La Chronique Agora

Une solution de rechange très précieuse (2)

Par Adrian Ash (*)

Pour commencer, le marché de l’or physique situé à Londres est l’un des marchés de capitaux les plus profonds et les plus liquides au monde. Transformer l’or en liquidités est plus facile pour les investisseurs ayant des barres d’or certifiées. Stockés dans des conditions professionnelles pour conserver au maximum leur valeur de revente, l’or détenu sous la forme de ces grandes barres de 400 onces permet également d’éviter de grands spreads ainsi que des frais de commission.

De nombreuses études prouvent aussi l’attrait de l’or en tant que refuge sur la base de sa "non-corrélation" avec des actifs titrisés comme les actions et les obligations. Les prix de l’or évoluent indépendamment des marchés financiers plus larges — ni avec eux, ni contre eux. Cette absence de corrélation fait de l’or un composant essentiel de tout portefeuille diversifié.

L’or physique — s’il est en possession directe — est également unique parmi les actifs échangeables, parce qu’il est quasi-entièrement dépourvu de risque de contrepartie. Vous seriez surpris du nombre d’investisseurs, tant privés que professionnels, qui ne font pas la différence.

Posséder le métal directement — qu’il s’agisse de pièces d’or dans votre poche ou de lourdes barres stockées en toute sécurité — élimine tout le risque lié à la solvabilité des banques et des maisons de courtage. Et vous vous retrouvez avec un actif physique très liquide, dont vous pouvez estimer instantanément la valeur simplement en vérifiant les prix de l’or spot sur internet.

"Le choc du subprime est peut-être en train de s’apaiser", déclare Gillian Tett dans le Financial Times, "mais le problème est que… à mesure que l’économie US ralentit, il y a de grandes probabilités de voir des faillites apparaître dans le monde des dettes des entreprises et des dettes à la consommation".

"Et plus les banques seront forcées de resserrer le prix du crédit suite au bourbier du subprime ou à d’autres pertes, plus le risque sera grand de voir émerger cette seconde vague de faillites — créant le risque d’un cercle vicieux".

Le ralentissement actuel des prix de l’or nous dit que moins d’investisseurs s’inquiètent aujourd’hui. Mais récemment, Moody’s Investor Service — l’une des trois agences de notation accusées d’avoir laissé les banques d’investissement émettre des obligations subprime toxiques sous la notation "triple A" — prévenait d’une augmentation notable des faillites d’obligations d’entreprises US. Selon Moody’s, le taux de défaut sur les junk bonds à la notation basse pourrait quadrupler, passant à 4%, d’ici la fin de l’année.

Partout où le choc du subprime a été fort, les dettes municipales semblent faibles elles aussi. Les membres du conseil de Vallejo, en Californie, ont voté la semaine dernière, décidant de déclarer faillite, en grande partie parce que "les prix des maisons à Vallejo et dans les régions environnantes une chuté de 26% ces 12 derniers mois", rapporte The Independent, à Londres. "La ville s’attend à percevoir 1,6 millions de dollars en moins en termes de taxes sur les ventes immobilières".

Et tout ça alors que — 12 mois après les premiers signes de difficulté chez UBS et Bear Stearns — le coût final du choc du subprime lui-même est encore inconnu. Ben Bernanke, président de la Réserve fédérale, avait prévu à l’origine 100 milliards de dollars de pertes. Depuis, le Fonds monétaire international a fixé la barre à 945 milliards de dollars.

Il y a aussi des coûts cachés, comme le rapportait Bloomberg. State Street, le plus grand gestionnaire de fonds institutionnel au monde, se retrouve confronté à plus de 625 millions de dollars de frais juridiques, par exemple, après avoir été traîné en justice par quatre compagnies d’assurances pour avoir placé leurs liquidités dans des obligations subprime sans leur approbation.

Imaginons que toute votre richesse se trouve en toute sécurité, hors de portée de la prochaine crise du style subprime. Une perte de confiance dans un secteur peut toujours se transformer en une crise affectant le système tout entier. Et les défauts de paiement des obligations subprime devraient nous rappeler à tous que le risque de contrepartie reste très réel… même si les vendeurs de produits dérivés sont devenus très rusés.

Un nombre croissant d’investisseurs privés, par contraste, préféreraient détenir au moins une partie de leur capital dans un actif liquide et échangeable, entièrement dépourvu du risque de faillite. Le prix qu’ils paieront devrait dépendre de leur opinion sur la future évolution des taux d’intérêt.

La valeur de l’or en tant que solution de rechange pour votre portefeuille reste difficile à battre, même à 15% au-dessous de son dernier sommet de la mi-mars.

Meilleures salutations,

Adrian Ash
Pour la Chronique Agora

(*) Adrian Ash dirige le bureau de recherche pour BullionVault, un des services les plus simples au monde pour acheter et investir dans l’or. Après avoir été responsable éditorial pour Fleet Street Publications — l’homologue britannique des Publications Agora — il a été correspondant du Daily Reckoning à la City de Londres pendant 4 ans. Il intervient désormais régulièrement dans les publications de 321gold, FinancialSense, GoldSeek, Prudent Bear, SafeHeaven et Whiskey & Gunpowder ainsi que sur plusieurs sites internet d’investissement. Les points de vue d’Adrian sur le marché de l’or sont régulièrement repris par le Financial Times et AFX Thomson.

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