** Le rebond pourrait durer tout l’été ; ou pas.
* Lorsqu’on les a interrogés sur le rally de Wall Street, les participants à la dernière table ronde du magazine Barron’s avait divers points de vue sur sa vitesse et son ampleur. Mais tous étaient certains d’une chose : le pire est passé. Nous n’irons pas sous les planchers atteints en mars dernier.
* Cette reprise est réelle, pensent-ils… et il en va de même pour le marché haussier. Les investisseurs le croient. Les analystes le croient. Les économistes le croient aussi.
* Pourquoi pas ? Le Comité pour Sauver le Monde, deuxième édition, est sur le coup. Et deux de ses membres s’exprimaient hier dans le Washington Post. "Nous n’avons rien à craindre sinon la crainte elle-même", auraient-ils écrit si la réplique n’avait pas été déjà prise :
* "Comme toutes les crises financières, la crise actuelle est une crise de confiance et d’assurance. Rassurer le peuple américain sur le fait que notre système financier sera mieux contrôlé est essentiel pour notre reprise économique".
* "En restaurant la confiance dans notre système financier, les réformes de l’administration permettront au système financier de jouer son rôle le plus important : transformer les bénéfices et l’épargne des travailleurs en prêts qui aident les familles à acheter des maisons et des voitures, les parents à envoyer leurs enfants à l’université, et les entrepreneurs à développer leurs entreprises".
* Vous avez saisi, cher lecteur ? Le ralentissement n’a rien à avoir avec de mauvais investissements et de mauvaises entreprises… avec un excès de dette… ou encore avec le fait que trop de producteurs ont fabriqué trop de choses pour trop de gens qui ne peuvent les payer. Non, tout est dans la tête ! Et si l’on peut mettre en place des "réformes" qui laissent le public penser que tout va bien… eh bien… bon sang… tout IRA bien.
** Sauf que tout ne va pas bien. On peut raconter tous les bobards qu’on veut au public, General Motors n’est quand même pas une entreprise en pleine forme. Et les autres problèmes ne disparaîtront pas. Jusqu’à ce qu’ils soient éliminés, il n’y aura pas assez de revenus et d’épargne pour faire avancer l’économie. Quant aux petites ruses des autorités, elles ne font qu’aggraver la situation. Si le public dépense plus d’argent… il s’endette encore plus !
* Notre vieil ami Rick Ackerman n’a pas plus confiance en cette reprise que nous. C’est "comme la reprise de 1931", dit-il. Bien entendu, il n’y a pas eu de reprise en 31. Il n’y a eu qu’une hausse factice suivie d’une chute majeure en 1932. Le krach de 29 n’était qu’un début. Le Dow a atteint son sommet à 381 points en septembre 1929. Il s’est effondré en octobre… avant de rebondir durant les cinq mois qui suivirent. Au 17 avril, le rebond s’était épuisé, avec un Dow à 294. Là aussi, les gens pensaient que "le pire était passé" et que les initiatives de l’administration Hoover avaient remis l’économie sur les rails de la croissance et de la prospérité. Puis les actions reprirent le chemin de la baisse, et l’économie coula. Le 8 juillet 1932, le Dow était à 41 — son plus bas pour la Grande Dépression.
* Pourquoi l’histoire ne se répéterait-elle pas ? L’accumulation de dette durant la période 1990-2007 dépasse même celle des années 20. De nombreuses autres caractéristiques se ressemblent également — une immense expansion du commerce mondial… de nouvelles inventions… de l’innovation financière. Pourquoi est-ce que ce serait différent cette fois-ci ?