J’espère que vous avez eu l’occasion de vous reposer un peu cet été. Pour ce qui est de nos politiciens cancres, ils ont tendance à nous laisser tranquilles pendant les grandes chaleurs. Cependant, avec la rentrée qui approche, nous allons vite les retrouver au plus haut de leur forme. Comment nos derniers de la classe ont-ils préparé leur rentrée ?
Récréation : la question du goûter de l’Assemblée nationale réglée par le gouvernement
Vous le savez, l’Assemblée nationale est ce lieu où sont tranchés les enjeux nationaux de la plus haute importance, ce qui justifie la présence de 577 députés qui travaillent d’arrache-pied. Au cas où vous auriez raté l’info, j’ai l’immense soulagement de vous annoncer que la guerre régionale entre le pain au chocolat et la chocolatine, que voulait relancer une dizaine de députés LR menée par Aurélien Pradié, a été suspendue.
Voici l’objet de la discorde :
Interrogé par 20 Minutes, Aurélien Pradié expliquait fin mai qu’il s’agissait de « faire évoluer le code rural pour valoriser les produits régionaux, protéger les produits de qualité et le savoir-faire local. Nous disons : il doit y avoir une différence entre une chocolatine surgelée et un vrai produit de qualité. L’appellation doit permettre de protéger le produit. A ce titre, seuls les produits de vrais artisans boulangers s’appelleraient chocolatines. […] Ce n’est pas l’idée du siècle, mais c’est une disposition parmi d’autres. »
Lorsque 20 Minutes a fait remarquer au député qu’il aurait pu « déposer exactement le même amendement avec le terme ‘pain au chocolat' », voici quelle a été sa réponse :
« C’est vrai, mais je suis élu du Sud-Ouest, j’en suis fier. Je ne suis pas comme ces députés sans saveur, fades au possible et ennuyeux. J’assume de faire les choses avec un peu de second degré. D’ailleurs, je suis un défenseur de la chocolatine mais je reste tolérant vis-à-vis des défenseurs du pain au chocolat. »
Au final, cela n’était vraiment pas « l’idée du siècle » et le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Stéphane Travert a tué l’amendement dans l’oeuf, indiquant que « le débat n’était pas du niveau du Parlement ».
Si Aurélien Pradié tient à se faire la voix de ses origines, ce n’est pas à l’Assemblée nationale qu’il doit se faire élire, mais au Sénat. En effet, seule la chambre haute a vocation à représenter les collectivités territoriales. Enfin, si sa vocation ultime est de divertir un public et que le député a le goût du défi, alors qu’il n’hésite pas à reprendre le cirque Pinder, actuellement en liquidation judiciaire. Les gags du Républicain coûteraient ainsi moins cher au contribuable.
Illettrisme au Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes
Savez-vous que parmi moult bidules institutionnels, la présidence Hollande nous a gratifié d’un Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes ? Révision constitutionnelle oblige, le Haut-machin s’est fendu le 18 avril d’un avis de 48 pages sur le projet du gouvernement. Voici par exemple ce que l’on trouve en page 7 :
J’invite ces hauts esprits (une soixantaine de personnes, tout de même…) à relire le billet que Jean-François Revel avait intitulé « Le sexe des mots ». On y trouve quelques rappels de bon sens :
« Byzance tomba aux mains des Turcs tout en discutant du sexe des anges. Le français achèvera de se décomposer dans l’illettrisme pendant que nous discuterons du sexe des mots. […]
Leur genre n’a rien à voir avec le sexe de la personne qu’ils concernent, laquelle peut être un homme. Homme, d’ailleurs, s’emploie tantôt en valeur neutre, quand il signifie l’espèce humaine, tantôt en valeur masculine quand il désigne le mâle. Confondre les deux relève d’une incompétence qui condamne à l’embrouillamini sur la féminisation du vocabulaire.
Un humain de sexe masculin peut fort bien être une recrue, une vedette, une canaille, une fripouille ou une andouille. De sexe féminin, il lui arrive d’être un mannequin, un tyran ou un génie. Le respect de la personne humaine est-il réservé aux femmes, et celui des droits de l’homme aux hommes ? Absurde ! »
Rien à ajouter.
Jongler entre deux langues : le président y perd toujours ses mots
J’avais diagnostiqué une tendance schizophrénique d’Emmanuel Macron qui tend à avoir des avis différents selon qu’il s’exprime en Anglais ou en Français. Sa condition semble s’améliorer puisque le président se contente désormais de passer sous silence certains de ses propos en fonction du public auquel il s’adresse. Ainsi, Emmanuel Macron a-t-il déclaré lors d’un discours aux Etats-Unis au mois d’avril que Donald Trump et lui-même sont « les garants du multilatéralisme contemporain »… mais en Français seulement.
Car en effet, comme l’explique le journaliste Jean-Dominique Merchet :
« Donald Trump est un nationaliste. Ce qu’il veut, c’est défendre les intérêts de l’Amérique. Il a une vision unilatéraliste. […] [Emmanuel Macron] se raconte des histoires ! Il y a une vraie opposition politique, et Macron fait semblant de pouvoir récupérer Trump et le ramener dans un projet de gestion multilatéral des affaires mondiales ».
Je suis d’accord avec Jean-Dominique Merchet, si ce n’est que je doute que ce soit à lui-même qu’Emmanuel Macron « raconte des histoires »…
Les lourdes carences en lexique de la « droite la plus bête du monde »
La France a-t-elle la droite la plus bête du monde ? Depuis le début de l’ère Laurent Wauquiez, je n’en finis plus de me le demander…
Cette semaine, c’est de la récupération du vocabulaire de La France Insoumise par les Républicains que je voudrais vous parler. Exemples à l’appui.
Pour ceux qui ne la connaîtraient pas, Lydia Guirous est porte-parole des Républicains.
Lorsqu’on cumule démagogie et bêtise stratégique, on peut effectivement prétendre à la palme de l’incurie politique, comme le laisse entendre Daniel Tourre.
Mais du côté de ce qu’il est convenu d’appeler « la droite », le pape du mélange bullshit-bingo-anticapitaliste est sans doute Guillaume Peltier, député, conseiller régional et vice-président des Républicains. Nul doute que ce transfuge du MPF a de l’avenir aux côtés de Laurent Wauquiez.
Je laisse le soin à Daniel Tourre et Hélène K. d’annoncer le diagnostic final :
Pour fayoter le Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes, terminons avec une dame.
Dominique Bertinotti a été ministre déléguée à la Famille entre 2012 et 2014. Voici quels termes cette socialiste choisissait mi-juillet pour qualifier le projet de réforme de la SNCF.
On espère que l’ancien ministre a profité du mois d’août pour réviser ses cours d’Histoire.
Je vous retrouve la semaine prochaine pour voir avec quels autres camarades de jeu les personnalités que nous avons évoquées pourraient reprendre le cirque Pinder.