La Chronique Agora

Une drôle d'impression

** Depuis quelques jours que je suis à nouveau quotidiennement l’évolution des marchés, je n’arrivais pas à me débarrasser d’une drôle d’impression… d’un sentiment bizarre… que les choses n’étaient pas comme d’habitude. Et puis ce matin, j’ai compris : depuis quelques semaines, les marchés réagissent désormais à de vraies nouvelles économiques !

Au lieu de grimper au moindre "point-virgule de commentaire" publié par la Fed, au lieu d’avancer de 100 points pour une publication de chiffres "moins pires que prévu", au lieu de fuser simplement parce que "le coeur leur en dit" (ou de chuter à pic pour des raisons tout aussi irrationnelles), les cours semblent commencer à grimper — et refluer — en se basant sur des facteurs économiques bien réels. Le plomb de la récession serait-il en train d’entrer dans la cervelle des intervenants ?

** Prenez la journée d’hier, par exemple : le département américain du Travail a annoncé les derniers chiffres concernant l’indice des prix à la production. L’inflation continue de perdre du terrain, puisque l’indice a reculé de 2,8% en octobre — sa plus forte baisse depuis 1947, année où l’indice a été créé. C’est grâce à la baisse du pétrole et des matières premières : hors alimentation et énergie, que l’indice grimpe en fait de 0,4%, ce qui est là aussi un record… mais à la hausse, depuis 1989.

En tout cas, cette baisse historique, associée à des résultats d’entreprises meilleurs que prévu, a permis aux grandes places mondiales de terminer la séance de mardi dans le vert. Le CAC 40 a ainsi avancé de 1,11%, à 3 217,40 points. A Londres, le Footsie faisait encore mieux, avec +1,85%, mais à Francfort, l’humeur était plus timide avec +0,15% seulement.

Aux Etats-Unis, le Dow Jones a terminé sur un joli gain de 1,83%, à 8 424,75 points — le Nasdaq s’est montré moins enthousiaste, grimpant de 0,08% à 1 483,27 points. Enfin, le S&P 500 s’est adjugé près de 1% de hausse, pour clôturer à 859,09 points.

Notez que les Etats-Unis avaient une raison supplémentaire de se réjouir : leurs entrées nettes de capitaux ont en effet enregistré une hausse spectaculaire : 143,4 milliards de dollars pour le mois de septembre, à comparer à… 21,4 milliards en août — il s’agit là du meilleur chiffre enregistré depuis janvier 2006.

Ces bonnes dispositions survivront-elles aux dernières annonces concernant le marché immobilier américain ? En effet, les constructeurs américains n’ont vraiment pas le moral : en novembre, leur indice de confiance, tel que mesuré par la NAHB/Wells Fargo, a touché un plancher historique à neuf points seulement. On était à 14 en octobre, ce qui était déjà un plus bas record, et les experts s’attendaient à une relative stabilité.

"Un chiffre en-dessous de 50 signifie que les constructeurs jugeant les conditions négatives sont plus nombreux que ceux qui envisagent la situation avec optimisme", explique La Tribune ce matin." L’indice n’avait pas autant baissé en un seul mois depuis la chute de six points à 33 enregistrée en août 2006. Mais la raréfaction du crédit, les craintes persistantes sur l’emploi et la perspective d’une récession plombent le moral des constructeurs américains".

** Sur les autres marchés, le dollar continue de reprendre du poil de la bête : il a terminé la journée de mardi à 1,2584 pour un euro, contre 1,2648 la veille. Dans le même temps, l’or — en lequel nous plaçons plus de confiance, à long terme, que dans le dollar… — a lui aussi gagné du terrain : au second fixing de Londres, l’or cotait 738 $ — contre 734 $ à la même heure la veille.

Notons aussi une nette détente sur le marché obligataire américain : le rendement du T-Bond à dix ans s’est ainsi détendu de 11 points de base, à 3,53%.

Enfin, le pétrole continue sa baisse en dépit des annonces de l’OPEP — le baril de WTI est ainsi passé à 54,39 $ hier, contre 54,95 $ la veille.

Françoise Garteiser,
Paris

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