La Chronique Agora

Une république bananière sans bananes

▪ Les actions grimpent, en ce début d’année. Mais cette hausse signifie-t-elle un boom économique ? Ou plus d’argent de la part des autorités ? Signale-t-elle la fin du ralentissement ? Ou la "non-fin" des efforts de sauvetage des autorités ?

A la Chronique Agora, nous nous en tenons à notre point de vue : nous vivons une dépression. Elle ne se terminera pas avant d’avoir fini son oeuvre. Et dans la mesure où les autorités essaient de la bloquer, de l’empêcher, de la repousser, de l’éviter et de la retarder, il pourrait falloir des années avant qu’elle ne termine son travail.

Martin Feldstein, expert en cycles économiques :

"La récession n’est pas terminée". Durant un entretien sur Bloomberg Radio, le 17 décembre dernier.

David Rosenberg explique quant à lui que 90% de la "croissance" du troisième trimestre provenaient des mesures de relance. Lesquelles n’ont produit qu’une hausse de 2,2% annualisés pour le PIB — un chiffre bien inférieur aux taux habituels à la fin d’une récession.

"Normalement, lors du premier trimestre de croissance post-récession, le PIB réel se développe au taux de 7,3% annuel ; il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir à 2,2% — c’est en fait plutôt inquiétant".

"Jamais, de toute l’histoire connue, la croissance générée par une série de déclins n’a été aussi faible que celle à laquelle nous venons d’assister. Compte tenu de tous les efforts gouvernementaux pour déclencher une reprise ‘en V’, ce à quoi nous avons assisté dans l’économie réelle au troisième trimestre — bien loin de ce qui s’est passé sur les marchés financiers, il faut l’admettre — est, en un mot, pathétique".

▪ Que se passe-t-il ? Comment se fait-il qu’une telle quantité de "relances" gouvernementales produise si peu de véritable relance ?

Eh bien parce qu’une économie est si lourde… qu’on ne peut que la pousser dans une pente descendante !

Les stimulants monétaires ne fonctionnent que s’ils poussent l’économie dans la direction vers laquelle elle souhaite aller. Lorsque les gens veulent acheter, vous pouvez les faire acheter plus en leur donnant plus de crédit. Mais lorsqu’ils ne veulent pas acheter, le crédit supplémentaire ne sert à rien. Plus de crédit, c’est ce que les gens ne veulent pas. Leur en offrir plus ne le rend pas plus attirant.

Les dépenses gouvernementales, en revanche — les stimulants budgétaires — sont une imposture plus efficace. Les gens voient les autorités dépenser de l’argent, et ils confondent ça avec une activité économique authentique. Le gouvernement embauche. Le gouvernement dépense. C’est comme si tout était vrai !

▪ En fait, c’est même mieux qu’une vraie croissance. Parce que les autorités paient mieux. Et elles n’ont pas non plus à s’inquiéter de justifier de bénéfices ; il faut perdre de l’argent… c’est le but même d’une relance. Vous voulez un programme de relance budgétaire ? Facile. Remplacez l’activité économique honnête par du travail bidon concocté par les fédéraux.

Le nombre de fonctionnaires fédéraux à salaires élevés augmente rapidement. Dans le département de la Défense US, par exemple, "les employés civils gagnant 150 000 $ ou plus est passé de 1 868 en décembre 2007 à 10 000 en juin 2009, le chiffre le plus récent disponible", écrit Marc Faber.

Selon Marc, les Etats-Unis sont en train de se transformer rapidement en république bananière, où les élites profitent de positions influentes pour garnir leur propre nid douillet. Employés fédéraux, lobbyistes, politiciens, fournisseurs du gouvernement — tous complotent à dépouiller le public de ses actifs afin de garnir leur propre tirelire. En général, les républiques bananières ont du beau temps et une devise pourrie. Elles empruntent trop… font tourner leurs planches à billets lorsqu’elles se retrouvent dans le pétrin… puis font faillite.

Le monde change, non ? Alors que les Etats-Unis glissent dans le "bananisme", la plus grande république bananière de la planète, le Brésil, est en plein boom. Il détenait la première place, en termes de marchés boursiers, pour 2009 — avec +145%.

Les Etats-Unis, quant à eux, sont en train de devenir la pire sorte de république bananière — de celles où l’on trouve des tempêtes de neige et pas de bananes.

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