** "La Banque mondiale s’est réunie dimanche pour discuter de la crise du prix des denrées alimentaires qui a entraîné des agitations mortelles dans les pays en voie de développement, mettant en évidence l’urgence d’une lutte contre la faim et la pauvreté", rapporte Channel News Asia.
– Urgent à quel point, demandez-vous ? Le Premier ministre d’Haïti s’est fait secouer ce week-end par des foules protestant contre la hausse vertigineuse du prix de la nourriture et des carburants. Nous ne savons même pas qui est cet homme, mais nous pensons qu’il ne sera pas le dernier représentant public à se faire virer avec pertes et fracas d’ici à ce que la crise se termine (et ce n’est pas pour tout de suite).
– Comme d’habitude, les gens en marge sont les premiers touchés quand le surplus se transforme en manque. Malgré tous les signes quotidiens d’abondance ici, en Australie, n’oublions pas que près de quatre milliards et demi de personnes dans le monde ont peu ou pas de marge d’erreur dans leur vie quotidienne. Si le prix des denrées alimentaires augmente, ces gens vont mourir de faim.
– Le président de la Banque mondiale, Robert Zoellick, dans sa meilleure imitation de Franklin Delano Roosevelt, a annoncé qu’il voulait instaurer une "Nouvelle Donne" dans les programmes alimentaires mondiaux. Il a demandé aux pays les plus riches de donner 500 millions de dollars US immédiatement pour aider à l’approvisionnement en nourriture des pays les plus pauvres.
– Le président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, a été moins pragmatique mais plus rhétorique. Pour conclure la réunion annuelle de printemps du FMI, il a dit : "si le prix des denrées alimentaires continue à augmenter de la sorte… les conséquences seront terribles… des centaines de millions de gens vont mourir de faim… nous savons pertinemment que par le passé, de telles situations ont entraîné des guerres".
– Les gens disent souvent que les guerres de ressources seront quelque chose de banal dans le siècle (ou la décennie) à venir. Mais ils parlent généralement de pétrole et d’énergie, pas de riz ou de blé. La nourriture est le carburant du corps. Si vous n’avez pas accès à des calories bon marché, à quoi bon avoir du carburant bon marché ?
– Ici, à la Chronique Agora, nous soutenons que les denrées alimentaires et le carburant sont de plus en plus chers. Ce qui est inquiétant, c’est que les taux maintenus artificiellement bas et l’énergie bon marché ont, depuis maintenant plusieurs années, envoyé au monde entier des signaux erronés sur la vitesse et l’importance de l’augmentation de la population. L’abondance agricole est un phénomène historique très récent (et peut-être temporaire). Ce n’est pas une coïncidence que ce soit arrivé en même temps que le boom énergétique du pétrole bon marché.
– Non que ce soit d’une quelconque consolation pour les gens affamés qui font la queue pour acheter du carburant, mais les entreprises du secteur agricole vont exploser (à condition qu’elles ne soient pas nationalisées). Les vendeurs de matériel agricole, les fabricants de fertilisants et les gros producteurs devraient tous voir leurs revenus augmenter cette année. Et l’année prochaine. Et l’année d’après. [Et pour profiter de cette hausse spectaculaire, c’est par ici…]
** La crise du pétrole n’a pas encore atteint un niveau aussi critique que celle des marchés mondiaux de l’alimentaire. Mais cela finira par arriver. Cette semaine, notre attention a été attirée par les actualités du secteur du charbon propre. "L’Australie investit maintenant 63 millions de dollars dans le développement de la technologie du charbon propre en Chine, notre plus gros acheteur de charbon", annonçait Denis Chanahan dans le journal The Australian.
– Kevin Rudd a dit que les reporters avaient apporté des arguments en faveur d’un partenariat sino-australien sur le charbon : "le fait que l’Australie soit le plus gros exportateur mondial de charbon, et que la Chine soit le plus gros consommateur mondial de charbon, nous donne à tous les deux la responsabilité fondamentale d’agir dans ce secteur technologique crucial", a-t-il dit.
– Ils disent "responsabilité", nous disons "opportunité". Maintenant que nous sommes dans un monde où il y a des "avec" et des "sans" énergie, le charbon est une source réaliste de carburant de transport pour les pays pauvres en pétrole et riches en charbon. Ce qui manque aux pays riches en charbon, c’est la technologie et les capitaux pour transformer le charbon en carburant liquide. L’Australie possède plusieurs entreprises publiques qui pourraient les aider. C’est une opportunité.