Quel est le véritable impact de ces nouveaux régimes alimentaires ?
Pour sauver la planète du changement climatique, de nombreux défenseurs de l’environnement affirment que nous devrions devenir végétaliens. Ils attirent l’attention sur les émissions de gaz à effet de serre provenant de l’élevage de masse et son rôle dans le réchauffement de la planète. Greenpeace, par exemple, affirme que « l’impact de la viande sur le climat est énorme – à peu près équivalent aux déplacements de toutes les voitures, camions et avions du monde ».
S’il est vrai que l’élevage d’animaux, en particulier de vaches pour produire du boeuf et du lait, contribue au changement climatique, le véganisme est une mauvaise solution, quoi qu’en dise Greenpeace.
Néanmoins, les mouvements éco-sociaux sont puissants. La tendance au véganisme s’est imposée dans le monde occidental, encouragée par le discours de Greenpeace selon lequel manger de la viande et boire des produits laitiers « tue la planète ». Rien qu’en France, on compte environ 340 000 végétaliens. Plus de 10% des personnes âgées de 18 ou 19 ans ont volontairement renoncé aux produits alimentaires d’origine animale.
Il s’agit de la même génération qui place systématiquement l’environnement au premier rang de ses priorités politiques. Il est clair qu’ils considèrent que le fait de devenir végétalien soit un choix respectueux de l’environnement. Malheureusement, s’abstenir de consommer de la viande et des produits laitiers n’est pas la solution miracle pour adopter un mode de vie écologique. De nombreux produits de substitution que les végétaliens consomment à la place de la viande sont encore plus nocifs pour l’environnement en raison de leurs méthodes de production uniques.
Des alternatives loin d’être irréprochables
Il n’est pas facile d’avoir une alimentation équilibrée sans consommer de produits d’origine animale. Les sources de protéines d’origine végétale sont peu nombreuses, et manger des haricots et des lentilles tous les jours devient vite épuisant.
Les végétaliens se tournent donc vers d’autres ingrédients comme le soja, qui contient des protéines. Le soja est utilisé dans de nombreux produits végétaliens, notamment les substituts de viande que sont le tofu et le tempeh. Selon le WWF, l’Européen moyen consomme plus de 60 kilogrammes de soja par an.
Or la production de soja a un effet catastrophique sur la nature. Sa culture produit aussi d’importantes émissions de gaz à effet de serre, bien qu’elles soient inférieures à celles de l’élevage bovin. Le soja est également une culture très inefficace, qui nécessite beaucoup de terres pour une petite quantité de produit. Cela signifie qu’il accélère la déforestation, car de vastes zones forestières doivent être défrichées pour faire place au soja. Ce processus a également un effet destructeur sur la biodiversité. La production de soja provoque également l’érosion des sols et génère des déchets dont il est difficile de se débarrasser sans causer davantage de dommages à l’environnement naturel.
Le fait de renoncer à la viande pour préserver l’environnement n’est donc pas aussi efficace qu’il n’y paraît, à première vue.
Il en va de même pour le lait. Des millions de jeunes végétaliens renoncent au lait pour réduire leur empreinte carbone, car ils craignent que l’élevage des vaches ne soit à l’origine du changement climatique.
Malheureusement, les alternatives au lait à base de plantes ont leurs propres problèmes. Le lait d’avoine peut contenir du glyphosate, un herbicide qui cause de nombreux problèmes à la nature. La production de lait d’amande provoque des sécheresses. La production de lait de coco, quant à elle, détruit la fertilité des sols. La production de lait de riz émet du méthane, tout comme les vaches.
Les végétaliens qui pensent faire leur part pour la planète en grignotant un steak de tofu et en l’arrosant d’un verre de lait végétal ne se rendent probablement pas compte que les produits qu’ils consomment ont causé autant, voire plus, de problèmes pour l’environnement que l’élevage de vaches.
Quelle est donc la solution ? Si le fait de manger de la viande comme de l’éviter est un désastre pour la planète, que devrait faire un « mangeur » soucieux de l’environnement ? La réponse, comme c’est souvent le cas, est de s’asseoir et de laisser le marché libre faire ce qu’il fait le mieux.
L’innovation agroalimentaire s’accélère
Tout le monde veut des aliments qui aient bon goût, et les pressions du marché pour rendre les aliments durables du point de vue de l’environnement sont énormes. Ce n’est donc qu’une question de temps avant que quelqu’un ne devienne très riche en créant de la viande et du lait sans émissions.
En fait, c’est déjà en train de se produire sous nos yeux. The Guardian nous rapporte, par exemple, qu’une start-up australienne développe une technologie pour rendre les vaches moins flatulentes, afin qu’elles produisent moins de méthane. Si elle réussit, cette technologie pourrait rendre l’élevage de masse beaucoup plus respectueux de l’environnement, ce qui signifierait que nous pourrions manger du boeuf et boire du lait sans contribuer au changement climatique.
Entre-temps, la technologie permettant de cultiver de la viande en laboratoire se développe rapidement et commence à se répandre dans le grand public. Une entreprise israélienne a récemment obtenu le droit de vendre son poulet cultivé en laboratoire aux Etats-Unis. Des entreprises comme Beyond Meat, spécialisées dans la viande cultivée en laboratoire, apparaissent plus souvent que jamais dans les rayons des supermarchés et deviennent peu à peu des noms familiers.
Ces entreprises fabriquent des produits qui remplacent la viande et qui sont beaucoup plus respectueux de l’environnement que les produits à base de soja. En outre, leur goût est généralement bien meilleur que celui du soja, car ils sont fabriqués à partir de cellules animales, offrant ainsi une imitation réellement impressionnante de la viande, contrairement au soja, qui n’a pas du tout le même goût.
La récente baisse des ventes de certains produits à base de viande élaborée en laboratoire ne reflète pas toute l’histoire. Ces produits en sont encore à un stade très précoce de leur développement et ne sont pas encore aussi bon marché et savoureux qu’ils le seront bientôt si le développement se poursuit au rythme actuel. Avec le temps, les produits carnés véritablement respectueux de l’environnement pourraient devenir moins chers, meilleurs et plus présents que la viande traditionnelle.
Peut-être aussi que le marché libre trouvera une autre solution, meilleure, au problème des émissions provenant de l’élevage. Quoi qu’il en soit, nous ne tarderons pas à disposer de nombreux moyens de réduire radicalement l’impact de notre alimentation sur l’environnement, tout en conservant le choix du consommateur.
Bientôt, nous considérerons cette époque où les défenseurs de l’environnement promouvaient des produits à base de soja nuisibles à la planète comme un épisode étrange et déroutant de l’Histoire.
Jason Reed est un commentateur politique britannique prolifique, avec des centaines d’articles publiés et des apparitions dans les plus grands médias britanniques.