** "Un nouveau coup du sort pour le marché immobilier", décrit le Financial Times.
* Le titre du Daily Telegraph est plus audacieux :
* "Chute libre du marché immobilier US alors que les prix s’effondrent".
* Et de continuer :
* "Les ventes de maisons neuves aux Etats-Unis ont fait un plongeon en août, au rythme le plus rapide depuis qu’on a commencé à enregistrer ces chiffres, déclenchant des craintes de voir l’économie glisser dans une récession pure et simple…"
* "Les ventes totales ont chuté de 8,3% au cours du mois, et sont désormais en baisse de 21,2% sur l’an passé, signe que le credit crunch a asséché les financements hypothécaire pour un grand nombre de gens".
* Les deux journaux nous donnent de nouvelles données sur les prix des maisons :
* "Le prix de vente médian d’une maison a chuté de 7,5%, passant de 246 200 $ à 225 000 $, son plus bas niveau depuis janvier 2005", déclare le Financial Times.
* Deux ans et demi d’augmentation de prix — envolées.
* Et dans les régions les plus en vogue, des gains encore plus gros se sont tout autant évaporés. Miami était l’une des villes les plus brûlantes du pays. A présent, ses immeubles ont du mal à se vendre. Voilà quelques nouvelles :
* "Il y a au moins 50 bâtiments en construction ou quasi-terminés rien que dans le centre-ville de Miami, comprenant environ 20 000 unités. Pour écouler leurs stocks, les promoteurs les vendent aux enchères".
* "Jeudi soit, au Miami Biscayne Bay Marriott Hotel, le marteau du commissaire a retenti alors que les enchérisseurs vendaient environ 20 unités du complexe Platinum (appartenant à Alex Redondo), qui en compte 119".
* "Lorsque tout a été terminé, [un acheteur] est reparti avec une unité de deux pièces au 19ème étage. Pour mettre le prix en perspective, un appartement d’une pièce estimé à 350 000 $ s’est généralement vendu aux enchères pour 176 000 $ — quasiment la moitié".
* "Un appartement deux-pièces se vendant environ 600 000 $ l’an dernier est parti pour 295 000 $ en moyenne".
* Oui, cher lecteur, si vous envisagez de déménager à Killeen, au Texas, vous feriez mieux d’agir rapidement. Les gros gains disparaissent, dans l’immobilier. A Miami, les prix sont divisés par deux.
* Vous pensez peut-être que ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres. Mais réfléchissez-y à deux fois. Alors que les acheteurs obtenaient des appartements à moitié prix, les propriétaires desdits appartements voyaient leurs actifs perdre 50% de leur valeur quasiment du jour au lendemain. Il y a une semaine, ils avaient peut-être un appartement valant 600 000 $. A présent, il ne vaut que 300 000 $ — et ça continue de baisser.
* Qu’est-il arrivé à ces 300 000 $ ? Ils ont disparu. Pouf. C’est ce qui constitue le "d" de déflation : l’argent d-isparaît. La richesse se d-issipe. Les valeurs d-éclinent. L’économie d-égénère. Les gens d-épriment.
** Pendant ce temps, les actions ont tenu le choc. Les investisseurs boursiers semblent penser qu’ils ont le "Bernanke put" entre les mains — une option qui les protégera éternellement contre les pertes ; si les actions commencent à baisser… Bernanke baissera simplement les taux.
* Mais Robert McAdie, chef du crédit chez Barclay’s Capital, a abordé le sujet jeudi dernier. Il a noté que même si la Fed baissait les taux, même si elle venait à la rescousse de quelques-uns des plus gros spéculateurs, il n’y a aucune garantie que l’argent se retrouverait entre les mains des gens qui en ont vraiment besoin. Une banque peut emprunter à la Fed — et aux taux fixés par la Fed — mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne sera pas imprudente avec cet argent. Les taux ont chuté après les baisses de la Fed la semaine dernière, mais les taux financiers de long terme ont en fait grimpé… et le fossé entre les taux de la Fed et les taux inter-bancaires des banques elles-mêmes est resté inchangé. Que se passe-t-il ? Les prêteurs sont toujours inquiets. Ils ont peur d’accorder de l’argent… et de ne pas le récupérer. Ils demandent donc un rendement un peu plus élevé, en guise de protection. En juillet, l’écart entre les obligations commerciales et le taux directeur de la Fed n’était que de quatre points de base. A présent, il est à 62.
* L’argent est moins cher, d’une manière générale, mais comme le dit McAdie :
* "L’argent bon marché est désormais chose du passé. On ne verra plus de gros leverage buyouts avant longtemps parce que le marché des obligations sur prêts ‘collatéralisés’, qui les finançait, est fermé, dans les faits".
* Oh là là… les propriétaires ne peuvent pas vendre leurs maisons. Et les brasseurs de Wall Street ne peuvent pas vendre leurs contrats. Comme c’est d-écevant. Comme c’est d-écourageant. La Bank of Montreal, par exemple, qui est le quatrième plus gros prêteur du Canada, a annoncé qu’elle ne pouvait se débarrasser de ses actifs basés sur le papier. Et le marché mondial des fusions-acquisitions a pris un coup de gourdin sur la tête. Après avoir atteint un record durant les six premiers mois de l’année, les accords ont décliné de 42% au troisième trimestre.
* Que peut faire un investisseur ? Sans les accords à gogo, comment les actions continueront-elles à grimper ? Sans hausse des prix de l’immobilier, comment les consommateurs pourront-ils continuer à dépenser ? Et sans dépenses de consommation (qui représentent 72% de l’économie US… jamais une économie n’avait autant dépendu de gens dépensant de l’argent qu’ils n’ont pas pour acheter des choses dont ils n’ont pas besoin), qu’est-ce qui empêchera l’économie américaine d’entrer en récession ?
* Nous n’en savons rien. Mais comme nous le font souvent remarquer nos lecteurs, il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas…