La Chronique Agora

Des véhicules particuliers de plus en plus chers

Et si c’était fait exprès ?

Des données apparemment contradictoires se télescopaient, ce mardi 30 avril… et nous résistons difficilement à la tentation de recourir à la figure stylistique humoristique qui consiste à présenter une situation critique, en divisant le réel entre « bonne nouvelle » et « mauvaise nouvelle » (sachant d’avance que c’est la seconde qui prévaut).

Et ce mardi 30 avril, la planète Bourse a été mobilisée par la thématique automobile… et à Paris en particulier, nous avons assisté au plongeon de Stellantis, l’astre boursier le plus brillant des douze derniers mois, passé en une séance de la 1ère place du CAC 40 à la 4e, sur le constat d’une baisse des ventes trimestrielles qui débouche sur un coûteux programme de déstockage.

Mais revenons-en à la « bonne nouvelle » : les immatriculations de voitures neuves en France ont augmenté en avril de 10,9%, à 147 000 en rythme mensuel, selon les chiffres compilés par le Plateforme Française Automobile (PFA).

Mais cette hausse serait ramenée à moins de 10%, compte tenu de 21 jours ouvrables cette année, contre 19 l’an dernier.

Sur les quatre premiers mois de l’année, le marché français a enregistré une hausse de 6,95% sur un an, avec 591 880 immatriculations.

La « mauvaise nouvelle » pour les constructeurs français, c’est que les immatriculations de voitures neuves du groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, DS, Fiat, Chrysler et Opel) ont augmenté le mois dernier de seulement 2,60% par rapport à avril 2023. Et c’est pire au niveau des ventes mondiales avec -10,3% au premier trimestre 2024, dont -13% en Europe (net ralentissement des ventes du « modèle star » des années 2020/2022, le « 3008 »).

La division de « luxe » du groupe, Maserati, a vu son chiffre d’affaires divisé par deux sur un an, notamment à cause de faibles ventes de ses SUV Grecale et Levante aux Etats-Unis.

Le groupe Renault (marques Renault, Dacia et Alpine) a vu, quant à lui, ses immatriculations en France progresser de 4,5% en rythme annuel en avril.

Stellantis se retrouve donc « lanterne rouge », loin derrière les constructeur allemands, coréens et japonais. Les marques chinoises (comme BYD, Leapmotors, MG – ex marque britannique –, Geely/Volvo, Nio, Dongfeng…) montent également en puissance avec un triplement des ventes en 2023, notamment dans le segment « full electric ».

Les modèles électriques coûtent au minimum 30% plus cher que les modèles thermiques de gamme équivalente, ce qui contraint beaucoup plus d’acquéreurs à recourir à un emprunt, ce qui pose un vrai problème quand les taux gravitent au-delà de 6,7% en moyenne pour un prêt de 10 000 € sur trois ans (en TAEG) et à 6,3% sur quatre à cinq ans, puis à 7% sur six ans (durée maximum).

Et les prix ne vont pas chuter pour les véhicules assemblés en Europe, car la norme « Euro-7 » entrera en vigueur dès juillet 2025 : elle s’appliquera à l’ensemble des modèles produits par nos constructeurs, et pas seulement aux versions les plus récentes de chaque gamme.

Cela signifie que le prix de TOUS les modèles va augmenter pour des raisons purement réglementaires de normes relatives à la réduction du CO2 (motorisation, mais également empreinte carbone à la production).

Nos constructeurs peuvent redouter l’effondrement d’une grande partie de la production automobile dès 2025, le pouvoir d’achat des acheteurs ne pouvant suivre le renchérissement des véhicules (à moins d’un miracle sur les taux), sans parler des frais de raccordement (bornes spécifiques) et du coût de plus en plus prohibitif de l’électricité (et des « recharges rapides » sur autoroute).

Le durcissement de plus en plus absurde des critères imputés aux émissions de CO2 ne concerne en réalité ni le climat, ni la protection de la santé (X milliers de morts attribuées soi-disant aux particules fines, mais il y a infiniment plus de morts – prouvées à 100% – du cholestérol ou du diabète), mais vise bien à anéantir la production de véhicules thermiques.

Ils sont accusés de tous les maux, alors que l’expérience démontre que le remplacement d’une batterie défectueuse au bout de 100 000 km rend le bilan carbone de votre « voiture verte » bien plus calamiteux en cinq ans (longévité moyenne) que celui d’un moteur de 1,3 L qui consomme du 5,2 L au 100 (ou même du 7 L au 100 pour des SUV de 2 L de cylindrée).

Nous nous posons la question de savoir si l’objectif est bien de remplacer d’ici 2035 les 50 millions de voitures circulant en Europe avec un moteur à combustion par 50 millions de véhicules électriques… ou s’agit-il de rendre, à partir de 2025 et jusqu’en 2030, la mobilité privée si chère qu’elle ne sera plus accessible qu’à une élite qui se focalisera sur le haut de gamme.

Nous parlons d’engins de 2,2 tonnes passant de 0 à 10 Km/h en 1,9 seconde (Tesla modèle « S ») avec 700 Km d’autonomie… la même qu’une Clio avec un moteur de 130 Cv et un réservoir de 42 litres.

La plupart des autres usagers qui ne peuvent mettre cinq ans de salaire dans un Tesla « S » (93 000 €) ou deux ans et demi pour une e-Peugeot 3008 à 46 500 € vont être incités à s’orienter vers l’autopartage, c’est-à-dire une forme de copropriété urbaine (ou d’absence de propriété) où chacun devra programmer l’usage d’un véhicule en fonction de ses besoins (shopping dans des centres commerciaux de la périphérie, week-ends, vacances).

Ce n’est pas idiot, car un véhicule particulier passe 95% de son temps à ne pas « fonctionner »… et on peut ainsi étendre le raisonnement à la machine laver le linge, au fer à repasser, etc.

Une laverie de quartier est bien plus « économe » du point de vue CO2 que 100 lave-linge dans un périmètre de 50 mètres.

Du coup, poussons le raisonnement jusqu’au bout : il y a, chez chaque citoyen, une foule d’objets que nous possédons et qui ne servent qu’occasionnellement (perceuse/visseuse, groupe électrogène, etc.) et qu’il serait plus rentable de mutualiser afin de les louer… et qui, étant fabriqués en moins grand nombre (kilotonnes de CO2 économisés), permettraient de sauver la planète.

De quoi illustrer l’un des mantras du WEF : « Vous ne possèderez plus rien, et vous serez heureux. »

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