La Chronique Agora

Un nouveau plan de relance aux Etats-Unis… déjà ?

** "Les Etats-Unis commencent à envisager un nouveau plan de relance", disait la télévision irlandaise.

* Il faisait un temps pluvieux sur l’île d’Emeraude hier. Le vent soufflait. La pluie tombait. A 19h… il était temps d’aller boire un verre au pub. Les Irlandais savent occuper leurs soirées…

* "Bienvenue en Irlande", a déclaré le chauffeur de taxi à notre arrivée. "La météo estivale n’est-elle pas superbe ?"

* Le temps aurait pu passer pour un mauvais hiver dans le Maryland. Frais. Humide. Désagréable.

* "Qu’est-ce qui se passe avec le réchauffement climatique ?", demandait un collègue. "C’était censé rendre l’Irlande chaude et sèche…"

** Pendant ce temps, aux Etats-Unis… les gens se demandent ce qui est arrivé au plan de relance. Il était supposé relancer quelque chose.

* M. Geithner affirme que ça marche. Il déclare qu’il est "trop tôt" pour commencer à penser à un autre plan de relance. Mais chaque fois que nous ouvrons le journal, quelqu’un réclame plus de relance. Les choses vraiment importantes pour l’économie vont dans la mauvaise direction : l’emploi baisse. Les prix de l’immobilier baissent. Les prix à la consommation baissent aussi.

* Sur le site internet Naked Capitalism :

* "La reprise ne dépend pas des investisseurs. Elle dépend des consommateurs qui, après tout, représentent 70% de l’économie américaine. Et cette fois-ci, les consommateurs ont pris une belle raclée. Tant qu’ils ne se remettent pas à dépenser, on peut oublier la reprise, qu’elle soit en V ou en U".

"Le problème, c’est que les consommateurs ne commenceront pas à dépenser avant d’avoir de l’argent en poche et de se sentir relativement en sécurité. Or ils n’ont pas d’argent, et il est difficile de concevoir d’où cet argent proviendrait. Ils ne peuvent pas emprunter. Leurs maisons valent une fraction de ce qu’elles valaient avant ; ils peuvent donc dire adieu aux prêts hypothécaires et aux refinancements. Un propriétaire sur 10 est sous l’eau — avec des dettes dépassant la valeur de sa propriété. Le chômage continue de grimper, et le nombre d’heures travaillées continue de chuter. Ceux qui le peuvent épargnent. Ceux qui ne peuvent pas réduisent leur train de vie, comme ils le doivent".

* "Les consommateurs finiront par remplacer leurs voitures, appareils ménagers et autres choses qui s’usent, mais une reprise ne peut se bâtir sur des remplacements. Ne vous attendez pas à voir les entreprises investir beaucoup sans consommateurs désirant de nouvelles choses. Et ne comptez pas sur les exportations. L’économie mondiale se contracte".

* "Ma prédiction ? Pas un V, ni un U. Un X. Cette économie ne peut se remettre sur les rails parce que les rails que nous suivions depuis des années — avec des salaires stagnants ou en déclin, une hausse de la dette de consommation et une insécurité croissante, sans parler de l’augmentation de carbone dans l’atmosphère — ne peut simplement pas durer".

* "Le X marque une toute nouvelle voie — une nouvelle économie. A quoi ressemblera-t-elle ? Personne ne le sait. Tout ce que nous savons, c’est que l’économie actuelle ne peut pas ‘se remettre’ parce qu’elle ne peut pas retourner là où elle était avant le krach. Donc au lieu de demander quand la reprise commencera, nous devrions demander quand et comment la nouvelle économie débutera"…

* Nous n’avons pas pu déterminer qui a écrit le commentaire ci-dessus. Mais il nous semble raisonnable. Après une soirée passée à boire au pub… et de pieuses réflexions dans notre chambre d’hôtel… nous nous sommes réveillé d’humeur inquiète. Et si le commentateur ci-dessus avait raison ? Bon sang… et si NOUS avions raison ?

* La question la plus critique à laquelle l’investisseur est confronté aujourd’hui est de savoir s’il veut être écrasé par le marteau de la déflation… ou échouer sur l’enclume de l’inflation. Lorsqu’on nous posait la question "inflation ou déflation", nous avons toujours répondu "oui". Nous aurons les deux.

* Mais nous réalisons progressivement que nous aurons les deux en plus grande quantité que nous l’avions envisagé. A notre connaissance, il n’existe aucun cas d’assouplissement quantitatif (quantitative easing) réussi. Il ne semble fonctionner que lorsqu’il est appliqué avec excès — et il en résulte une hyperinflation catastrophique. Les autorités sont encore plus incompétentes que nous le soupçonnions. Elles essaient de déclencher une inflation modérée — de 4%, disons, voire 6%… ou même 8%. Mais elles ne sont pas très douées. Leurs efforts sont trop hésitants… elles s’inquiètent trop de savoir ce que diront les faucons anti-inflation. "Et si les Chinois se débarrassaient de leurs bons du Trésor américain ?" Holà, c’est trop affreux pour y penser… "mieux vaut se calmer avec l’assouplissement quantitatif".

* Les Chinois… qui ne sont pas freinés par de telles considérations — après tout, ce sont eux qui détiennent les bons du Trésor américain — ou par le bon sens… augmentent leur masse monétaire trois fois plus rapidement que les Etats-Unis.

* Les autorités américaines sont piégées entre le même marteau et la même enclume que le reste du monde. Soit les dirigeants sont pulvérisés par le marteau de l’hyperinflation… soit ils sont coincés sur l’enclume de la déflation. Tout comme les banquiers centraux et les ministres de Finances japonais. Ils pouvaient causer de l’inflation… mais le prix à payer était trop élevé. Ils prennent donc des demi-mesures… stimulant la masse monétaire de manière trop limitée pour compenser la déflation naturelle liée à une correction majeure.

* Evidemment, c’est ce qui nous fait craindre aussi l’hyperinflation. Il ne semble pas y avoir de canal sûr entre Charybde et Scylla. S’ils veulent causer de l’inflation… ils doivent vraiment gonfler la masse monétaire. Non de 9% par an… mais peut-être de 900%. Nous ne savons pas ce qu’il faudra pour y parvenir — eux non plus. Tout ce que nous savons, c’est que ce qu’ils font maintenant ne fonctionne pas. Les prix chutent, ils ne grimpent pas. Les prix des obligations augmentent — signe que le consensus est d’avis que l’inflation n’est pas un problème. Et les étrangers — notamment les Chinois — augmentent leurs réserves de dette du Trésor américain.

* Alors, cher lecteur, que devez-vous faire ? L’inflation pourrait mettre bien plus longtemps à arriver que la plupart des gens le pensent. Une économie morose, déclinante, monotone — comme le temps en Irlande — pourrait régner pendant des années. Le dollar pourrait grimper… l’or pourrait baisser… pendant de nombreuses lunes.

* Etes-vous préparé à prendre votre mal en patience ? Nous vous laissons méditer sur la question…

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