, d’autres chercheurs ont obtenu des résultats similaires en étudiant les statistiques économiques d’autres pays.
De ce point de vue, la théorie présentée par des économistes tels que Ludwig von Mises et Murray Rothbard selon laquelle la gravité d’une crise économique est liée à l’ampleur du boom qui l’a précédé serait donc inexacte.
Cependant, le principal problème avec le modèle théorique développé par Friedman est l’absence de définition fondamentale de la nature des cycles d’expansion et de contraction économique. Notez qu’une définition fondamentale permet d’identifier la véritable essence du sujet analysé.
Les cycles d’expansion-récession et le rôle des banques centrales
Pour établir la définition fondamentale du phénomène des cycles d’expansion et de récession, il faut remonter à leur origine.
D’après Murray Rothbard :
« Avant la révolution industrielle, vers la fin du XVIIIème siècle, nous n’observions pas une telle succession de booms économiques et de récessions. Une crise économique pouvait survenir soudainement lorsqu’un roi décidait de partir en guerre ou de confisquer les biens de ses sujets, mais il n’y avait aucun signe de ce phénomène propre à notre époque moderne d’alternance régulière entre expansion et récession. »
Le phénomène des cycles d’expansion et de contraction semble être d’une façon ou d’une autre lié au monde moderne. Mais quel est ce lien ? La source des cycles récurrents d’expansion-récession s’avère être le prétendu « protecteur » de l’économie : la banque centrale elle-même.
Le rôle essentiel des banques centrales
Les politiques menées actuellement par les banques centrales, qui visent à corriger les conséquences indésirables de ses tentatives antérieures de stabilisation de l’économie, constituent les facteurs clés des cycles récurrents d’expansion et de récession.
Les dirigeants de la Fed, notamment, se considèrent comme l’autorité garante d’une croissance économique régulière et de la stabilité des prix (les responsables politiques s’imaginent pouvoir décider de ce que devrait être la trajectoire de croissance « adéquate »).
Par conséquent, tout écart par rapport à cette trajectoire de croissance entraîne une réaction de la Fed, au travers soit d’un resserrement soit d’un assouplissement de sa politique monétaire.
Ces réactions aux effets des décisions de politique monétaire antérieures sur les données économiques aboutissent à des fluctuations du taux de croissance de la masse monétaire créée ex nihilo et donc à des cycles successifs d’expansion et de récession (notez que la création de monnaie ex nihilo est le résultat de la politique monétaire laxiste de la banque centrale).
Observez que la politique monétaire laxiste des banques centrales, qui se traduit par une expansion de la masse monétaire créée ex nihilo, entraîne l’échange de devises au départ inexistantes contre des ressources réelles, ce qui équivaut à un détournement des richesses générées par les activités productives vers des activités non productives.
Ce détournement a pour conséquence d’affaiblir les activités productives et donc leur capacité à faire croître la quantité de richesses globalement disponibles.
La suite dès demain…
Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.