La Chronique Agora

Une facture pour les futures générations

▪ Tout semble bien aller sur les marchés, n’est-ce pas ? Parfait. Profitons-en pour aller un peu plus en profondeur… dans l’histoire derrière l’histoire…

Comme nous le disons depuis longtemps, les élites veillent à leurs propres intérêts. Pourquoi pas, après tout ? Tout le monde prend ses intérêts à coeur, non ? Ce n’est pas ce à quoi on pourrait s’attendre ?

Toutes les organisations ont à leur tête quelqu’un qui les contrôle. Le gouvernement ne fait pas exception. Souvent, les personnes qui ont le vrai contrôle ne sont pas celles qui semblent avoir les rênes du pouvoir. Parfois, le vrai pouvoir est caché… en coulisses.

Certaines des sociétés les plus remarquables et les plus prospères ont été régies par des esclaves. Nous ne plaisantons pas. Les Mamelouks en Egypte et les Janissaires de l’Empire ottoman. Ils avaient été capturés ou achetés en Europe. Les garçons — généralement des chrétiens — étaient emmenés dans des camps d’entraînement spéciaux. Là, on les convertissait à l’Islam, et on leur apprenait les arts de la guerre et de l’administration. Ils devenaient soldats. Ou bureaucrates. Généraux. Gouverneurs. Ils géraient les choses au quotidien… pour les pouvoirs et l’élite.

Bien entendu, parfois, comme les troupes barbares de Rome, ils se retournaient contre leurs maîtres et prenaient complètement le pouvoir — suite à quoi le maître devenait esclave.

Mais c’est une très longue histoire. Même dans une démocratie complexe et moderne, le gouvernement agit d’abord pour le compte des groupes qui le contrôlent.

Comment ? En partie par de pots-de-vin. En partie par du vol. Les dirigeants prennent à certains. Ils donnent à d’autres. Ils en gardent beaucoup pour eux.

Il n’était donc pas du tout surprenant que, durant la crise de 2007-2009, les autorités aient immédiatement renfloué les banques. C’était un acte de vol. Les grandes banques ont le pouvoir. Elles ont utilisé le pouvoir pour s’enrichir. Simple, non ?

Cette traîtrise a coûté des milliers de milliards aux Etats, mais seule une personne sur 1 000 comprend vraiment ce qui se passe. Les autres 999 pensent que les autorités ont "sauvé l’économie". Ils pensent que les banquiers centraux sont des héros, non des canailles.

Dans une démocratie représentative, les élites puissantes doivent faire semblant d’agir pour le bien du "peuple". Elles font semblant que les renflouages sont nécessaires pour le secteur financier. Et elles font aussi la charité. Les coupons alimentaires, par exemple. Les gens qui en reçoivent n’ont pas beaucoup de vrai pouvoir. Mais ils votent. Les coupons alimentaires sont un moyen bon marché de soudoyer l’électorat.

A mesure que de plus en plus de gens sont intégrés dans le système — que ce soit comme canaille, comme facilitateur ou comme complice — le système se zombifie. On trouve de moins en moins de gens produisant de la richesse. Le système lui-même commence à grincer et s’effriter… et finit par s’écrouler.

Nous ne sommes pas assez idiots pour penser que c’est ce qui se passe en réalité. C’est simplement ce qu’on appellerait une "conception d’artiste". Une théorie idéalisée, simplifiée sur la manière dont les choses fonctionnent.

La vraie vie est toujours beaucoup, beaucoup plus nuancée… compliquée… et infiniment désordonnée.

Tout de même, cela nous donne un moyen de comprendre, de manière imparfaite, la manière dont les choses s’ordonnent.

▪ L’assouplissement quantitatif de la Fed et le programme de l’administration Obama, par exemple.

"La relance américaine a dépouillé nos petits-enfants", écrit Darrell Issa, membre du Congrès US, dans le Financial Times.

Nous sommes surpris. Nous ne pensions pas que quiconque, au Congrès US — à part Ron Paul — avait la moindre idée de ce qui se passe. M. Issa semble être une autre exception.

Il explique que les résultats du quatrième trimestre sont désormais disponibles. Ils montrent que le programme de relance a "lamentablement échoué à remplir les objectifs qu’il s’était lui-même imposés".

Il manque 6,8 millions d’emplois. Et le PIB US du quatrième trimestre est inférieur de 400 milliards de dollars à ce qui avait été promis.

"Environ 47 états américains sur 50… ont perdu des emplois depuis que la relance a été mise en place", rapporte M. Issa.

Et la majeure partie des emplois créés étaient des postes zombie — du travail dans le secteur public.

En d’autres termes, les autorités américaines ont dépensé 814 milliards de dollars. Ce qui n’a pas donné grand’chose. Mais la facture sera transmise aux générations futures — qui ne sont coupables ni de vol, ni de complicité.

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